État d’urgence prolongé, menace de guerre civile et crise humanitaire en escalade
— Par Jean Samblé —
La République d’Haïti, déjà plongée dans une crise politique aiguë depuis l’assassinat du président Moïse Jovenel en 2021, se trouve désormais confrontée à une escalade de violences sans précédent, mettant en péril la sécurité et la stabilité du pays. L’état d’urgence, déjà décrété, vient d’être prolongé d’un mois à Port-au-Prince, la capitale, face à l’aggravation de la menace posée par les bandes armées qui contrôlent une part significative du territoire.
Les autorités haïtiennes ont pris cette mesure drastique en réponse aux attaques répétées des gangs, qui, selon le Syndicat national de policiers haïtiens (Synapoha), ont déjà détruit 10 bâtiments de police et vidé deux prisons civiles. Une première déclaration d’état d’urgence et un couvre-feu avaient été annoncés après l’évasion massive de milliers de détenus consécutive à une attaque coordonnée sur des prisons par les gangs.
La situation sur le terrain est chaotique, avec une violence croissante, symbolisée par l’incendie d’une nouvelle antenne de police à Port-au-Prince. Les forces de l’ordre se trouvent dans une position précaire, confrontées à des groupes armés déterminés à déstabiliser davantage le pays. Le coordonnateur général du Synapoha, Lionel Lazarre, a confirmé l’incendie de l’antenne, soulignant les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les policiers.
Le chef de gang influent, Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue », a proféré des menaces de guerre civile et de génocide si le Premier ministre Ariel Henry ne démissionne pas et si la communauté internationale persiste à le soutenir. La crise politique interne s’est ainsi transformée en une situation de violence généralisée, mettant en danger la vie de milliers d’Haïtiens.
Le Premier ministre Ariel Henry, qui devait rentrer d’une mission au Kenya, se trouve bloqué à Porto Rico, entravé par des problèmes de sécurité à l’aéroport international. Les gangs armés, alliés pour renverser le gouvernement, ont instauré un climat de terreur, empêchant le retour du Premier ministre et renforçant leur emprise sur le territoire.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait approuvé en octobre l’envoi d’une mission multinationale dirigée par le Kenya, avec l’intention de dépêcher 1 000 policiers pour restaurer l’ordre en Haïti. Cependant, des retards causés par des problèmes judiciaires au Kenya et un manque de financement ont empêché le déploiement de cette mission salvatrice, laissant la population haïtienne livrée à elle-même.
Sur le plan humanitaire, la situation atteint un niveau critique. Les habitants de Port-au-Prince, déjà confrontés à des violences constantes, doivent désormais faire face à des pénuries sévères. Les infrastructures essentielles, y compris les services d’eau potable, sont gravement perturbées, mettant en danger la santé publique. Les denrées alimentaires, déjà rares, voient leurs prix doubler, intensifiant une crise alimentaire préexistante.
Le Conseil de sécurité de l’ONU, devant cette détérioration rapide de la situation, tiendra une réunion en urgence pour évaluer les actions à entreprendre. La communauté internationale est appelée à agir de manière concertée et rapide pour apporter une réponse humanitaire immédiate, restaurer la sécurité et soutenir les efforts visant à résoudre cette crise complexe en Haïti. L’urgence de la situation nécessite une mobilisation globale afin d’atténuer les souffrances du peuple haïtien et de rétablir la stabilité dans le pays.