Guadeloupe : Qui va demain payer la crise à venir ?
— Par Jean-Marie NOL —
Croissance, chômage, moral des entreprises, consommation : tous les voyants de l’économie de la Guadeloupe seront bientôt au rouge VIF . Le pays sous-estime-t-il la gravité de sa situation ?
La réponse est oui : nous sous-estimons la gravité de la situation, car ce qui se passe échappe à nos mesures.
Ce qui est en jeu, c’est le moral et la confiance . Le moral des entrepreneurs guadeloupéens , avec moins de stocks et aussi moins d’investissement, et on voit ce qui se passe avec la décélération du crédit, notamment aux petites et moyennes entreprises, le moral des ménages, et on voit la chute de la construction, et aussi le freinage de la consommation.Ce moral est essentiel, en liaison avec ce qui se passe ailleurs en France Métropolitaine , avec les impôts,avec les charges , avec le chômage. En même temps, et ceci échappe encore plus aux statistiques de l’INSEE et des analyses de conjoncture de l’IEDOM , tous les agents économiques sont plus aux aguets et réactifs que jamais et ce alors que la situation exige d’être surtout pro-actifs. La volatilité est entrée plus encore dans les esprits et dans les comportements, avec un raccourcissement des horizons. C’est ce qui est très grave, avec un risque de sur-réaction des entreprises , si les nouvelles ne sont pas bonnes dans les semaines qui viennent, ou les messages, ou les rumeurs de grève ou encore de blocage . Une crise économique est un phénomène brutal de la situation économique et des perspectives économiques . Une telle crise comporte souvent (mais pas systématiquement) des répercussions sur le niveau des salaires et la valeur du capital (immobilier , valeurs boursières), provoque des faillites et du chômage , accroît les tensions sociales, et peut même avoir des répercussions sanitaires.
La crise, pour certains comme l’économiste et juriste guadeloupéen dolto , est le moment de retournement d’un cycle économique . Dans cette optique , pour dolto la crise économique est parfois vue comme un phénomène qui ne se termine qu’avec l’adoption d’une nouvelle structure sociale et d’un nouveau modéle économique .
L’impasse que constitue pour la Guadeloupe la politique de la demande était en début d’année encore un point d’interrogation. C’est désormais une réalité, une certitude. La France est en récession pour la troisième fois en 6 ans… et la ponction fiscale de près de 2 points de PIB programmée dans la loi de finances 2013 n’a pas encore produit ses effets négatifs, que déjà le gouvernement songe à durcir sa politique d’austérité pour 2014. Or, c’est bien l’incapacité de la France à retrouver le chemin de la croissance qui aggrave la dérive budgétaire et qui va provoquer inexorablement la défiance des ménages et des entreprises et surtout la montée du populisme comme on le voit aujourd’hui avec la qualification du candidat du Front National et l’élimination du candidat socialiste au 2ème tour de la législative partielle de ce dimanche à villeneuve sur lot .
La croissance se dérobe à un rythme tel que la stratégie de réduction du déficit est vouée à l’échec. Dans le même temps, la récession accélère la destruction de l’appareil productif, comme en témoigne la litanie des défaillances d’entreprises. En Guadeloupe, les conditions d’une nouvelle crise de défiance sont de la sorte réunies comme en 2009 . D’autant que les mécanismes de sauvegarde financière des crédits affectés aux DOM TOM, mis en place par François Hollande, ne sont déjà plus à la hauteur des risques du fait de la promesse de crans supplémentaires dans les politiques de rigueur en 2014 . Dans l’état délétère de la croissance en France Métropolitaine, le débat sur les 40% vient d’être relancé non par hasard par le gouverneur de la Banque de France . Il reviendra inévitablement sur le devant de la scène, car, le problème de la France est le poids de son service public ,de son coûteux modéle social et de la redistribution.
Mais là encore, il n’y a guère de surprise. Le principe de l’Etat providence et de la sécurité sociale a été théorisé en 1942 dans le rapport Beveridge, au Royaume-Uni. Or il y a eu un second rapport Beveridge en 1950 qui précisait que le modèle d’Etat providence n’était viable que dans une économie de plein emploi… Or , cela fait très longtemps que la France n’est plus une société de plein emploi.
Aussi, la question qui se pose à la France depuis 25 ans et de manière urgente aujourd’hui est celle de la refondation de l’Etat providence. Or syndicats, fonctionnaires et de nombreux français ne sont pas près a cela et les politiques le savent… faute de réforme cela sera donc la chute. Pourra -t-on l’éviter EN Guadeloupe tant le financement de l’économie dans notre île repose, dès lors, sur les subventions de la République, subventions directes comme pour les autres collectivités territoriales, subventions indirectes de la défiscalisation ; et là, mauvaise nouvelle, le Conseil constitutionnel en supprimant le 4% du revenu déductible a renvoyé le dispositif, pourtant essentiel au développement du bâtiment, à la maigre déduction de 10 000 euros par contribuable ; Quel est l’état économico-social réel de l’Outremer français ?
La métropole ne va déjà plus très bien, et cela s’accélère depuis la fin des Trente glorieuses. Et donc l’Outremer suit la même logique. En dehors de la Nouvelle-Calédonie qui connaît le plein emploi et une croissance insolente grâce à ses exportations de nickel, tous les indicateurs économiques de l’Outremer sont au rouge. Polynésie, Réunion, Guadeloupe, Martinique, Wallis et Futuna et autres, les symptômes sont les mêmes : chômage endémique, une économie archaïque basée sur la demande et subventionnée par l’UE, un tourisme peu séduisant à cause des prix artificiels qui repoussent les touristes qui peuvent trouver moins chers dans d’autres pays de la zone inter-tropicale, et enfin un secteur industriel qui n’a jamais décollé. Pour l’instant, ces territoires sont totalement dépendants et ne pourront pas dans l’état actuel des choses rentrer dans un cercle vertueux, le mur est proche. Bien évidement ce ne sont pas les médias qui vont nous l’expliquer ouvertement, mais l’économie de la Guadeloupe va inévitablement vaciller à un moment ou à un autre , et nous sommes tous concernés car nous serons tous les victimes de cet effondrement . .
Répétons-le, tout cela est intenable économiquement, mais aussi politiquement. Une stratégie de rupture va devoir faire sauter les verrous que j’ai évoqué dans un précédent article . Attendre une inflexion de l’austérité en France, même après les élections, est illusoire. Alors ne soyons pas dupes de la situation et d’un conservatisme qui est trop souvent la norme depuis longtemps….On demande des esprits imaginatifs en Guadeloupe et cet apport-là, il n’a pas de prix… dans le contexte de la vraie crise à venir .Jean-Marie NOL
La réponse est oui : nous sous-estimons la gravité de la situation, car ce qui se passe échappe à nos mesures.
Ce qui est en jeu, c’est le moral et la confiance . Le moral des entrepreneurs guadeloupéens , avec moins de stocks et aussi moins d’investissement, et on voit ce qui se passe avec la décélération du crédit, notamment aux petites et moyennes entreprises, le moral des ménages, et on voit la chute de la construction, et aussi le freinage de la consommation.Ce moral est essentiel, en liaison avec ce qui se passe ailleurs en France Métropolitaine , avec les impôts,avec les charges , avec le chômage. En même temps, et ceci échappe encore plus aux statistiques de l’INSEE et des analyses de conjoncture de l’IEDOM , tous les agents économiques sont plus aux aguets et réactifs que jamais et ce alors que la situation exige d’être surtout pro-actifs. La volatilité est entrée plus encore dans les esprits et dans les comportements, avec un raccourcissement des horizons. C’est ce qui est très grave, avec un risque de sur-réaction des entreprises , si les nouvelles ne sont pas bonnes dans les semaines qui viennent, ou les messages, ou les rumeurs de grève ou encore de blocage . Une crise économique est un phénomène brutal de la situation économique et des perspectives économiques . Une telle crise comporte souvent (mais pas systématiquement) des répercussions sur le niveau des salaires et la valeur du capital (immobilier , valeurs boursières), provoque des faillites et du chômage , accroît les tensions sociales, et peut même avoir des répercussions sanitaires.
La crise, pour certains comme l’économiste et juriste guadeloupéen dolto , est le moment de retournement d’un cycle économique . Dans cette optique , pour dolto la crise économique est parfois vue comme un phénomène qui ne se termine qu’avec l’adoption d’une nouvelle structure sociale et d’un nouveau modéle économique .
L’impasse que constitue pour la Guadeloupe la politique de la demande était en début d’année encore un point d’interrogation. C’est désormais une réalité, une certitude. La France est en récession pour la troisième fois en 6 ans… et la ponction fiscale de près de 2 points de PIB programmée dans la loi de finances 2013 n’a pas encore produit ses effets négatifs, que déjà le gouvernement songe à durcir sa politique d’austérité pour 2014. Or, c’est bien l’incapacité de la France à retrouver le chemin de la croissance qui aggrave la dérive budgétaire et qui va provoquer inexorablement la défiance des ménages et des entreprises et surtout la montée du populisme comme on le voit aujourd’hui avec la qualification du candidat du Front National et l’élimination du candidat socialiste au 2ème tour de la législative partielle de ce dimanche à villeneuve sur lot .
La croissance se dérobe à un rythme tel que la stratégie de réduction du déficit est vouée à l’échec. Dans le même temps, la récession accélère la destruction de l’appareil productif, comme en témoigne la litanie des défaillances d’entreprises. En Guadeloupe, les conditions d’une nouvelle crise de défiance sont de la sorte réunies comme en 2009 . D’autant que les mécanismes de sauvegarde financière des crédits affectés aux DOM TOM, mis en place par François Hollande, ne sont déjà plus à la hauteur des risques du fait de la promesse de crans supplémentaires dans les politiques de rigueur en 2014 . Dans l’état délétère de la croissance en France Métropolitaine, le débat sur les 40% vient d’être relancé non par hasard par le gouverneur de la Banque de France . Il reviendra inévitablement sur le devant de la scène, car, le problème de la France est le poids de son service public ,de son coûteux modéle social et de la redistribution.
Mais là encore, il n’y a guère de surprise. Le principe de l’Etat providence et de la sécurité sociale a été théorisé en 1942 dans le rapport Beveridge, au Royaume-Uni. Or il y a eu un second rapport Beveridge en 1950 qui précisait que le modèle d’Etat providence n’était viable que dans une économie de plein emploi… Or , cela fait très longtemps que la France n’est plus une société de plein emploi.
Aussi, la question qui se pose à la France depuis 25 ans et de manière urgente aujourd’hui est celle de la refondation de l’Etat providence. Or syndicats, fonctionnaires et de nombreux français ne sont pas près a cela et les politiques le savent… faute de réforme cela sera donc la chute. Pourra -t-on l’éviter EN Guadeloupe tant le financement de l’économie dans notre île repose, dès lors, sur les subventions de la République, subventions directes comme pour les autres collectivités territoriales, subventions indirectes de la défiscalisation ; et là, mauvaise nouvelle, le Conseil constitutionnel en supprimant le 4% du revenu déductible a renvoyé le dispositif, pourtant essentiel au développement du bâtiment, à la maigre déduction de 10 000 euros par contribuable ;
Quel est l’état économico-social réel de l’Outremer français ?
La métropole ne va déjà plus très bien, et cela s’accélère depuis la fin des Trente glorieuses. Et donc l’Outremer suit la même logique. En dehors de la Nouvelle-Calédonie qui connaît le plein emploi et une croissance insolente grâce à ses exportations de nickel, tous les indicateurs économiques de l’Outremer sont au rouge. Polynésie, Réunion, Guadeloupe, Martinique, Wallis et Futuna et autres, les symptômes sont les mêmes : chômage endémique, une économie archaïque basée sur la demande et subventionnée par l’UE, un tourisme peu séduisant à cause des prix artificiels qui repoussent les touristes qui peuvent trouver moins chers dans d’autres pays de la zone inter-tropicale, et enfin un secteur industriel qui n’a jamais décollé. Pour l’instant, ces territoires sont totalement dépendants et ne pourront pas dans l’état actuel des choses rentrer dans un cercle vertueux , le mur est proche. Bien évidement ce ne sont pas les médias qui vont nous l’expliquer ouvertement, mais l’économie de la Guadeloupe va inévitablement vaciller à un moment ou à un autre , et nous sommes tous concernés car nous serons tous les victimes de cet effondrement . .
Répétons-le, tout cela est intenable économiquement, mais aussi politiquement. Une stratégie de rupture va devoir faire sauter les verrous que j’ai évoqué dans un précédent article . Attendre une inflexion de l’austérité en France, même après les élections, est illusoire. Alors ne soyons pas dupes de la situation et d’un conservatisme qui est trop souvent la norme depuis longtemps….On demande des esprits imaginatifs en Guadeloupe et cet apport-là, il n’a pas de prix… dans le contexte de la vraie crise à venir .Jean-Marie NOL