— Par Jean Samblé —
Dans les profondeurs de la crise qui sévit en Haïti, chaque jour apporte son lot de tragédies, exacerbant une situation déjà désespérée. Les Nations Unies, témoins impuissants de ce désastre, sonnent une nouvelle fois l’alarme, qualifiant la situation de « cataclysmique », un terme lourd de sens, reflétant la magnitude des souffrances endurées par le peuple haïtien.
Au cœur de cette tempête de désolation se trouve un pays ravagé par les luttes intestines du pouvoir et l’emprise meurtrière des gangs. Le bilan de pertes humaines, déjà accablant, ne cesse de s’alourdir. Avec plus de 1 500 vies fauchées au cours des trois premiers mois de l’année 2024, les rues de Port-au-Prince et des autres villes haïtiennes se teintent chaque jour davantage de larmes et de sang.
Malgré les appels répétés à un embargo sur les armes, la réalité reste implacable. Les frontières poreuses du pays offrent un passage fluide aux trafiquants d’armes, alimentant ainsi le pouvoir de feu dévastateur des gangs, qui rivalise souvent, voire dépasse, celui des forces de l’ordre haïtiennes. La communauté internationale, tiraillée entre les impératifs de sécurité et les considérations diplomatiques, semble impuissante à endiguer ce fléau.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, réitère l’urgence d’une action concertée. Il appelle à une mise en œuvre plus stricte de l’embargo sur les armes et exhorte à un déploiement rapide d’une mission multinationale de maintien de la paix, seule lueur d’espoir dans ce sombre horizon. Mais ces efforts, aussi louables soient-ils, ne suffiront pas à eux seuls à panser les plaies béantes d’Haïti.
Car la crise haïtienne ne se limite pas à la violence des gangs. Elle est le produit d’années de corruption endémique, d’impunité généralisée et de gouvernance défaillante. Les institutions du pays, déjà fragilisées, vacillent au bord de l’effondrement, laissant la population dans un état de désarroi et d’incertitude.
Les rapports alarmants des Nations Unies révèlent des statistiques glaçantes : 4 451 vies perdues en 2023, un chiffre abyssal qui continue de grimper en ce début d’année 2024. Ces pertes ne sont pas seulement des chiffres, ce sont des destins brisés, des familles déchirées, des communautés en deuil.
Et dans cette tourmente, les plus vulnérables sont les premières victimes. Les gangs, en plus de semer la terreur par leurs actes de violence brutale, recourent à des pratiques abjectes telles que la violence sexuelle et le recrutement d’enfants soldats. Ces crimes abominables, bien que largement signalés, demeurent souvent impunis, laissant les victimes dans un cycle de souffrance sans fin.
Parallèlement à l’intensification de la violence des gangs, des groupes d’auto-défense ont émergé, témoignant d’une société fracturée et désespérée. Ces actes de lynchage, parfois encouragés voire facilités par des éléments corrompus au sein des forces de l’ordre, soulignent l’effondrement moral d’une nation en détresse.
Pourtant, la tragédie haïtienne ne se résume pas seulement à la violence et à l’instabilité politique. Elle est également le théâtre de désastres naturels récurrents, des ouragans dévastateurs aux séismes dévastateurs, en passant par le fléau persistant du choléra. Ces catastrophes, combinées à une extrême pauvreté, placent Haïti au bord du gouffre, confrontant son peuple à des défis insurmontables.
Dans ce tableau apocalyptique, l’espoir semble lointain, presque irréel. Mais il demeure vital de répondre à l’appel de détresse d’Haïti, en fournissant un soutien concret et durable pour aider cette nation à se relever de ses cendres. La tâche est immense, mais l’alternative est impensable : laisser Haïti sombrer dans l’oubli, condamnant des millions d’âmes à une existence de misère et de désespoir.
D’après agences de Presse