— Par Cécile BERTIN-ELISABETH, Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université des Antilles —
Femmes et hommes de Martinique, des Antilles et du monde, bonsoir.
Nous avons la chance d’être réunis ce soir pour honorer un grand homme. Il y a des moments d’oubli, des moments de balbutiements de l’histoire et il y a, heureusement, des moments de remerciement et d’hommage.
En tant que Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, je suis doublement honorée d’être présente puisque la mission d’une UFR (Unité de Formation et de Recherche) est justement de faire connaître d’un point de vue scientifique et donc de rendre hommage, sans mythification ni mystification, nos grands hommes. Nous avons la chance de pouvoir le faire ce soir dans la plus grande collégialité et dans le plus grand respect.
Nous sommes réunis grâce à Mélange Caraïbe que je tiens à remercier chaleureusement. Nous sommes ainsi ce soir à la croisée des chemins, une croisée entre LITTERATURE, CULTURE ET HISTOIRE, une croisée qui nous permet de parler d’un polygraphe, certes qui préfère le théâtre, mais polygraphe assurément, qui nous a permis en alliant le français et le créole, à l’instar de Gilbert Gratiant, de mieux être nous-mêmes et de mieux connaître notre histoire.
Croisée donc entre MEMOIRE ET HISTOIRE ; mémoire d’un vécu, souvent difficile, d’un parcours de militant.
HISTOIRE qui n’est que construction et souvent reconstruction, histoire souvent construite par d’autres que nous-mêmes et donc histoire à reconstruire, histoire en cours de reconstruction grâce à ces grands hommes et femmes de la littérature comme Georges Mauvois qui a d’ailleurs un nom programmatique. Car, histoire de ceux qui donnent de la voix et qui le font avec des mots. Je crois que l’on ne peut pas le faire mieux qu’en s’appelant MOTS/VOIX//MAUVOIS…
Avant d’être Doyen, je suis professeur des universités en espagnol et je suis de ce fait très touchée par l’utilisation de l’histoire liée au monde hispanique qui est faite dans l’œuvre de Georges Mauvois. Je me permettrai alors de citer un auteur vénézuélien, selon moi fondamental, un auteur peu connu malheureusement qui s’appelle : Enrique Bernardo Núñez et qui, depuis les années 30-40, avait affirmé : « Un peuple sans annales, sans mémoire du passé, est déjà comme mort ».
Il nous faut des Georges Mauvois pour nous donner les annales qui nous manquent, pour les écrire, que ce soit sous la forme du théâtre, du roman ou de la poésie.
Il nous faut de tels engagements pour savoir qui nous sommes, Insulaires, Martiniquais, Antillais, Caribéens, hommes et femmes du monde.
Il nous faut écouter les mots de Georges Mauvois, notamment ceux du poème « Fatuité », tiré de son recueil poétique Insulaires : « je veux connaître à tout prix mes racines, savoir ce que jadis ont vécu mes ancêtres ».
Suivons donc les injonctions de Georges Mauvois qui n’arrête pas d’ailleurs d’écrire comme le montre son dernier texte Le Merisier. Suivons-le, entre MEMOIRE et HISTOIRE, pour nous retrouver nous-mêmes.
MERCI Monsieur Mauvois.
NDLR : Allocution prononcée le 23 février 2017 à Madiana lors de l’hommage rendu à Georges Mauvois