La fessée a longtemps été utilisée pour punir les agissements considérés comme inacceptables, qu’il s’agisse des erreurs de conduite des enfants ou des adultes jugés par leurs parents ou leurs supérieurs hiérarchiques. S’agissant des enfants, les ethnologues nous apprennent que dans les sociétés humaines primitives, ils étaient d’autant plus battus que ces sociétés étaient plus guerrières (Montagu, Prescot). La fessée des enfants semble être un acquis culturel qui, s’il s’est développé parallèlement à d’autres violences telles que les rites d’initiation ou les sacrifices, a fait une carrière beaucoup plus longue.
La Bible évoque maintes fois ce sujet mais de façons quelque peu contradictoires, ainsi dans l’Ecclésiastique on peut lire « celui qui aime son fils lui donne souvent le fouet » mais dans « Les Proverbes » on note « un reproche fait plus d’effet à un homme intelligent que cent coups à un sot ».
N’oublions pas qu’à cette époque, le pater familias romain pouvait mettre à mort son fils sans avoir à fournir aucune justification, les peines se déclinant pour les adultes en crucifixion, noyade, pendaison, bûcher, jetée aux loups…, mœurs qui ne s’adoucirent qu’au début de l’ère chrétienne : la fessée fait pâle figure auprès de ces violences punitives ! Mais si on évoque les bastonnades « cul nu » reçues en public dans de grandes cérémonies punitives telles qu’elles étaient pratiquées en France mais aussi en Italie, en Russie[réf. nécessaire] et certainement ailleurs, ces punitions n’étaient pas si légères.
Au Moyen Âge, en France, on note un adoucissement progressif des mœurs et les amendes remplacent souvent les punitions physiques pour ceux qui sont en mesure de les payer, à l’école comme en justice pénale! Tandis qu’à la maison le fouet reste toléré.
Mais à la Renaissance, le système éducatif se durcit et instaure une discipline de plus en plus sévère et les fessées au fouet ou à la férule vont à nouveau remplacer les amendes. On voit apparaître des « fesseurs » dans les institutions religieuses et en droit pénal, une grande majorité des délits sont alors punis par le fouet dont le nombre de coups est proportionnel à la faute commise.
Puis sous l’influence des philosophes du siècle des Lumières, on remplace peu à peu les peines physiques par la prison pour les adultes, tandis qu’une grande latitude est laissée aux parents et aux maîtres pour fesser les enfants. L’emploi de la férule pour fesser sera longtemps encore maintenu, surtout dans les institutions religieuses.
Le 6 janvier 1881, un règlement vient interdire les punitions corporelles dans les écoles et une loi institue en 1889 la notion de « déchéance paternelle » en cas de trop mauvais traitements des enfants, loi suivie en 1898 par l’autorisation donnée aux juges de placer ces enfants à l’Assistance publique.
Mais c’est à cette époque qu’en Allemagne le Docteur Schreiber8 prescrit dans ses écrits sa fameuse « Pédagogie Noire » qui visait, par des fessées très tôt administrées, à « diriger l’enfant d’un seul regard ». Son fils ainé est devenu fou, l’autre s’est suicidé mais le livre du père s’est énormément vendu dans toute l’Europe.
Un « droit de correction paternel » avait été institué en France en 1803 par Napoléon. Ce vocable prête à confusion car ce droit n’était pas un droit de fesser qui allait de soi à cette époque, mais le droit de faire interner son enfant, sans avoir à en justifier les raisons, dans une « maison de correction » véritable système pénitentiaire. Ce droit fut aboli en 1935.
Parallèlement se développait en Angleterre (Gibson) une véritable « flagellomanie » qui eut son apogée dans la période victorienne mais qui a persisté longtemps après. La bonne société faisait fesser ses enfants par des personnes rétribuées pour ce faire, et dans les écoles les fessées dénudées étaient données en public deux ou trois fois par semaine. En 1986, les punitions corporelles sont interdites dans les écoles publiques, puis en 1999 dans les écoles privées.
Ai fil des temps, quelques penseurs s’étaient prononcés pour un usage régulier de la fessée tels qu’Aristote ou Platon. Mais ils furent nettement plus nombreux à s’élever contre cet usage, mettant la fessée vertement en accusation : Homère, Eschyle, Plutarque, Montaigne, Erasme, La Fontaine, Joubert, Rousseau, Voltaire, Pascal, Buffon, George Sand, Victor Hugo, Nietzsche qui tous se déclarèrent successivement hostiles aux punitions corporelles[réf. nécessaire].
Si la fessée reste dans un grand nombre de pays la punition utilisée couramment envers les adultes et parfois avec beaucoup de violence, en France, les punitions corporelles furent peu à peu interdites dans les entreprises, les prisons, l’armée, les écoles : elles ne sont plus tolérées que dans la famille, par les adultes sur les enfants.
Mais depuis la fin du XXe siècle, on a vu se multiplier les recherches scientifiques émanant de toutes les contrées du monde, recherches qui ont permis d’apporter des réponses sérieuses à la question longtemps controversée de l’utilité de la fessée : peu à peu on a ainsi pu établir combien la fessée dite « éducative » était en fait à long terme nocive pour les enfants, malgré les quelques bénéfices immédiats sur l’obéissance qui ont contribué à maintenir son usage.
Prenant appui sur l’ensemble de ces travaux, l’OMS prenait parti en 2002 contre l’usage des punitions corporelles, concluant sans ambigüité qu’elles étaient nocives pour le développement des enfants : elle en faisait alors un « problème de santé publique ». Le Conseil de l’Europe12 lui emboitait aussitôt le pas qui engageait dès lors à interdire « même les petites fessées », suivi par l’Unicef en 2003 et l’ONU13 en 2006. Tous les grands organismes internationaux sont donc unanimes pour affirmer qu’il faut arrêter d’utiliser les fessées pour élever les enfants, arguant de plus qu’on ne peut pas espérer agir sur la violence si on ne peut pratiquer la non-violence dans le quotidien des familles.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fess%C3%A9e
La fessée a-t-elle une valeur éducative ?
Par Gaëlle Dupont
Le Conseil de l’Europe, l’organisme européen de défense des droits de l’homme, estime que la législation française « ne prévoit pas d’interdiction suffisamment claire, contraignante et précise des châtiments corporels ». La condamnation, attendue mercredi 4 mars, est seulement symbolique : elle n’a pas de force contraignante. Et le gouvernement a déjà exclu toute évolution de la loi. Mais elle relance un débat très vif en France : gifles et fessées sont-elles utiles pour éduquer les enfants, ou au contraire dangereuses ? De nombreux spécialistes de l’enfance se sont déjà exprimés sur ce sujet. Rares sont ceux qui préconisent leur utilisation…
Ce qu’en disent les partisans d’une interdiction
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La plupart des pédopsychiatres sont hostiles aux fessées
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Certains sont plus nuancés
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Ce qu’en disent les chercheurs
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Par quoi remplacer les coups ?
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Faut-il légiférer ?
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