— Source AFP —
Gaston Flosse, l’homme fort de la Polynésie française depuis 30 ans, a perdu la présidence de la collectivité vendredi soir, après la notification de son inéligibilité dans une affaire d’emplois fictifs et le refus de François Hollande de le gracier.
Le 23 juillet, la Cour de cassation avait confirmé sa condamnation à quatre ans d’emprisonnement avec sursis, 125 000 euros d’amende et 3 ans d’inéligibilité dans cette affaire, mais le haut-commissaire de la République en Polynésie française a attendu le refus de la grâce présidentielle pour la lui notifier vendredi.
Le procès en appel de l’affaire des emplois fictifs avait eu lieu en octobre et novembre 2012. Aux côtés de Gaston Flosse, on y retrouvait d’anciens députés, des maires, des syndicalistes, ou encore des journalistes, tous soupçonnés d’avoir été payés pour assurer la propagande de son parti, le Tahoeraa Huiraatira.
Il était reproché à Gaston Flosse, 83 ans, d’avoir embauché des personnes qui avaient travaillé dans un service social, dans des mairies ou une radio. Beaucoup étaient des militants de son parti.
Brouille avec Sarkozy
Selon lui, ses démêlés judiciaires sont liés à sa brouille avec Nicolas Sarkozy. Les poursuites se sont en effet multipliées sous la présidence de ce dernier, alors que ses adversaires politiques le jugeaient « protégé par la justice » sous celle de Jacques Chirac. Gaston Flosse est cofondateur du RPR et ami de Jacques Chirac, qui est le parrain de l’un de ses fils.
Le haut-commissaire de la République lui a notifié sa condamnation vendredi soir en mains propres, ce qui entraîne la perte de son mandat de président de la Polynésie française. Son mandat de sénateur (DVD), en revanche, dépend d’une procédure qui relève du Sénat, du Conseil constitutionnel et du ministère de la Justice, selon le haut commissariat.
Le rejet de la demande de grâce présidentielle a été transmis par le parquet général, vendredi après-midi. La demande de grâce de Bruno Sandras, un maire polynésien condamné dans la même affaire, a aussi été rejetée. Gaston Flosse conserve la possibilité de déposer un référé suspension devant le Conseil d’État. Mais selon le haut-commissariat, l’inéligibilité du président polynésien est néanmoins immédiate.
Le vice-président Nuihau Laurey va assurer les affaires courantes, jusqu’à l’élection d’un nouveau président par l’assemblée de la Polynésie française. Cette élection est sans suspense : Gaston Flosse a plusieurs fois annoncé que son ex-gendre Édouard Fritch lui succéderait, et leur parti dispose d’une large majorité à l’Assemblée (38 sièges sur 57). Son élection est prévue dès jeudi prochain.
« Je dis bravo M. François Hollande »
Édouard Fritch, actuel président de cette assemblée, doit laisser le perchoir au ministre du logement Marcel Tuihani, un autre proche de Gaston Flosse. Pour sa succession au Sénat, il a poussé les candidatures de l’une de ses élues à l’assemblée, Teura Iriti, et de son gendre, l’avocat Vincent Dubois, la Polynésie disposant de deux sièges de sénateur. Leur élection, fin septembre, ne devrait être qu’une formalité, le parti de Gaston Flosse disposant d’une très large majorité de grands électeurs dans les 48 communes de Polynésie.
Gaston Flosse n’a fait aucune déclaration vendredi soir. Son principal adversaire politique, Oscar Temaru a réagi dans la presse locale en rappelant la proximité entre Jacques Chirac et Gaston Flosse : « Et si M. Chirac était toujours président de la République, que se serait-il passé ? Tout ça encore une fois aurait été étouffé ! Alors je dis bravo M. François Hollande ».
Président de la Polynésie française entre 1984 et 1987, puis de 1991 à 2004, Gaston Flosse a connu neuf ans de traversée du désert, entrecoupés de deux brefs retours au pouvoir, avant d’être réélu en mai 2013. Gaston Flosse est inéligible pour trois ans. Dans son entourage, on n’exclut pas son retour en politique, en 2017. Il aura alors 86 ans.