— Par Jean Samblé —
Haïti chérie, terre de défis, cherche un nouveau cap politique alors que ses rues résonnent des échos de l’instabilité et de la terreur des gangs. Dans une tentative désespérée de restaurer l’ordre, les dirigeants politiques haïtiens ont ébauché un accord pour ériger un Conseil de transition présidentiel, s’étalant sur vingt-deux mois, dans l’espoir de tracer une voie vers la stabilité et la démocratie, révèle un document consulté par l’AFP en ce morne lundi .
Composé de neuf membres, dont sept auront droit de vote et deux agiront en tant qu’observateurs, ce Conseil inclura des représentants des principaux partis politiques du pays, ainsi que des voix du secteur privé et de la société civile. Avec un mandat prenant fin le 7 février 2026, ce Conseil devra remplacer le Premier ministre contesté, Ariel Henry, qui a annoncé sa démission le 11 mars dernier.
Dans une tentative de concrétiser cet accord, les futurs membres du Conseil ont acheminé l’accord politique et le décret de sa formation à la Communauté des Caraïbes (Caricom) dimanche soir, selon un responsable politique cité par l’AFP. Cette autorité régionale devra alors transmettre les documents au gouvernement sortant d’Ariel Henry pour officialiser l’investiture du Conseil, marquant un nouveau chapitre dans la tumultueuse histoire politique d’Haïti.
La première mission cruciale de ce Conseil consistera à nommer un nouveau Premier ministre qui, en collaboration avec ses membres, devra constituer un gouvernement intérimaire, préparant ainsi le terrain pour des élections libres et crédibles, s’inscrivant dans une démarche démocratique. Il est stipulé dans l’accord que aucun des membres du Conseil ni du gouvernement intérimaire ne pourra briguer un poste électif lors de ces élections.
Cependant, le chemin vers cette transition démocratique n’est pas sans embûches. Des désaccords entre les parties prenantes retardent les négociations, notamment sur le choix du prochain Premier ministre, tandis que des interrogations subsistent quant à la légitimité de cet organe de transition.
Les priorités du Conseil nouvellement formé sont claires : sécurité, réformes constitutionnelles et institutionnelles, et élections. Il est envisagé la mise en place d’un Conseil national de sécurité pour superviser les accords relatifs à l’aide internationale en matière de sécurité, notamment l’éventuelle intervention d’une mission onusienne.
Face à l’escalade de la violence et à l’incertitude qui règne, le Conseil aspire à s’installer au Palais national, malgré les récentes attaques perpétrées par les gangs dans cette zone névralgique de la capitale, Port-au-Prince.
Haïti, déchirée par la disparition tragique du président Jovenel Moïse en 2021, et plongée dans un vide institutionnel depuis, cherche désespérément une lueur d’espoir dans cette crise sans précédent. Les défis humanitaires s’additionnent aux défis politiques, créant un cocktail explosif de souffrance et d’incertitude.
Pendant ce temps, les délibérations du Conseil des ministres se poursuivent, attendant impatiemment le jour où les décrets seront publiés dans Le Moniteur, marquant ainsi le début effectif du mandat du Conseil présidentiel de transition, et peut-être, juste peut-être, le début d’un nouveau chapitre pour la nation haïtienne.