Une pétition recueille déjà plusieurs milliers de signatures
Le 9 décembre dernier, un événement politique majeur a secoué la Guadeloupe lorsque Barbara Olivier-Zandronis, une journaliste de la radio RCI Guadeloupe, a été écartée de l’antenne après une interview tendue avec le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. Cette décision a déclenché une réaction en chaîne de la part de plusieurs personnalités politiques et a ravivé le débat sur la liberté de la presse.
Dans une lettre ouverte publiée le même jour, cinq élus guadeloupéens éminents, dont les députés Elie Califer, Max Mathiasin, et Olivier Serva, ainsi que les sénateurs Solanges Nadille et Victorin Lurel, ont exprimé leur indignation face à l’éviction de Barbara Olivier-Zandronis. Ils ont souligné le professionnalisme de la journaliste lors de l’interview avec Jordan Bardella, la qualifiant d' »occasion pour la journaliste d’interroger son invité en toute impartialité, sans la complaisance trop souvent de mise dans certains médias nationaux ».
Les élus ont déploré le retrait de l’antenne de la journaliste, considérant que son engagement envers une information juste et sa volonté d’exercer son métier de manière consciencieuse ont été injustement punis. Ils ont également pointé du doigt Jordan Bardella, estimant que c’est lui qui aurait dû être sanctionné pour son comportement lors de l’interview. Dans leur lettre, ils ont appelé au « rétablissement urgent » de Barbara Olivier-Zandronis pour lui permettre de poursuivre son travail « en toute sérénité ».
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a également réagi à l’événement, dénonçant sur X l’éviction de Barbara Olivier-Zandronis et critiquant la « meute médiatique » qui, selon lui, reste silencieuse dans ce contexte. Il a souligné une prétendue « indignation à géométrie variable », faisant référence à son expérience personnelle de critiques après un tweet.
En réponse à ces réactions politiques, le groupe RCI a émis un communiqué pour clarifier la situation. Ils ont souligné que le retrait de Barbara Olivier-Zandronis de la présentation du journal de 13 heures était une décision d’entreprise, motivée par l’engagement envers l’amélioration continue du média et le développement professionnel des journalistes. Le groupe a insisté sur le fait que la journaliste n’avait pas été mise à pied ni exclue de l’antenne, demeurant partie intégrante de la rédaction. Ils ont également affirmé refuser toute complaisance et toute ingérence politique, se positionnant contre toute instrumentalisation de leurs actions à des fins politiques.
Hervé de Haro, directeur délégué de RCI Guadeloupe, a justifié la décision en soulignant que Barbara Olivier-Zandronis avait mené un « débat politique » plutôt qu’une interview, ajoutant que la réaction aurait été la même pour n’importe quel autre parti politique.
Face à cette situation, une pétition en ligne a été lancée pour rétablir Barbara Olivier-Zandronis à l’antenne de RCI Guadeloupe, rassemblant plusieurs milliers signatures jusqu’à présent. La radio a réitéré son engagement envers la liberté de la presse et a condamné toute ingérence dans son fonctionnement.
La pétition
Rétablir Barbara OLIVIER-ZANDRONIS à l’antenne de RCI Guadeloupe
Pourquoi cette pétition est importante
Petition Lancée par Didier JERNIDIER
La journaliste Barbara OLIVIER-ZANDRONIS ne présentera plus de journal sur RCI Guadeloupe jusqu’à nouvel ordre, à l’antenne de RCI Guadeloupe après avoir interviewé Jordan BARDELLA, président du Rassemblement National ( ex FN), vendredi 8 décembre sur le média radio RCI Guadeloupe.
En tant que fervents défenseurs de la liberté d’expression et du respect pour l’histoire coloniale récente de la Guadeloupe, nous, Guadeloupéens, sommes profondément troublés par la suspension de Barbara OLIVIER-ZANDRONIS.
Large leader avec 50,3% de part d’audience, RCI Guadeloupe est un média de référence, important dans le paysage médiatique de nos îles. Cette suspension sonne comme une menace pour la liberté d’expression et de la presse en France et particulièrement en Guadeloupe. La censure est un problème grave qui touche à l’un des fondements les plus importants de notre démocratie : le droit à la parole libre et sans entrave.
Selon Reporters sans frontières, la France se classait 34ème au monde pour la liberté de presse en 2021. Il est triste que dans un pays qui se targue d’être le berceau des droits de l’homme, nous devons nous battre pour que chaque voix soit entendue, surtout celles qui osent poser des questions difficiles.
En tenant compte du passé colonial récent en Guadeloupe, il est essentiel que nous soutenions les journalistes qui cherchent à donner une voix à tous les aspects politiques et sociaux qui affectent notre communauté.
Pour rappel, de multiples membres du FN ( devenu RN ) ont écopé de condamnations pour incitation à la haine raciale.
Nous demandons donc le rétablissement de notre journaliste, Barbara OLIVIER-ZANDRONIS, à l’antenne.
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Communiqué de Combat Ouvrier en soutien à Barbara Olivier -Zandronis
Combat ouvrier dénonce avec vigueur la mise à l’écart de la journaliste Barbara Olivier-Zandronis de l’antenne de RCI Guadeloupe par sa direction suite à l’interview du représentant du Rassemblement national Jordan Bardella le vendredi 7 décembre 2023.
Une telle décision n’a rien à voir avec une soi-disant faute professionnelle, comme le sous-entend la direction du groupe. Elle relève plus de la décision politique d’une direction qui se montre en définitive plus sensible à la circulation des idées nauséabondes aux orientations politiques présentées par M. Bardella qu’à celles de la majorité de ses auditeurs et de la population de Guadeloupe et de Martinique. Les orientations politiques de M. Bardella sont celles de l’extrême droite. Elles vont à l’encontre des intérêts des populations immigrées et plus largement des populations non blanches mais aussi à l’encontre des intérêts des travaillleurs.
Ce faisant, cette sanction est aussi une offense pour les populations de Guadeloupe et de Martinique.
Combat ouvrier apporte son soutien à Madame Barbara Olivier-Zandronis, la journaliste injustement sanctionnée et exige son rétablissement à son poste sans délai.
Lundi 11 décembre 2023
Pour Combat ouvrier
Louis Maugée
0696 22 89 71