Le chef de l’État va se rendre jeudi 13 septembre chez Josette Audin, la veuve de Maurice Audin, disparu en juin 1957 à Alger, après avoir été arrêté et torturé par des parachutistes du général Massu.(1)
Un « système légalement institué »
C’est l’occasion pour Emmanuel Macron de reconnaître une forme de responsabilité de l’État dans l’utilisation de la torture pendant la guerre d’Algérie à travers l’existence d’un « système légalement institué », révèle France Inter, jeudi.
Le président de la République va annoncer sa décision d’ouvrir toutes les archives nationales pour qu’enfin on sache ce qui est arrivé exactement au mari de Josette Audin, mathématicien, membre du Parti communiste et militant anticolonialiste, dont le corps n’a jamais été retrouvé.
Selon l’Élysée, « Emmanuel Macron a décidé qu’il était temps que la Nation accomplisse un travail de vérité » sur la disparition de Maurice Audin. Si sa mort est « en dernier ressort, le fait de quelques-uns », elle a été rendue possible par un « système légalement institué » appelé « arrestation-détention » qui « autorise les forces de l’ordre à arrêter, détenir et interroger tout ‘suspect' ». Les pouvoirs spéciaux accordés à l’armée ont été « le terreau malheureux d’actes parfois terribles, dont la torture »…
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(1)Massu et la torture :Jacques Massu a été accusé par d’anciens combattants FLN algériens, notamment Louisette Ighilahriz, d’avoir donné son aval aux pratiques de torture pendant la guerre d’Algérie et même d’y avoir participé. Il a confirmé l’essentiel de ses précédentes déclarations quant aux pratiques et aux descriptions faites dans son livre La Vraie Bataille d’Alger. Dans un entretien télévisé5, en 1971, il déclare « J’ai dit officiellement que je reconnaissais l’existence de la méthode et que je la prenais sous ma responsabilité. », ainsi que « la torture telle que j’ai autorisé qu’elle soit pratiquée à Alger ne dégrade pas l’individu. » Il dit avoir expérimenté la gégène sur lui-même (à vitesse réduite) pour voir ce que ça donnait, et d’ailleurs il avait invité ses officiers à en faire de même6. Le journaliste Jean-Charles Deniau affirme que Maurice Audin, le militant communiste, a été exécuté sur ordre du général Massu7. À la question des 4 000 disparus entre janvier et avril 1957 sous la responsabilité des parachutistes français recensés par Paul Teitgen, le secrétaire général à la police d’Alger en 1957, Massu répond que ce dernier s’était trompé de vocation. La fin de la guerre d’Algérie a été suivie d’une large loi d’amnistie pour les actes commis en relation avec cette dernière, qu’ils soient du fait du Front de libération nationale (FLN), de l’Organisation armée secrète (OAS) ou des militaires français. Cette loi fut encore complétée en 1966, en juillet 1968 et en 1982.
Le 22 juin 2000, Jacques Massu reconnaît le recours à la torture par la police et l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Il avoue qu’avec le recul la torture ne lui paraît « pas indispensable en temps de guerre » et qu’on pourrait « très bien s’en passer »8,9.