— Par Edouard Ancet —
A Henri Melon
Cher Henri,
A hauteur de notre proche amitié et également sous le signe de « Raconte-moi ta Commune », associant ma voix à celles de Philippe CUPIT et Daniel BERTE, j’ai plaisir à te présenter très brièvement… (parce que ce soir, nécessité fait loi.)
Nous sommes heureux de te voir honoré en ton Saint-Esprit même, en qualité d’Invité de la présente édition de « Rencontres pour le lendemain ».
En Acte I, notre Martinique
Tu y vois le jour en 1935, « route du François, à Saint-Esprit, Antilles Françaises, colonie de la Martinique »…
Ainsi parla ton Ainé Alfred, dont cette toute neuve Maison Culturelle perpétue la mémoire. Tu enjambes avec succès tes scolarités spiritaines et lycéennes, couronnées en 1954 par ton succès au baccalauréat de Sciences Expérimentales.
En 1957, tu as 22 ans et, toujours dans le parfait sillage du Grand Frère, du prends le bateau pour la France.
En Acte II, à nous deux la France.
A ta bonne installation en tant que surveillant de lycée à Versailles, à la bonne conduite et au succès de ta licence de lettres modernes effectuée à La Sorbonne,s’associent des activités littéraires et culturelles dont principalement le théâtre que tu aimes bien pour avoir été un abonné fidèle, attentif, parfois critique lors des tournées martiniquaises de la Compagnie Jean Gosselin. Le Théâtre, parce que également tu fais connaissance et lies amitié avec deux condisciples étudiants avertis qui deviendront célèbres : Ariane MNOUCHKINE et Philippe LEOTARD.
Dans ce contexte, 1964 crée l’événement : « La tragédie du Roi Christophe » œuvre maîtresse des tragédies de la Colonisation écrites par Aimé CESAIRE est créée par le grand metteur en scène de l’époque : Jean-Marie SERREAU.
Tu es à l’affiche de la première représentation effectuée le 4 avril 1964 à SALZBURG, ville autrichienne internationalement réputée pour son célèbre festival d’été consacré à son fils prodigieux Wolfgang Amadeus MOZART, festival dont le grand organisateur et Directeur n’est autre que Herbert Von KARAJAN, salzbourgeois également, chef d’orchestre mondialement connu.
Le succès de la pièce est immense. Non sans difficultés, elle est présentée à Paris plusieurs fois, au théâtre de l’Odéon, dans des grandes capitales européennes, à Dakar, en avril 1966, lors du Festival Mondial des Arts Nègres, et bien sûr en Martinique en 1976. Bravo Henri , avec un i , celui d’avant la royauté de CHRISTOPHE.
Acte III, c’est le retour au Pays Natal en 1967
Une nouvelle conscience du Monde de l’après guerre à laquelle notre Martinique n’échappe pas, s’impose.
Notre Théâtre dans son Ecriture et son Oraliture, à l’heure césairienne devra se constituer en « Arme Miraculeuse » pour l’émancipation de l’Homme Martiniquais par la Culture.
Une idée qui t’habite , Henri , dès ta rencontre en 1964 avec Jean-Marie SERREAU qui dirige la compagnie du TOUCAN.
Ainsi, en 1968, il y a donc 49 ans, tu crées le Théâtre de Floréal, au sein de la M.J.C. éponyme. Autour de toi, une équipe co-fondatrice et militante qu’il faut citer : Miriane MELON ton épouse, Charlette BERNABE, Colette KNEUR, Roland ROSEMAIN, Raymond EGOUY, feu José PIERRE-NICOLAS. Certains sont avec nous, je les salue avec plaisir.
En 1973, officialisée, elle s’appellera le Théâtre Populaire Martiniquais (TPM) et s’inscrira dans notre Paysage Théâtral aux côtés des troupes de Maurice JALLIER, DE Georges MAUVOIS, de l’OMDAC et du SERMAC.
En outre, tes fonctions d’enseignant au sein du nouveau Centre de Formation pédagogique de la Pointe des Nègres, aux côtés d’Emile EADIE, constituent un atout d’opportunité didactique féconde .
A l’instar de 1964 avec J.M. SERREAU et la compagnie du TOUCAN, en 1983, presque 20 ans après, c’est de nouveau l’événement. Euzhan PALCY vient d’adapter à l’écran le roman biographique de Joseph ZOBEL « La rue Case Nègres ».
Le film « Rue Case Nègres », sa première œuvre , est saluée unanimement par la critique et remporte encore actuellement de nombreux prix. Pour M.ROC, l’instituteur, dont tu tiens le rôle « L’instruction est la clef qui ouvre la seconde porte de la Liberté », tout comme affirmera le Pr Bertène JUMINER, ancien recteur : « l’Ecole est le pain des gens sans terre ».
En ces jours émérites , ta moisson est belle .
C’est celle d’une vie pionnière et engagée forte de joies et de peines, de bonheur et douleurs
Ô douleur de cette soudaine nuit du deuil
. Une vie militante de courage , de dignité , de vérité , hors de toute soumission
. Une vie amoureuse de l’art au bénéfice de l’Homme d’ici et de partout
. Une vie porteuse d’enseignement et de réflexion pour demain ….
C’est la visée de tes deux ouvrages THELUCIA et CONFESSION de THELUCIA de franche portée philosophique ainsi que celle de ta dernière publication » CHAPEAU pour notre ÉPOQUE – MI LEPOK PAPA » , excellent GRIF AN TÈ , salut et témoignage de reconnaissance à Aimé CESAIRE en terminaison de la 40 ème édition du festival culturel de Fort de France en 2011.
Merci Henri et place au salut de l’amical GRIOT , Daniel BERTÉ .
EDOUARD ANCET ( 21 Mars 2017 ). Le Saint Esprit.