A voir en VO le 22 avril à Madiana
— Par Myriam Barthélémy —
On sort du cinéma très ému par la fin de ce film qui nous trame la relation d’un jeune garçon Eric et de son père Gabriel tous deux issus d’un milieu humble de la société colombienne.
Après la séparation avec sa mère le jeune Eric , accompagné de sa chienne « Lupe », se voit contraint de partager le quotidien d’un père qu’il ne connaît guère pour ne pas dire qu’il ne connaît pas. D’ailleurs, assez rapidement Franco Lolli , le réalisateur, amène son spectateur à partager les relations qui s’établissent entre les trois protagonistes le trio fils/père et chienne « Lupe », qui ne semblent reliées que par l’affection portée autour de cette chienne.
Cet homme d’une quarantaine d’années aux traits marqués ressemble davantage à un marginal dépressif et tourmenté qu’à un homme réellement inséré dans la société.
Le film nous montre très vite que l’activité professionnelle du père (Gabriel) se limite à poncer de vieux meubles pour des gens « riches » ou du moins ayant un niveau socioéconomique bien supérieur au sien !
Le garçonnet ne sourit guère pendant le film, il est tourmenté, désorienté par l’abandon forcé de sa mère, ses attitude peuvent s’avérer parfois violentes auprès de son entourage. Mal dans sa peau, Eric ne parvient pas à trouver sa place auprès de son père et éprouve une grande difficulté à accepter sa propre filiation.
María Isabel, professeur d’université, femme sensible issue d’un milieu aisé, aide son père Gabriel, en lui offrant de petits boulots , elle décide alors de tendre la main à Eric. Elle lui propose de partager quelques jours de vacances au moment de Noel, afin de l’éloigner quelques temps de son quotidien aux allures pitoyables.
L’atmosphère ambiante dénote vite avec l’éducation et le milieu social du jeune garçon, Eric devient peu à peu le souffre-douleur des autres garçons de la famille, comme si les profondes inégalités sociales et les différentes incompréhensions le ramenaient à nouveau à ce rapport de classe, d’argent et de morale.
Malgré les neuvaines récitées en cette période de Noel, la charité chrétienne de cette famille paraît détournée de ses vraies valeurs, celles de venir en aide à son prochain. Seule l’empathie de María Isabel envers Eric semble définir cette « gente de bien » !
Eric, en manque de repère décide donc à son tour de laisser cette « famille » si aimante au départ pour se réfugier malgré tout chez son père qui avait décidé de rentrer à Bogota quelques jours auparavant.
La fin du film , extrêmement touchante et émouvante nous amène à assister à la mort de « Lupe », atteinte d’un cancer , le père ne peut parvenir à la soigner, tous deux décident alors de l’euthanasier pour mettre fin à ses souffrances , les larmes sur les joues d’Eric telles des gouttes d’acide coulent sur les yeux de l’enfant mais en même temps sur les joues des spectateurs les plus sensibles qui ne peuvent s’empêcher de s’émouvoir face à cette terrible scène qui marquera la fin du film.
C’est côte à côte que les deux protagonistes rentrent à leur domicile, comme si la mort de « Lupe » les avait rapprochés à tout jamais.
Shoelcher, le 15/04/2015
Myriam Barthélémy