— Par Jean Samblé —
La scène politique en Haïti traverse une période tumultueuse, marquée par des tensions croissantes et des désaccords profonds autour de la formation du Conseil présidentiel de transition. Ces dissensions exacerbées reflètent un climat de méfiance et de contestation généralisée au sein de la société haïtienne, face à un processus politique jugé peu transparent et peu représentatif.
Au cœur de cette crise se trouve le décret publié par le gouvernement dans le journal officiel Le Moniteur, créant le Conseil présidentiel de transition. Ce décret a suscité une réaction immédiate et vigoureuse de la part des parties prenantes impliquées dans le processus de formation du Conseil. Ces parties, composées de neuf structures politiques et de la société civile, rejettent catégoriquement le décret en question, arguant qu’il ne reflète pas fidèlement l’accord politique initial sur lequel il était censé être basé.
Dans un communiqué conjoint daté du 13 avril 2024, ces organisations politiques et civiles ont exprimé leur profonde consternation devant les modifications substantielles apportées par le Conseil des ministres au décret initial. Ils accusent le gouvernement, dirigé par le Premier ministre empêché Ariel Henry, de déformer délibérément le projet consensuel d’un exécutif bicéphale, résultant d’un processus de négociation laborieux et patient entamé depuis le 11 mars 2024.
Parmi les points de friction majeurs figure le non-respect des engagements pris par le gouvernement et le manque de transparence dans le processus décisionnel. Les parties prenantes soulignent que l’accord politique du 3 avril 2024, pourtant fondamental pour la mise en place du Conseil présidentiel de transition, n’a pas été intégré dans le décret publié. Cette omission est perçue comme une violation flagrante de la confiance et un affront à la légitimité de l’accord initial.
Parallèlement à ces tensions internes, la communauté internationale a également réagi à cette crise politique en Haïti. Les Nations Unies, la CARICOM et la Secrétaire générale de la Francophonie ont exprimé leur soutien à la publication du décret initial, saluant son importance pour la stabilité et la transition démocratique du pays. Cependant, ces appels à la conformité et à la transparence ont été largement ignorés par le gouvernement haïtien, exacerbant davantage les tensions tant sur le plan national qu’international.
Dans ce contexte de blocage politique et d’impasse institutionnelle, l’urgence de trouver une solution pacifique et ordonnée pour sortir de la crise est devenue impérative. Les parties prenantes de l’accord du 3 avril insistent sur la nécessité de respecter les engagements pris et de rétablir la confiance mutuelle pour progresser vers une transition démocratique et inclusive.
Toutefois, malgré les appels pressants de la communauté internationale et des acteurs nationaux, la résolution de cette crise demeure incertaine. Les divergences persistent quant à la nomination des membres du Conseil présidentiel de transition et à la reconnaissance de l’accord politique initial comme base légitime pour la transition du pouvoir en Haïti. En attendant, l’instabilité politique et sociale persiste, laissant le pays dans une impasse précaire et incertaine quant à son avenir politique.