La situation en Haïti se dégrade à un rythme alarmant, frappant durement une population déjà affaiblie par des années de crises politiques et économiques. Depuis fin janvier 2025, le pays, notamment sa capitale Port-au-Prince, est plongé dans une spirale de violence extrême alimentée par des gangs criminels. Les autorités haïtiennes et les organisations internationales tirent la sonnette d’alarme face à l’intensité de cette violence, qui a causé de nombreuses pertes humaines et forcé plus de 10 000 personnes à fuir leurs foyers.
Les attaques violentes des gangs se multiplient, avec des familles entières anéanties dans leurs maisons et des civils, y compris des enfants, tués alors qu’ils tentaient de fuir. Le témoignage de victimes, relatant des maisons incendiées et des agressions brutales, illustre l’ampleur du drame humain auquel les habitants sont confrontés. La violence des gangs, déjà omniprésente en Haïti, a pris une nouvelle dimension depuis février 2024, lorsque des groupes armés ont intensifié leurs attaques pour obtenir la démission du gouvernement précédent. Malgré l’intervention d’une mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS), qui déploie des policiers de plusieurs pays, la situation ne semble pas se stabiliser. Les gangs contrôlent désormais 85 % de la capitale, selon les Nations Unies, exacerbant encore l’insécurité et l’impasse politique.
Parallèlement à la violence, le pays est frappé par une grave crise humanitaire. L’ONU estime qu’environ 5,5 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë, un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Dans certaines régions, des familles sautent des repas pendant des jours, aggravant les risques de malnutrition et d’épidémies. Le manque d’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins médicaux est devenu une réalité quotidienne pour des millions de Haïtiens, en particulier pour les enfants, qui sont les premières victimes de cette situation tragique. En 2024, la violence des gangs a causé la mort de plus de 5 600 personnes, soit un millier de plus qu’en 2023. Le nombre de déplacés a aussi explosé, atteignant plus d’un million, un chiffre trois fois plus élevé qu’il y a un an.
Le pays est également confronté à une hausse inquiétante des violences sexuelles, notamment à l’encontre des enfants. En 2024, les cas de violences sexuelles sur mineurs ont explosé de 1 000 %, les gangs utilisant des enfants comme instruments de terreur. Le recrutement d’enfants dans ces groupes armés a également augmenté de manière dramatique, des jeunes étant enlevés ou poussés par la pauvreté à rejoindre les rangs des groupes criminels. Cette situation abominable expose les enfants à des violences physiques et psychologiques, dévastant leur avenir.
Dans ce contexte de violence et de souffrance, les appels à l’aide se multiplient. L’ONU a lancé un appel de fonds de plus de 900 millions de dollars pour 2025 afin de venir en aide à 3,9 millions de personnes prioritaires. Cependant, le financement des opérations humanitaires reste insuffisant, avec des plans qui peinent à atteindre leurs objectifs face à un sous-financement chronique.
La communauté internationale, bien que présente à travers la MMAS et divers programmes d’aide, fait face à des défis logistiques et financiers majeurs. Alors que l’ONU continue de soutenir Haïti, certains appellent à une révision de la mission de sécurité, voire à la transformation de la mission en une force de maintien de la paix, pour tenter de stabiliser la situation.
Face à cette crise humanitaire sans précédent, les espoirs de la population d’Haïti s’amenuisent. La violence, l’insécurité alimentaire et l’incapacité des autorités à rétablir l’ordre poussent des millions de personnes à vivre dans des conditions de plus en plus précaires. Le monde entier doit se mobiliser pour répondre à cette situation d’urgence, avant que la souffrance ne devienne encore plus insupportable.
Jean Samblé