Plusieurs centaines de militaires ont été mobilisées pendant sept semaines en Guyane pour une opération de lutte contre l’extraction d’or illégale, afin de «neutraliser» les principaux sites d’orpaillage clandestin de l’ouest du département, a annoncé mercredi 21 décembre la préfecture.
Du 21 octobre au 9 décembre, «des forces de gendarmerie appuyées par des militaires des forces armées en Guyane ont été engagées dans une opération dite renforcée de lutte contre l’orpaillage illégal dans le cadre de la mission Harpie», a précisé le préfet de la région Guyane, dans un communiqué publié à Cayenne, à plus de 7000 kilomètres de Paris.
«Intercepter les flux logistiques»
Au plus fort de l’opération, «plus de 500 soldats des composantes terrestre, aérienne et maritime des forces armées en Guyane ont été déployés», selon la préfecture, tant sur le littoral «pour intercepter les flux logistiques» que sur la façade Ouest du département, le long du fleuve Maroni qui marque la frontière entre Guyane et Suriname.
Étaient notamment visés par l’opération les secteurs du bassin de Beiman, de Papaïchton et Dorlin où un quintuple meurtre lié à l’orpaillage illégal avait eu lieu en mars. «L’objectif de cette opération majeure était de neutraliser et tenir les principaux sites (…) afin de précipiter le départ» des chercheurs d’or clandestins hors du territoire, selon le communiqué.
D’après la préfecture, le préjudice financier pour les garimpeiros – «mineurs» en portugais, terme désignant les orpailleurs illégaux en Guyane – s’élève «à environ 4 millions d’euros». Cinquante tonnes de matériel et de denrées diverses, 30.000 litres de carburant, 12 km de tuyaux de chantier, six concasseurs, 90 groupes électrogènes, 37 quads, 15 pirogues et leurs moteurs ont été saisis.
Seuls 750 grammes d’or ont été saisis. Les forces armées ont également détruit 900 carbets – constructions en bois servant d’abri aux mineurs clandestins – et mis la main sur 3 kg de mercure et 140 moteurs de motopompe. Ces moteurs sont essentiels dans l’extraction aurifère illégale qui se concentre principalement sur l’or alluvionnaire, en surface. À l’aide de lances à eau, les «garimpeiros» raclent le sol, concassent les sédiments et agglomèrent les paillettes d’or avec le mercure, interdit dans l’orpaillage depuis 2006 en raison de sa toxicité.
10 tonnes d’or extraites illégalement chaque année
Située dans le nord-est de l’Amérique du Sud, la Guyane compte 296.711 habitants. On extrait de son sous-sol de grandes quantités d’or, un de ses principaux produits d’exportation avec le bois et le poisson, selon le site internet du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer.
D’après les opérateurs miniers locaux, 10 tonnes d’or seraient extraites illégalement de Guyane chaque année par les «garimpeiros». Les autorités estiment qu’ils sont 6000 à 10.000 sur le territoire, provenant surtout des pays voisins, Brésil et Suriname.
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Source : AFP / Le Figaro