La Guyane, département amazonien de 300 000 habitants, fait face à une épidémie de dengue d’une ampleur sans précédent depuis une vingtaine d’années, selon les chiffres alarmants publiés par Santé publique France. Depuis le début de l’année 2023, 5 800 cas confirmés de dengue ont été recensés, dont 2 996 rien qu’en 2024. La situation est critique, avec une moyenne de 800 nouveaux cas déclarés chaque semaine depuis janvier.
Les autorités sanitaires de la région sont en alerte, soulignant que la présence de deux génotypes de la dengue parmi les quatre existants contribue à l’intensification de l’épidémie. La saison des pluies aggrave la situation en créant des zones d’eau stagnante propices à la reproduction des moustiques Aedes, vecteurs du virus.
Le problème ne se limite pas à la Guyane, car le Brésil voisin est également confronté à une épidémie de dengue sans précédent. Le moustique Aedes albopictus, communément appelé « moustique tigre », peut véhiculer divers virus, dont ceux du chikungunya, de la dengue et du zika. Le nombre de cas de dengue explose au Brésil, en particulier à Brasilia, avec des hôpitaux débordés par l’afflux de patients fiévreux.
Le changement climatique agit comme un catalyseur de ces épidémies, favorisant la circulation du virus et son expansion, comme l’explique le directeur de l’Institut Pasteur de Cayenne, Christophe Peyrefitte. Les travaux de l’Institut Pasteur soulignent que les épidémies de dengue deviennent plus fréquentes et plus intenses en raison de la pression démographique croissante.
Face à cette crise sanitaire, la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) a activé une cellule de suivi en collaboration avec les services de l’État pour mettre en place des mesures visant à endiguer la propagation de la dengue. Des actions concrètes, telles que l’accélération de l’enlèvement des véhicules hors d’usage, ont déjà été prises pour éliminer les sites favorables à la reproduction des moustiques.
Cependant, la bataille contre la dengue ne se limite pas à des mesures locales. La coopération internationale et des stratégies globales sont nécessaires pour contrôler la propagation de la maladie dans cette région tropicale et au-delà, à la lumière des défis croissants posés par le changement climatique et l’urbanisation rapide