A droite, on ne se précipite pas pour défendre Najat Vallaud-Belkacem
— Par Laure EQUY —
La ministre de l’Education nationale est violemment attaquée à la une de «Valeurs actuelles». Certains élus de droite sont gênés par ce flot de critiques, sans pour autant mettre en cause leur camp.
Evidemment personne, à droite, ne reprendra à son compte la couverture de Valeurs actuelles qui s’en prend violemment à Najat Vallaud-Belkacem, la rebaptisant «l’ayatollah» et la «ministre de la rééducation nationale». Ils ne sont pas nombreux non plus à condamner spontanément cette une, tandis que la ministre a reçu «le soutien de tout le gouvernement» ce mercredi.
Et pour cause, de nombreux responsables de l’opposition en ont fait leur cible favorite au sein du nouveau gouvernement. Comme ils s’étaient déchaînés sur Christiane Taubira au début du quinquennat. Une partie de la droite a même vu dans sa nomination «une provocation», évoquant son soutien aux «ABCD de l’égalité». Et transformé Najat Vallaud-Belkacem en «égérie» d’une prétendue«théorie du genre» ou, selon la formule de Laurent Wauquiez en «ultra progender».
Bien que de mauvaise foi – les «ABCD de l’égalité», ces ateliers visant à démonter les stéréotypes filles-garçons n’ayant rien à voir avec une quelconque théorie du genre et ayant de toute façon été abandonnés –, ce flot de critiques de responsables UMP demeurait officiellement sur un terrain politique. Et Valeurs actuelles n’attend pas le feu vert du parti de droite pour asséner une de ces unes dont l’hebdo réac s’est fait une spécialité. Mais dix jours après le remaniement, les attaques contre la trentenaire d’origine marocaine ont carrément viré au procès en illégitimité sur fond d’allusions racistes et sexistes.
«Il fallait s’y attendre»
Quelques élus sont pourtant mal à l’aise face aux réactions excessives de leur camp. Au Nouvel Obs.com, Thierry Solère, proche de Bruno Le Maire, confie avoir été gêné par ces commentaires aux «sous-entendus sexistes, racistes ou jeunistes» et aurait aimé que l’UMP «se démarque de certains propos nauséabonds». Il se désolait ainsi d’un tweet mysogine posté par un élu UMP de Neuilly demandant «quels atouts Najat Vallaud-Belkacem a utilisé pour convaincre Hollande de la nommer à un grand ministère» : «Le summum de la beaufitude absolue.» Et sur France Bleu, le député de Paris, Claude Goasguen, a estimé que «ce n’est pas la bonne méthode de faire». «Le débat politique ne doit pas aller dans ce genre de poubelle», prévenait-il mardi. Et ce mercredi, la très sarkozyste Isabelle Balkany s’indignait sans détours sur Twitter des couvertures de Minute et de Valeurs actuelles.
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