— Par Jean Samblé —
Depuis plusieurs mois, Haïti vit l’une des crises humanitaires et sécuritaires les plus graves de son histoire récente. Les gangs criminels contrôlent désormais plus de 80% de la capitale Port-au-Prince et étendent leur emprise sur les principales routes du pays, plongeant la population dans un climat d’insécurité généralisée. Selon l’ONU, au moins 3661 personnes ont été tuées depuis janvier, tandis que plus de 700 000 Haïtiens ont dû fuir leurs foyers, dont plus de la moitié sont des enfants. Cette montée de la violence exacerbe une situation déjà désespérée où près de cinq millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé cette spirale de violence, appelant à une intervention internationale urgente. « Aucune autre vie ne devrait être perdue du fait de cette criminalité insensée », a-t-il déclaré, soulignant l’importance d’un embargo efficace sur les armes, qui continuent d’affluer dans le pays malgré les sanctions en place. Les gangs utilisent non seulement la violence physique, mais aussi la violence sexuelle comme arme de terreur, des enfants étant souvent victimes de viols collectifs.
En réponse à cette situation, une Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) a été déployée sous la conduite du Kenya, mais son effectif reste insuffisant, avec moins d’un quart des troupes prévues sur le terrain. Le président kényan William Ruto a affirmé que son pays s’engageait à renforcer sa présence en Haïti d’ici janvier 2025, mais le manque d’équipement et de financement freine les efforts. De même, l’expert de l’ONU, William O’Neill, a mis en avant l’urgence de fournir à la mission les moyens techniques et logistiques nécessaires pour soutenir la police haïtienne, qui peine à contenir les gangs.
Le secrétaire général de l’ONU, dans un message récent, a souligné la nécessité d’une solution politique pour sortir Haïti de cette crise. « L’amélioration de la sécurité est essentielle pour créer les conditions nécessaires à des élections démocratiques », a-t-il affirmé. Bien que des progrès aient été réalisés, notamment avec la mise en place d’un gouvernement de transition, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour financer la mission de sécurité et répondre aux besoins humanitaires. À ce jour, le Plan de réponse humanitaire pour Haïti n’est financé qu’à hauteur de 39%, laissant des millions de personnes dans une situation d’extrême précarité.
La situation en Haïti est une course contre la montre, où chaque jour compte pour sauver des vies et rétablir un semblant de stabilité. La violence des gangs, la corruption endémique et la pauvreté galopante nécessitent une réponse coordonnée et immédiate, à la fois sur le plan sécuritaire et humanitaire.