Cette exposition hors du commun organisée à la Fondation Beyeler fait un tabac et réunit 50 œuvres magiques de celui a révolutionné l’art moderne.
C’est l’exposition de tous les superlatifs. Cinquante Gauguin sont réunis à Bâle dans les salles hautes et lumineuses de la Fondation Beyeler. Les prêts émanent de treize pays – du Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid au Museum of Modern Art de New York en passant par les légendaires collections du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg ou du musée Pouchkine de Moscou –, ce qui n’est pas une mince affaire à réunir si l’on en croit Sam Keller. Le directeur de la fondation est manifestement heureux d’être venu à bout d’un projet qui a exigé plus de six ans de préparation et fait exploser tous les plafonds d’assurance : 2,5 milliards de francs suisses.
L’exposition aligne les chefs-d’œuvre avec une rectitude quasi horlogère. On compte notamment pas moins de cinq autoportraits, de la toile fringante de 1893-1894, où l’artiste se figure palette à la main, chapeauté d’astrakan, au tableau plus sombre de 1903, année de la disparition de Gauguin. Le peintre n’a trouvé ni à Tahiti ni aux îles Marquises l’éden dont il rêvait. Il a le regard fixe des égarés, porte des lunettes étroites et ne prend pas la peine de masquer une grande cicatrice au cou. Il est à bout de ressources mais pas à bout de génie.
100.000 visiteurs en deux mois
Mort d’épuisement à 55 ans dans une cabane du bout du monde, figure emblématique de l’artiste maudit, Gauguin est l’homme des paradoxes : son destin crépusculaire ne coïncide pas avec les peintures lustrées de couleurs et serties d’exotisme qu’il a produites. Des œuvres douces et sensuelles qui séduisent les foules tant elles font croire au mythe baudelairien d’un monde où tout ne serait « qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ». Le public est donc là, il accourt en masse : 100.000 visiteurs depuis le début de l’exposition il y a deux mois. Un record déjà. Ils viennent voir Nafea faaipoipo (« Quand te maries-tu? ») (1892) de la collection Staechelin, un sublime tableau aux tonalités de fresque qu’ils ne reverront pas de sitôt car l’œuvre a été achetée 300 millions de dollars par le Qatar en février dernier.
Ils admirent La Javanaise au corps d’ambre, Hannah, la maîtresse du peintre, qui pose nue dans un fauteuil, avec un petit singe, symbole du péché, à ses pieds…
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Bâle (suisse) Envoyée Spéciale Natacha Wolinski –