— Par Lucien Cidalise-Montaise —
Noir, la couleur qui tue!
« Croyant éphémère « .Chaque fois que l’actualité cible un événement meurtrier ou simplement malheureux survenu à un être humain, à des êtres humains, je suis touché, peiné, révolté. Ce contrat à durée déterminée que j’ai passé avec la petite Histoire me permet de « zapper » avec elle. Passer d’une religion à une autre sans préjuger de la meilleure. Toutes prétendent qu’elles le sont et se font la guerre par États interposés, quelque fois camouflés. Tous ces gens, musulmans, chrétiens, juifs, hindouistes… parlent toujours de Dieu sans trop s’encombrer des ravages provoqués par cette soumission primaire. Le désir qu’ils ont d’approcher et d’atteindre le « Royaume de Dieu » est si intense qu’ils s’entre-tuent pour en avoir la primeur. Etre, en effet, les premiers à bénéficier de cette Grâce et à en être les seuls. D’où l’impudence, l’intolérance, le racisme et pour finir le fanatisme. D’où le sang qui coule en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, aux USA…
J’en ai assez d’être Noir pour les uns. J’en ai marre d’être Nègre pour les autres. J’ai des pleurs à vendre, des gémissements à faire entendre. Du dégoût à clamer et de la haine à me faire pardonner. Contraint d’accepter cette réalité. Les cibles meurtrières du Racisme sont toujours les mêmes. Celles dont la couleur de la peau est différente de celle de ceux qui dirigent notre Monde. J’ai pourtant toujours accepté et assumé de porter cette couleur comme un lien qui me rattache aux autres et d’en être fier, au point d’avoir comme une cloche d’angélus une affligeante sensation de mourir en détail chaque fois qu’un homme, une femme, un vieillard, un enfant appelé Noirs ou Nègres sont assassinés, attirant inexorablement la balle raciste, fatale, aveugle, inhumaine. J’en ai assez d’être la cible virtuelle et permanente d’attentats de toutes sortes perpétrés au nom d’une couleur. J’en ai assez d’être uni à ceux qui meurent et qui me ressemblent tant. J’en ai assez de res sentir horrifié le souffle des balles qui tuent. Aux antipodes. Partout où se trouvent des cheveux crépus, des muscles tatoués, des lèvres ciselées, des narines en bonne santé, des courbures en S, des pieds qui dansent, mais des regards qui naissent déjà sans vie. Partout Tel était le jeune Brown, américain ordinaire. Non! Américain noir traînant avec lui des siècles de préjugés, d’arrogance et d’exploitation
Quelle conscience se réveille dans lemonde ?
J’en ai assez que ma couleur de peau me stigmatise au point qu’en parlant de moi, on dise le Noir! et non l’Homme! Le Black, expression refuge, toute aussi détestable, flétrie, relève du folklore. Ce qui absout, disculpe le crime, l’exploitation, la condescendance chez ceux qui se nourrissent avec morgue de ces « vérités » filles de l’obscurantisme, donc de l’insondable.
Resté étendu au sol plus de trois heures, au soleil, la peau de Brown est restée noire!
Son sang est resté rouge avec six balles dans la tête, tirées à bout portant, alors qu’il était sans arme! Ce débat sur ce crime sauvage perpétré de sang-froid nous pousse à nous interroger sur une banale réflexion désobligeante persiflée par la presse dite mondiale. « Ce n’était pas un ange! » . On se pose la question « Si le monde n’était habité que par des anges, comment saurait-on qu’ils le sont tous ? » .
Il n’y a pas de mauvaise conscience chez les racistes, il n’y a simplement que des gens sans sens moral et sans conscience. Lorsque J-M. Le Pen estime que le virus Ebola qui sévit là où il y a des nègres « rend service à l’Europe » . Quelle conscience se réveille dans le monde, condamne et agit ? Comment ne pas comprendre, tout en critiquant le geste inconscient puisque dangereux de celles qui se blondissent en transformant leurs lèvres, leurs cheveux, leur couleur de peau… même leur accent sinon leur mentalité, avec la volonté hypocrite et utopique de se rapprocher de l’image artificielle de la femme que l’argent développe dans nos pays respectifs. Se jugeant trop noires, elles s’évertuent copieusement et maladroitement à se conformer aux normes occidentales rabâchées quotidiennement par nos médias.
« Fuyez ce que vous êtes. Devenez ce que nous sommes. Donnez l’illusion et vous serez sauvés. Soyez racistes! » Voilà les messages miséricordieux et subliminaux de ceux qui diffusent leur civilisation à notre jeunesse. Le monde niais et aveugle pense pouvoir ainsi échapper à cette vision meurtrière développée chez les racistes face à la couleur et à la race noires. Hallucinations entretenues depuis des siècles par toutes sortes de religions et tous les pouvoirs.
Le Nègre est proche du Diable et il habite le Noir!
Les Espagnols lors de leur sanglante colonisation au nom de Dieu en Amérique, ne mettaient-ils pas en avant les « soldats » esclaves Noirs en faisant comprendre aux Indiens qu’ils étaient les envoyés du Diable ? « Donnez l’illusion et vous serez sauvé! Soyez racistes! » . Souci de survivance ? Peut-être ? Moyen odieux et infantile de passer sur l’autre rive et aussi de survivre ?
Avoir l’apparence nécessaire pour ceux qui veulent grimper à l’échelle de la société martiniquaise toujours très proche de celle de l’Habitation. Nous pensons aussi qu’il s’agit pour cette génération d’hommes et de femmes irresponsables de refuser de se retrouver aux enfers (sic) avec toutes les victimes noires et innocentes de ce crime contre l’Humanité.
Connaissez-vous l’Histoire de l’Homme qui apprend qu’il est Noir en vivant une histoire d’Amour avec une Blanche ? et qu’il est Nègre en s’étonnant des dimensions de sa cellule en prison!
Brown n’avait que 18 ans. Il n’a pas eu le temps de faire ces découvertes.
Lucien Cidalise-Montaise Hommage à Michael Brown : Américain, jeune, Noir et mort