— Par Térèz Léotin —
À travers son ouvrage, l’auteure Yvette FARRAUDIÈRE nous relate l’histoire de l’école à la Martinique. Cette institution qui a formé à la lecture, l’écriture et au calcul, les citoyens que nos ancêtres et nous sommes devenus. L’histoire de l’école, en Martinique nous est ici retransmise, sous l’angle de ceux qui « font l’école », comme on aimait à le dire, comprendre le maitre d’école.
Si une chanson connue, reprend à son compte une tradition qui persiste à nous faire croire que Charlemagne aurait inventé l’école, il n’en est rien, pas plus en France qu’en Martinique.
Souvenons-nous, avec l’auteure du contexte particulier, ce contexte colonial où seuls les Blancs disposaient de la liberté d’instruire leurs enfants et dans lequel nos ancêtres étaient esclavagés.
Les premiers maitres d’école des enfants de colons, souvent étaient des particuliers arrivés de la métropole vers les colonies et qui ne possédaient pas toujours les compétences requises pour enseigner, d’où la décision en 1684 « du gouverneur Blénac, d’exercer un contrôle par l’intermédiaire des jésuites et des curés » sur l’enseignement divulgué. Les Blancs créoles étaient favorisés mais n’avaient pas tous « la même possibilité d’aller compléter leur instruction en métropole ». Les gens de couleur libres, eux, subissaient les aléas du préjugé racial. Les Noirs étaient destinés à l’habitation, ses champs, ses misères et sous-considération.
Yvette FARRAUDIÈRE souligne qu’à l’époque « deux types d’école existent, des petites écoles et des institutions ou pensionnats et qu’on les appelle toutes des écoles privées. » Elle nous rappelle que « L’Édit de mars ou code Noir de 1685, exigeait aux maitres de donner une instruction religieuse aux jeunes esclaves. » Cette injonction sera très peu suivie, cependant, quelques esclaves apprendront à lire par le truchement « du catéchisme ou grâce à leur voyage en Métropole. »
« La question coloniale va se poser au cours de dix ans de révolution en France et amener la première abolition de l’esclavage par la Convention en 1794. L’esclavage sera rétabli par Napoléon en 1804. » Les colons ne voulant pas perdre leurs avantages « refusent tout changement à l’égard de la population servile. ».
D’où la décision du gouvernement français, en 1837, d’ouvrir des écoles publiques aux Antilles, destinées aux enfants de la population libre. L’institut des Frères de l’Instruction chrétienne (des Frères de Ploërmel), fondé en France par Jean- Marie ROBERT de la MENNAIS est sollicité pour tenir des écoles de garçons, et la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny pour les écoles de filles.
Le décret de 1848 qui abolit l’esclavage est accompagné d’un plan de scolarisation au profit des nouveaux libres qui ne peut s’appliquer, faute de moyens, puis, à cause de la politique réactionnaire du Second Empire, illustrée en Martinique par le gouverneur de GUEYDON.
L’avènement de la Troisième République provoque en Martinique des modifications importantes :
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Changement politique au Conseil Général qui amène au pouvoir de jeunes républicains radicaux ;
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Départ des Frères de Ploërmel remplacés par des maîtres laïcs encadrés par des instituteurs métropolitains en 1881, et substitution des maîtresses religieuses par des institutrices laïques en 1884.
L’éruption de la Montagne Pelée en 1902 a renforcé le caractère « créole » du corps enseignant martiniquais qui se féminise progressivement.
C’est ainsi que dans l’ouvrage d’Yvette FARRAUDIÈRE nous voyons, de documents en documents, de statistiques en statistiques, l’école évoluer, se démocratiser en s’installant dans la société, les bourgs, les communes et hameaux de la Martinique.
L’histoire vraie de nos maitres d‘écoles, instituteurs suppléants, titulaires ou normaliens nous est, jusqu’à nos jours, rapportée
Cet ouvrage a valeur de document à garder dans nos archives, nous vous invitons vivement à continuer la lecture fort intéressante qu’ensemble, nous avons ici entamée.
Recueil à lire et faire connaitre absolument
Térèz Léotin
Yvette Farraudière,
Histoire de l’école en Martinique
Nos maîtres d’école
Série Études ANTILLES
L’Harmattan, 348 pages