Hélas, hélas, hélas : la Guadeloupe peyi mêlé et la Martinique peyi mawé : alors il va falloir durcir le ton !

— Par Jean-Marie Nol —

L’origine de « Hélas, trois fois hélas ! », est ancienne.C’est vieux comme tout. Ces mots figurent dans un sonnet de Ronsard sur la mort du roi Charles IX (« Comme une belle fleur… ») qu’on trouve sur Google livres, mais le dictionnaire Littré cite une traduction de la Bible : « Alors le roi d’Israël dit : hélas, hélas, hélas ! au moment de la perte de son royaume et de l’exil des juifs ». Mais pour les guadeloupéens et surtout martiniquais c’est surtout le souvenir du refrain d’une chanson martiniquaise empreinte de tristesse.C’est à notre avis une exclamation qui exprime l’étonnement, la colère, la douleur et j’ai l’impression que le « hélas, trois fois hélas » peut rendre compte dans le contexte actuel de déliquescence de cette exclamation dans certains cas comme dans le combat inachevé contre la vie chère et vraisemblablement les errements et dérives des organisations syndicales en Guadeloupe. Il convient aujourd’hui de revisiter l’analyse du livre fameux de Clausewitz, intitulé « De la guerre ». L’idée clé du stratège prussien qui est ainsi mise en exergue, est celle de « montée aux extrêmes ». une montée aux extrêmes dans les luttes sociales et identitaires qui ont lieu ici dans nos pays de Guadeloupe et Martinique. Une lutte de classe réinventée où les parties prenantes s’accusent mutuellement de violences, des violences d’ailleurs bien réelles aussi bien d’un côté que de l’autre et qui servent aux uns et aux autres d’alibis ; une montée aux extrêmes en politique avec la désagrégation de l’ordre bipolaire droite /gauche et l’existence de forces extrêmes dont l’accession au pouvoir en France hexagonale semblait hier impossible, aujourd’hui envisageable. Aujourd’hui le risque d’émergence d’un régime autoritaire en France hexagonale devient de plus en plus prégnant. Lorsque ce sentiment se renforce et spécialement dans le cadre des évènements et services les plus significatifs de l’idée d’un pouvoir faible de la puissance publique, une dangereuse rupture s’installe avec le risque d’émergence d’un régime autoritaire. A force de couacs et de reculades, le pouvoir politique qui se caractérise aujourd’hui par une grande faiblesse s’enferre dans une crise de défiance d’autorité majeure qui inquiète les guadeloupéens et martiniquais.La décennie passée a laissé des empreintes profondes et durables sur les sociétés guadeloupéenne et martiniquaise, où des bouleversements culturels et sociétaux ont engendré des défis persistants. En effet, la remise en cause des valeurs et des normes traditionnelles a eu des répercussions dramatiques : un glissement de certains jeunes de plus en plus nombreux vers la violence, une fragilisation des rapports familiaux, une explosion des divorces, et une méfiance croissante vis-à-vis des institutions locales et étatiques. Ces transformations témoignent d’une fracture sociale qui se manifeste par un désengagement vis-à-vis de la démocratie, nourri par la déception quant aux solutions proposées par le vote. La montée régulière de l’abstentionnisme et du désespoir met en lumière une société qui ne trouve plus de réponses crédibles dans le cadre démocratique, et qui semble orpheline d’une société civile capable d’apporter des réponses adaptées et d’instaurer un dialogue apaisé.
Bien que la crise de la vie chère ait, dans une certaine mesure, été maîtrisée en partie par la signature d’un protocole d’accord d’objectifs et de moyens, le malaise social n’a pas disparu. L’incapacité d’un simple emploi à offrir des perspectives d’avenir et une pleine intégration citoyenne révèle les limites des solutions économiques classiques. La persistance d’un désespoir profond trouve sa source dans un vide de sens et de perspectives, poussant nombre de jeunes, mais aussi des retraités, à envisager une vie en dehors de leurs terres natales. La fuite de cette jeunesse, loin de simplement représenter un défi démographique, est le reflet d’une absence de confiance en l’avenir de la sphère locale et d’une incapacité à réancrer l’identité dans une réalité contemporaine. Le rêve d’un retour, pourtant idéalisé par certains, apparaît illusoire face à la réalité d’un présent bloqué par des contraintes économiques et sociales lourdes.

Ce manque de perspectives s’étend désormais à l’ensemble de la société antillaise, où le quotidien est souvent vécu à travers le prisme des expériences passées, des luttes anciennes, sans réelle prise en compte des défis actuels. Cette fixation sur le passé, empreinte d’un atavisme culturel, empêche une adaptation aux évolutions technologiques, économiques et sociales rapides du monde contemporain. Ainsi, la culture créole, pourtant facteur de résilience, devient dans ce contexte un frein dès lors qu’elle n’est plus perçue comme un levier d’émancipation, mais comme une entrave à l’évolution d’une société moderne et apaisée. Les jeunes, comme les moins jeunes, restent « prisonniers de leur passé » dans un cercle d’émotions négatives – colère, ressentiment – les empêchant d’envisager un futur apaisé. La mémoire du passé colonial pèse comme un fardeau, freinant la construction d’une identité en phase avec les enjeux modernes et induisant une rupture entre une société figée et le monde extérieur.

La conséquence de cette rupture identitaire est d’autant plus marquée que le pouvoir politique local peine à incarner une autorité forte et stable. La faiblesse de l’État, perçue à travers ses échecs à moderniser les institutions et à apporter des solutions efficaces, ouvre la voie à un populisme galopant et aux tentations autoritaires. À mesure que les discours de défiance et les scénarios de violence prolifèrent, la société antillaise, déjà fragilisée par la crise de la vie chère, le chômage, et l’inefficacité des systèmes éducatifs et sociaux, devient vulnérable à l’embrasement. En Guadeloupe et en Martinique, où les réformes structurelles se font rares et souvent incomplètes, l’inquiétude monte quant à l’avenir et aux capacités de résistance face aux pressions de forces centrifuges. Les forces économiques et politiques locales restent enfermées dans des logiques anciennes, incapables de répondre aux mutations induites par la mondialisation, la robotisation, la numérisation ou encore les changements sociétaux.

Face à cette stagnation, le changement devient pourtant inévitable. Les mutations technologiques et culturelles, ainsi que la nécessité de trouver un nouvel équilibre face aux défis des changements climatiques et environnementaux, posent un ultimatum. Mais la réticence à abandonner des paradigmes anciens se heurte à la réalité d’un monde qui évolue vite. La crise sanitaire a révélé ces fissures et amplifié le sentiment de décalage : la Guadeloupe et la Martinique semblent figées dans un passé où les réformes sont lentes, où le poids des corporations syndicales freine les avancées, et où la défiance envers les institutions continue de s’accentuer. La capacité de ces sociétés à évoluer devient ainsi un enjeu critique. Il ne s’agit pas de renier les traditions, mais de les adapter pour faire face aux défis contemporains, en intégrant les valeurs de l’identité créole dans un cadre global en perpétuelle évolution.

Le blocage culturel qui empêche les sociétés antillaises de s’adapter aux changements est source de frustration pour les populations. Ce phénomène est renforcé par un système administratif et politique sclérosé, où les décisions tardent à prendre effet et où les intérêts corporatistes continuent de dominer. Dans ce contexte, le délitement des valeurs et des repères rend le retour à une dynamique sociale harmonieuse particulièrement ardu. La société reste prisonnière d’idéaux passés, sans parvenir à construire un avenir qui lui permette de s’épanouir pleinement. Le chômage élevé, l’augmentation des inégalités sociales, et le déclin accéléré du système éducatif ajoutent à la déception et à la perte de confiance dans les institutions. Les jeunes, en particulier, sont nombreux à se retrouver sans emploi ni formation, accentuant une résignation collective.

Dans une société qui s’accroche à son passé, les évolutions nécessaires sont perçues comme des menaces et non comme des opportunités. La citation de Tocqueville prend ici tout son sens : « quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres. » Pour que la Guadeloupe et la Martinique puissent espérer s’inscrire dans une dynamique positive, il est crucial de réévaluer les rapports au passé, d’accepter le changement et de réinvestir l’identité créole dans une perspective novatrice et constructive. Le temps presse, car un monde en mouvement avec l’émergence de l’intelligence artificielle ne laisse pas de place à ceux qui refusent d’avancer. Le défi est de taille, mais il porte en lui la promesse d’un avenir où le passé devient une source d’inspiration et non plus un frein.

Ainsi, le futur des sociétés guadeloupéenne et martiniquaise ne réside pas dans une rupture totale avec leur héritage français, mais dans la capacité à en faire un socle pour répondre aux impératifs du monde contemporain. Seul un changement continu, guidé par une réflexion honnête sur les valeurs et les aspirations profondes, permettra de sortir de cette stagnation. Une nouvelle dynamique sociale et culturelle, plus en phase avec les réalités globales, est essentielle pour que les Antilles puissent revendiquer leur place dans le monde moderne. Ainsi, il est quasiment certain que les Antilles françaises, plus précisément la Guadeloupe et la Martinique, feront bientôt face à une crise économique, sociale et politique d’une ampleur sans précédent avec la réduction de la dépense publique inhérente à la crise financière de la dette. Les récents événements marqués par des violences, des pillages et des destructions d’entreprises traduisent un profond malaise face à la vie chère et à l’avenir incertain de ces îles. En Martinique, des tensions grandissantes se sont traduites par des actes violents contre des infrastructures et par des attaques verbales visant les Békés et les autorités nationales et locales. En Guadeloupe, la grève de la CGTG énergie a entraîné des sabotages et coupures d’électricité intempestive, provoquant un « black-out » qui a paralysé toute l’île pendant plus de 24 h et provoqué des pillages et destructions d’entreprises. Dans un contexte de revendications sociales et de perturbations économiques, ces événements rappellent l’agitation sociale de 2009, lorsque la population s’était déjà soulevée dans le contexte de la lutte contre la vie chère.Ce climat social exacerbé est la manifestation d’une frustration identitaire persistante, alimentée par un sentiment d’abandon et de désillusion chez les Antillais, notamment face à des décennies de promesses non tenues et de perspectives d’amélioration qui n’ont jamais réellement vu le jour. Une grande partie de la population ne croit plus au changement et interprète les enjeux actuels à travers les prismes du passé, ne voyant plus de solutions autres que celles qu’ils ont déjà expérimentées, souvent sans succès. Ce pessimisme ambiant accentue la polarisation des débats, tant sur les réseaux sociaux que dans les médias locaux. Les analyses rapides et les préjugés inconscients viennent alourdir un climat déjà délétère, qui rend difficile toute tentative d’avancer vers des solutions pérennes.
Au-delà des confrontations quotidiennes, se profile une inquiétude plus profonde concernant l’avenir économique et démographique de ces territoires. Les dernières études de l’Insee montrent une baisse significative de la population, particulièrement marquée chez les jeunes diplômés qui quittent massivement les îles pour l’hexagone ou l’étranger. Cet exode a des conséquences directes sur l’économie locale, car ces jeunes, souvent les mieux formés, privent les Antilles de compétences essentielles au développement de nouveaux secteurs. Ceux qui restent se retrouvent, pour certains, sans aucun repères, désœuvrés, en échec scolaire ou sans perspectives professionnelles, une situation qui nourrit des comportements déviants et des actes de violence qui secouent les Antilles depuis des années et qui vont en s’intensifiant.

À ce déclin démographique vient s’ajouter une crise économique structurelle. En Guadeloupe comme en Martinique, les entreprises locales peinent à attirer de nouveaux investissements, freinées par une situation d’instabilité, de conjoncture économique morose et un délitement social  progressif. L’hémorragie démographique, couplée au désinvestissement des entreprises, crée un climat où l’instabilité économique s’accentue, augmentant la dépendance vis-à-vis de la France hexagonale. Cette dépendance devient préoccupante, car elle expose les Antilles aux soubresauts de l’économie française, sans que ces territoires aient les moyens de s’ajuster en cas de crise financière ou de tensions budgétaires. La grande distribution, souvent accusée de tirer profit de la situation en maintenant des prix élevés, est vue comme un acteur peu soucieux des réalités locales, alimentant ainsi la colère populaire et les ressentiments envers les pouvoirs publics.

Certains, cependant, espèrent toujours un renouveau à travers une politique de construction d’un nouveau modèle économique, bien que cela implique parfois des choix radicaux. Démolir pour reconstruire, repenser le modèle économique local, promouvoir les produits et services de proximité sont des pistes envisagées par quelques responsables et observateurs soucieux de l’avenir des Antilles. Néanmoins, ces initiatives peinent à s’imposer face à un scepticisme généralisé et une déception amère envers la gouvernance locale. Les blocages et grèves récurrents, s’ils peuvent apparaître comme des outils de lutte légitime, freinent pourtant la croissance et affaiblissent encore un tissu économique déjà fragilisé.

Ainsi, face à un chômage persistant, à une productivité en baisse et à un coût de la vie qui s’envole, l’attachement à un mode de protestation fondé sur la radicalité semble privilégié mais néanmoins à terme selon moi contre-productif. La violence de certaines actions des jeunes notamment de beaucoup de délinquants et les initiatives de groupes radicaux dans leur lutte contre le « système » ont fini par engendrer un climat d’instabilité qui fait peur aux anciens, éloigne les investisseurs, fait fuir les jeunes talents et mine le moral des populations. Ce « jusqu’au-boutisme » des idées, marqué par une approche anarcho-syndicaliste et populiste, incite certains groupes à privilégier une politique de la terre brûlée. Mais en sciant la branche sur laquelle ils sont assis, ces organisations syndicales et activistes risquent de précipiter l’implosion sociale et économique de la Guadeloupe et de la Martinique.

Les syndicats, dans leur quête de justice sociale, semblent parfois oublier les conséquences néfastes de leurs actions illégales et radicales sur le long terme pour les travailleurs locaux. Chaque fermeture d’entreprise ou repli d’investisseurs accentue le déclin, aggravant la marginalisation des plus vulnérables et fragilisant les bases même de l’économie antillaise. Si les revendications apportent parfois des gains à court terme, ceux-ci se heurtent souvent à la réalité brutale des faillites et des licenciements. C’est la question de la remise en cause du modèle social qui est aujourd’hui posé, et la montée des pleurs et des plaintes en Martinique et en Guadeloupe, y compris parmi ceux qui ne subissent pas les pires difficultés, peut s’expliquer par plusieurs facteurs liés à la force de l’assistanat et à la crainte de l’effondrement du modèle social français. La France est l’un des pays les plus protecteurs en termes de sécurité sociale, avec un système d’assistance qui vise à soutenir la population face aux aléas de la vie (santé, emploi, retraite, etc.). Cette protection est intégrée depuis des décennies dans la culture et les attentes des citoyens Antillais, de sorte que toute remise en question de cet acquis social peut susciter de l’angoisse et des frustrations.

Premièrement, l’assistanat et le modèle social français ont instauré un sentiment d’attente et de dépendance vis-à-vis de l’État et de ses dispositifs de soutien. Ce modèle a certes permis d’offrir des conditions de vie stables et dignes pour la majorité des citoyens, mais il a également contribué à une forme de dépendance. Beaucoup de Français et donc des Guadeloupéens et Martiniquais, y compris ceux en situation relativement aisée, perçoivent l’assistance comme un droit acquis et vital à leur qualité de vie. Toute menace d’affaiblissement de ces dispositifs – qu’il s’agisse de réformes des retraites, des allocations chômage ou des services publics voire même des dispositifs d’allègement de charges pour les entreprises– est vécue avec une crainte intense, car elle est perçue comme une rupture dans un pacte social fondateur. Cette dépendance se traduit donc par une anxiété forte dès que des réformes sont évoquées, et suscite des réactions émotionnelles, parfois disproportionnées par rapport aux véritables impacts de ces réformes sur leur propre situation.

Deuxièmement, l’évolution économique et sociale mondiale avec l’augmentation de l’endettement des Etats alimente une peur diffuse de précarité. Dans un monde où l’emploi est de plus en plus instable avec l’irruption des nouvelles technologies et où les différences de richesse se creusent, même ceux qui sont relativement privilégiés en France ressentent une forme d’insécurité. Le sentiment de vulnérabilité n’est plus réservé aux classes les plus pauvres, mais s’étend à toutes les couches de la société. La peur de la dégradation de leur situation future – même hypothétique – devient ainsi une source d’inquiétude, qui pousse non seulement chacun à défendre ses acquis sociaux avec force, mais aussi à exiger de l’État toujours plus, et à exprimer des craintes, même si sa situation actuelle n’est pas menacée directement. Ce phénomène s’intensifie d’autant plus que la concurrence mondiale, la montée de la précarité dans de nombreux secteurs, et l’incertitude technologique, écologique et économique renvoient l’individu à sa fragilité face aux forces extérieures.

Ensuite, l’assistanat génère aux Antilles parfois une forme de passivité face aux solutions alternatives, tel qu’un changement de modèle économique ou encore une évolution des institutions. Lorsqu’une société est habituée à recevoir des aides et des soutiens automatiques en cas de difficulté, il devient difficile d’envisager une autonomie politique complète ou de rechercher des solutions en dehors de ce modèle hérité de la départementalisation. Cette dépendance psychologique au soutien de l’État rend plus difficile l’adaptation à un environnement où la sécurité n’est plus garantie à 100 %. Ainsi, lorsque les conditions d’accès à l’assistance sont durcies ou que le discours public appelle à davantage de responsabilité individuelle, cela peut créer un sentiment de frustration ou de découragement. Cette résistance aux changements, même minimes, entraîne des plaintes accrues de la part de ceux qui ressentent ce moindre confort comme une menace à leur sécurité de vie.

Enfin, la montée des « pleurs et plaintes » peut aussi s’expliquer par un climat d’angoisse collective, amplifié par les discours et les médias. Aujourd’hui, les médias et les réseaux sociaux diffusent massivement des récits anxiogènes sur l’état de la société, qu’il s’agisse de l’effondrement du modèle social, des crises économiques et financières ou de la dégradation climatique. Ce climat de peur généralisée crée un sentiment d’urgence et d’insécurité partagée, même parmi ceux dont la situation personnelle est stable. La visibilité de la précarité ou des inquiétudes des autres – même si elle ne correspond pas à leur propre vécu – alimente un sentiment de menace imminent, entraînant une surenchère dans les plaintes et la défense des acquis, y compris pour ceux qui sont objectivement les moins exposés.

En somme, la force de l’assistanat dans le modèle social français, combinée à la peur de sa remise en cause aux profits des Antilles, entraîne une anxiété généralisée qui pousse chacun à défendre vigoureusement ses droits et acquis, même si leur situation ne justifie pas toujours cette crainte. Le modèle social français, bien qu’il ait longtemps protégé et élevé le niveau de vie des citoyens des Antilles, crée un effet paradoxal : une dépendance qui limite la résilience face aux transformations, et un sentiment d’insécurité qui favorise les plaintes et les revendications, renforçant un climat de mécontentement collectif et de violence d’une fraction de la jeunesse.

La situation actuelle en Martinique et en Guadeloupe illustre de manière poignante les défis auxquels sont confrontés ces territoires ultramarins, coincés entre le poids du passé et les incertitudes de l’avenir. L’avenir semble aujourd’hui grippé, tiraillé entre une crise de la vie chère et les enjeux à plus tard d’une quatrième révolution technologique, entre une population vieillissante et une jeunesse désabusée, entre une radicalisation des luttes sociales et une économie en déclin. Dans cet environnement tendu, il est difficile de discerner une voie de sortie claire. Les Antilles françaises risquent de s’enfoncer dans un cercle vicieux de précarité, de désillusion et de violence, où le ressentiment face aux échecs du passé risque de bloquer toute avancée vers un avenir plus prometteur.

« A pa tala ki ka plenn plis, ki ka soufè plis »

Littéralement    :  Ce n’est pas celui qui se plaint le plus qui souffre le plus

Moralité      :  Les grandes douleurs sont muettes

Jean marie Nol économiste