Une rubrique pour sourire un peu. Où l’on parle, sur le mode humoristique, de choses graves. Aujourd’hui, samedi 9 mai 2020, les transports individuels ou collectifs, les embouteillages qui s’y rattachent, et l’eau à la maison sur l’île.
Pour ajouter humblement mon grain de sel de Foyalaise, à voir passer les automobiles devant chez moi, je dirais que d’aucuns, confondant le samedi avec le lundi, ont anticipé le « déconfinement ». Quand aux dramatiques querelles de l’eau, auxquelles le citoyen lamda ne comprend plus rien, si l’on n’y prend garde, on finira par perdre pied et s’y noyer !
Le « À l’arrêt ! » du coronavirus
Quasiment dans tous les pays du monde où il est question de déconfinement, une des préoccupations majeures est celle des transports collectifs. Chez nous, par contre, cette problématique est mineure, subsidiaire pour ne pas dire, en rien préoccupante. Ki avan konfinman, ki an mitan konfinman, ki apré konfinman, sé menm bagay. Pani lotobis !
En réalité, la problématique principale du transport en commun chez nous, comme cela est le cas depuis plusieurs décennies, c’est celle du transport individuel. Ki donk, celle de la voiture de chacun. Ce chacun étant davantage au fil des années, celle de la majorité. Et, c’est bien connu, c’est la majorité qui l’emporte. Zavè tjou mel ki pran plon ek ki pani loto !
Aussi, à partir de lundi, jour national de déconfinement, ce sera — ne vous inquiétez pas — le retour à la normale automobile. Embouteillages, yon dèyè lòt, ba mwen lè pou man roulé… En plus, avec cette histoire de geste barrière kon yo ka di-a, ce sera moi tout seul dans ma voiture. Encore plus qu’avant, man pa ka batjé pèsonn pou kontaminé mwen. Pa rété la !
Chacun dans l’embouteillage, nous nous sentirons élevés au rang de légionnaire du civisme sanitaire. Une médaille que pourrait nous décerner notre autorité organisatrice des transports.
Au jour d’aujourd’hui, après confinement, si on entend aléliron dans le pays des professionnels de tous les secteurs ki ka goumen pour revoir la lumière, koté transports publics, c’est nenni !
Les usagers, lé maléré ki pani loto yo za annwè dépi lontan. Sé pa yonn-dé ti jou anplis ki ké chanjé lavi yo…
Il n’est point besoin de rappeler le grand migan dans lequel se noie, depuis antan lontan, l’organisation du transport public collectif de notre pays. C’est vrai que ce plat-là est moins chaud que le macadam de l’eau potable. Si le manque d’eau touche toutes les couches sociales, il n’en est pas de même pour le manque de transports. Sé pa tout moun ki bizwen kar !
Notre pays ne peut pas vivre sans eau. Par contre, il peut, et c’est de plus en plus le cas au fil des années, se passer des transports collectifs.
Interrogé sur la question de la reprise des transports publics après le 11 mai, le préfet, sans véritablement le dire, a laissé comprendre entre les lignes qu’il — c’est à la mode — s’en lave les mains. Et il a bien raison ! L’Autorité unique des transports tant revendiquée durant des années est là. À nous et à nos élus de décider ce qu’on en fait ! Et pour l’instant, on en a fait une cuisine de mauvais goût pour les usagers. Et dire qu’on revendique aussi l’autorité unique de l’eau !
Bref, ce transport public là, déjà infecté par le virus des grèves à répétition, déjà contaminé par les bactéries des magouilles de traitance, sous-traitance, co-traitance… Fiévreux et contagieux par des séries de pannes quotidiennes d’un parc hors norme. Mortifère par des guerres intestines de pouvoir syndical, on peut vraiment se demander si ce transport de Martinique là doit survivre au Covid-19.
Il est acquis que les usagers, parents alliés et amis, veulent sa disparition sans fleurs ni couronnes et dans la plus stricte intimité. Et surtout, sans héritage
Rudy Rabathaly-France-Antilles, le samedi 9 mai