Guadeloupe et Martinique : les députés votent le dépistage gratuit du taux de chlordécone

Cet insecticide, utilisé aux Antilles jusqu’en 1993 et toujours présent dans les sols, est un perturbateur endocrinien, classé par l’OMS comme cancérogène possible.

Les populations de Guadeloupe et de Martinique pourront bénéficier d’un dépistage gratuit de leur taux de chlordécone dans le sang, selon un amendement adopté dans la soirée du mardi 17 décembre par les députés, lors de la nouvelle lecture du projet de loi de finances 2020.

Le chlordécone, un insecticide utilisé aux Antilles jusqu’en 1993 et toujours présent dans les sols, est un perturbateur endocrinien, classé par l’OMS comme cancérogène possible. Il a été utilisé aux Antilles dans les bananeraies de 1972 à 1993 et a durablement pollué les sols de Martinique et de Guadeloupe.

Près de quarante ans après l’utilisation de cet insecticide, 95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais sont aujourd’hui, selon Santé publique France, contaminés par le produit, qui a aussi des incidences sur le développement des enfants exposés pendant la grossesse, avec une hausse des risques de prématurité notamment.

L’amendement, porté par les députés de Guadeloupe Olivier Serva (LRM) et Justine Bénin (MoDem), prévoit de mettre en place une prise en charge gratuite du dépistage de la population du taux de chlordécone dans le sang. Actuellement, un dépistage sanguin coûte entre 80 et 140 euros.

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L’Etat, « premier responsable »

Selon l’amendement, la mise en place de ce dépistage se fera en concordance avec le lancement d’une grande campagne de sensibilisation au dépistage sur les territoires de la Guadeloupe et de la Martinique.

Cet amendement reprend celui de la sénatrice PS de la Guadeloupe Victoire Jasmin, qui a été adopté début décembre par le Sénat, prévoyant de majorer de deux millions d’euros les crédits 2020 pour lutter contre l’exposition des populations de Martinique et de Guadeloupe au chlordécone. Il intégrait notamment la prise en charge gratuite du dépistage.

L’Etat est « le premier responsable » de la pollution au chlordécone, selon le rapport, présenté fin novembre, d’une commission d’enquête parlementaire, qui a demandé des « réparations ». La commission d’enquête a estimé que l’Etat avait « fait subir des risques inconsidérés, au vu des connaissances scientifiques de l’époque, aux populations et territoires de Guadeloupe et de Martinique ».

Le chlordécone se retrouve actuellement dans l’eau, certains légumes, viandes et poissons, entraînant des interdictions de cultiver certains produits et des interdictions de pêche, aux conséquences économiques importantes.

Source LeMonde.fr & AFP