Dépenses de lobbying en augmentation rapide, débauchage de hauts fonctionnaires, contacts à l’Élysée, partenariats financiers avec des médias, des thinks tanks et des institutions de recherche… Plongée dans la redoutable machinerie de lobbying et d’influence déployée en France par les géants du web Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft.
Plongée dans la redoutable machinerie de lobbying des géants du web Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft en France.
Le rapport GAFAM Nation. La toile d’influence des géants du web en France est le premier tableau d’ensemble des stratégies d’influence des géants américains du web en France, qui leur ont permis de s’enraciner dans le pays et jusqu’au plus profond de l’État, en dépit des scandales et des discours officiels sur la « souveraineté numérique ».
Les GAFAM ont grandi rapidement jusqu’à atteindre les premiers rangs mondiaux en termes de capitalisation boursière ou de chiffre d’affaires. Sur fond de critiques croissantes et de réveil des régulateurs, ils ont sorti l’artillerie lourde pour défendre leurs intérêts. Ils recourent aux mêmes méthodes de lobbying que les multinationales plus anciennes, mais avec des ressources encore plus considérables, et un pouvoir d’influence accru par leur prise directe sur l’opinion et par leur pénétration au coeur des administrations publiques.
En juillet 2022, le scandale des « Uber Files » a mis en lumière le cynisme des moyens d’influence déployés par Uber pour s’imposer sur le marché européen. Ce sont au fond exactement les mêmes moyens d’influence qui sont mis en œuvre par Amazon, Google et les autres en France, même si ces groupes préfèrent généralement afficher une posture positive et conciliante qui contraste avec l’agressivité d’Uber.
Parmi les principaux enseignements de ce rapport :
- Les dépenses déclarées de lobbying des GAFAM en France ont été multipliées par trois entre 2017 et 2021, pour atteindre environ 4 millions d’euros annuels.
- Les GAFAM s’assurent en même temps les services de nombreux cabinets de lobbying : au moins 8 à Paris et 10 à Bruxelles pour Google par exemple selon les données des registres de transparence.
- Les lobbys sectoriels du secteur numérique, qui représentent environ 1,5 million d’euros de dépenses supplémentaires de lobbying, comptent tous des GAFAM parmi leurs membres, ce qui empêche de distinguer entre les intérêts du GAFAM et ceux du reste du secteur numérique.
- Malgré les révélations des « Uber Files », la plus grande opacité continue de régner sur les rendez-vous entre dirigeants politiques français et représentants des GAFAM.
- Les GAFAM, à commencer par Google, ont débauché des dizaines d’anciens hauts fonctionnaires ou responsables d’autorités de régulation pour les aider dans leur travail d’influence.
- Les géants du web ont conclu des partenariats avec des think tanks, des médias, des grandes écoles et institutions de recherche représentant des millions d’euros en France.
- Le manque d’expertise et de moyens au sein de l’administration et des services publics permet aux GAFAM de se positionner en partenaires incontournables des pouvoirs publics pour aider à régler les problèmes qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer.
Publié le 13 décembre 202