— Par Selim Lander —
Joseph Delteil est l’un des quelques écrivains, à l’instar de Jean Giono, qui font l’objet d’une sorte de culte au sein d’une petite secte de fidèles… tout en laissant les autres lecteurs passablement indifférents. C’était donc un acte de foi, de la part des programmateurs des « Petites Formes », que de programmer Delteil en clôture du festival, et doublement puisque son texte conte l’histoire de saint François d’Assise.
A partir de là, la réaction face à ce spectacle sera évidemment très différente suivant qu’on adhère ou qu’on n’adhère pas à l’écriture de Delteil et/ou à la foi chrétienne. L’auteur a bien déclaré qu’il voulait parler de « François d’Assise », l’homme plutôt que le saint, mais enfin les envolées mystiques ne manquent pas dans son texte et l’hymne à la nature et aux petits oiseaux épuise vite ses vertus… théâtrales.
Reste l’interprétation. Le programme du festival précise que Robert Bouvier, le comédien-adaptateur, a joué cette pièce (?) plus de 400 fois : c’est dire qu’il est rodé ! De fait son interprétation se déroule sans la moindre hésitation, ce qui demeure méritoire au vu de la longueur d’une représentation qui s’étire indûment. Rares, en effet, les spectateurs – y compris les enthousiastes – qui n’auront pas somnolé à un moment ou un autre.
Citant une critique de Télérama, le programme évoque « une mise en scène (d’Adel Hakim) pétillante de liberté ». Est-ce parce que le comédien se montre entièrement nu pendant quelques instants, dans une traduction littérale du texte ? Il y aurait un article entier à écrire sur la nudité qui est devenue un poncif des metteurs en scène. Elle peut apparaître gratuite ou vulgaire, voire excitante, ou dérangeante. Dans ce dernier cas seulement, elle apporte quelque chose au spectacle[i]. Si ce n’est guère le cas ici, elle conforte malgré tout l’image d’un François en communion avec la nature.
On a admiré le décor rectiligne et minéral d’Yves Collet et les passages musicaux davantage que le lyrisme de Delteil, vite lassant.
[i] Les participants à la rencontre interrégionale des directeurs de lieux ou de festivals qui se déroulait parallèlement au festival des Petites Formes ont pu admirer la performance d’Annabel Guérédrat, I’m a Bruja, exemplaire de ce qu’un(e) artiste peut exprimer avec son corps nu.