Vendredi 3 novembre 19h30 – Salle Frantz Fanon – Tropiques-Atrium
Siméline Rangon est une figure du Bèlè. Longtemps elle a été l’une des rares chanteuse de Bèlè samaritain. Dans les années 90, elle chante sur l’album du groupe Bel Alians, dirigé par Etienne Jean-Baptiste. Il lui rend hommage 15 après son départ au « pays sans chapeau ».
Tiéno Muntu (Etienne Jean-Baptiste) nous propose une amorce d’Anthologie bèlè, une philosophie esthétique fondatrice de l’art en Martinique pour signifier notre être. Il y privilégie l’ancestralité, le génie propre comme science musicale de l’invention : sentiment musical Bèlè.
On approfondit le « soi » comme apport du divers. Il nous fera évoluer au départ des formes originelles du Bèlè, de la vwa égal tanbou, aux instruments actuels ou formes conventionnelles de la scène musicale.
Tiéno Muntu accompagné de ses béléïsants livrent en partage l’émotion d’une expérience humaine du dépassement par la création sur l’instant. Au programme Mizik bèlè, Welto, Modernité de l’Art Bèlè, Harmonie du chaos, Ancestralité, In mémorial 15 ans.
Electronic Pan, Pan, Tambour bèlè, Trombone, Chant : Tiéno Muntu (Étienne Jean-Baptiste)
Batterie, Tambour bèlè : Marco Ambroise
Basse électrique : Brice Bapté
Invités :
Chant lead, Tambour bèlè, Danse : Siméline Nabdja
Conte, Chant, Chœur, Tambour bèlè : Vaïty
Chant, Chœur, Tambour bèlè : Artana
Chant, Chœur, Tambour bèlè : Guylaine Plésel
Chant, Chœur, Tambour bèlè : Hélène Jean-Charles
Djing, Tambour bèlè: Dj Noss
Direction artistique : Siméline Nabdja
Scénographie : Léna Blou
Création plastique : Billancoo Olivier
Son : Gilles Pastel
Lumière : José Cloquell
Régie : Jean-Claude Banis
Production exécutive : Fred Jean-Baptiste
After concert soirée bèlè sur l’esplanade : La Koordinasion bèlè
Béliaé Siméline Rangon !
Tarif D 25€ 20€ 8€
Un hommage à nos femmes, piliers de la tradition : Mme Siméline Rangon, la Malfanm.
Le mot créole Malfanm définit généralement une femme puissante et prospère. Si l’on regarde attentivement le mot, on remarque le préfixe mal, qui pourrait se traduire par mâle et la racine fanm, qui signifie femme. On peut donc dire qu’une malfanm ou une « malewoman » est quelqu’un qui a réussi dans un domaine dominé par les hommes, et c’est exactement ce qu’a fait Mme Siméline Rangon.
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Aujourd’hui, nous vous emmenons en Martinique où la voix de feu Siméline Rangon persiste encore dans le swaré Bèlè. Siméline Rangon, est la seule femme à porter le titre de Maître du Bèlè. Pleines d’esprit et créatives, ses chansons sont des commentaires sociaux, remplis de double sens, à partir desquels on peut retracer des événements historiques majeurs ainsi que des potins locaux. Parallèlement à ses compositions, Siméline maîtrise véritablement le répertoire traditionnel et nous le transmet avec un style qui lui est propre.
Mme Siméline Rangon est née en 1925 à Reculée, un quartier très verdoyant de Ste Marie en Martinique. Malgré le fait que le Bèlè et ses pratiquants avaient à l’époque une très mauvaise réputation (consultez notre article sur le Bèlè ici) la famille de Siméline ne s’est pas opposée à sa forte implication dans la rond bèlè. En effet, même si Siméline était une danseuse remarquable, des problèmes de santé l’empêchaient d’exécuter les pas physiquement exigeants de la danse Bèlè. Pourtant, Siméline n’abandonne pas et dès l’âge de 12 ans, elle fait ses débuts dans le chant solo Bèlè.
Comme nous l’avons dit précédemment, on ne s’attend pas à ce que les femmes soient des chanteuses principales et, même aujourd’hui, les hommes sont encore largement plus nombreux que les femmes dans ce rôle. Les fonctions à La rond Bèlè sont encore très fixées par le genre et certains, en ce siècle, sont encore très horrifiés de voir des femmes batteuses. Par conséquent, pour une adolescente des années 1930, avoir eu l’opportunité et l’audace d’entrer dans ce cercle en tant que chanteuse principale – surtout à une époque où le Bèlè n’était pas considéré comme un aspect précieux de la culture martiniquaise – est vraiment déroutant. Cela en dit long sur le caractère de Siméline Rangon et sur la nature toujours changeante et accommodante de Bèlè.
Si l’on sait qu’elle a réussi dans cette voie qu’elle avait choisie, son parcours de chanteuse principale et les défis qu’elle a pu relever nous sont inconnus. Nous pouvons appeler les aînés à raviver leur mémoire et à nous raconter son histoire, mais pour l’instant nous garderons le silence sur sa vie et écouterons sa voix. Ce qui est sûr et ce que l’on célèbre aujourd’hui, c’est que Mme Siméline Rangon était une Malfan, une chanteuse reconnue, respectée aussi bien des hommes que des femmes. Son génie musical était reconnu dans le pays et à l’étranger, tandis que les universitaires la comparaient aux aoidos, les poètes épiques oraux de la Grèce antique. Elle a ouvert la voie aux chanteuses d’aujourd’hui et a maintenu notre tradition vivante à sa manière et contre vents et marées.
Amie, épouse, sœur et Maîtresse du Bèlè, Mme Rangon a rejoint les ancêtres le 3 novembre 2008, mais son héritage perdure. Man Sim, Zil’oka est très fier d’ouvrir cette série avec toi. Lonèèkrèspé.
par Nathalie Montlouis
https://ziloka.wordpress.com/2013/03/05/a-tribute-to-our-women-pillars-of-tradition-mrs-simeline-rangon-the-malfanm/