— Par Marie Vaton —
Né aux Etats-Unis dans les années 2000, le « natural hair movement » fait de plus en plus d’adeptes en France. En affichant leurs cheveux naturels, les femmes noires militent pour la reconnaissance de leur identité.
Dans « Americanah », l’héroïne Ifemelu passe son temps dans un temple de la coiffure afro de Philadelphie. Là, parmi les lotions de défrisage bon marché, elle raconte les rêves d’intégration et les désillusions de ses « sœurs d’Afrique » qui aspirent à devenir de parfaites Americanahs, comme on désigne ces Nigérians qui veulent tenter l’aventure au pays de l’Oncle Sam.
De ces femmes, qui investissent tout leur temps et leur argent pour obtenir des cheveux lisses et légers comme le vent et ressembler aux Blancs. Le best-seller de la Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie est un roman capillaire.
Les cheveux en sont les idiomes principaux : lissés, défrisés, ils dénaturent la beauté noire. Naturels, ils fascinent ou dérangent la communauté blanche. Dans l’inconscient collectif occidental, souvent intériorisé par les femmes noires, les cheveux afros sont « indisciplinés », « ébouriffés », « rebelles », comme l’expliquent des dizaines d’articles provenant de magazines féminins. Il s’agit donc de « dompter » leur « nature sauvage », de « lisser » sa « crinière de lionne ».
« Souvent, tout le bestiaire animal de la brousse africaine y passe », constate Ketsia Mutombo, du collectif Féministes contre le Cyberharcèlement. « Les cheveux, comme la couleur de la peau, ne sont jamais un sujet neutre. Ils ont toujours été utilisés pour racialiser, pour hiérarchiser les peuples. »…
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