« Flic », une enquête de Valentin Gendrot, en librairie

— Communiqué de l’éditeur—

Aujourd’hui, jeudi 3 septembre 2020, paraît en librairie notre “projet secret”.

Depuis deux ans, afin de garantir sa publication, nous l’appelons ainsi entre nous. Pourquoi ? Car nous avons dû prendre certaines précautions inhabituelles : imprimer ce livre à l’étranger pour plus de discrétion, inviter les journalistes à lire le manuscrit dans le huis-clos du cabinet de notre avocat et, bien sûr, tenir notre langue.

Voici donc “Flic”, l’histoire vraie d’un journaliste qui, durant deux longues années, a infiltré la police française. Jamais personne n’avait tenté – et réussi – un tel exploit.

Que se passe-t-il derrière les murs d’un commissariat ? Pour répondre à cette question, Valentin Gendrot a mis sa vie entre parenthèses. Il a suivi la formation de l’école de police de Saint-Malo et a fini par atteindre son objectif : devenir policier dans un quartier populaire parisien. 

Durant six mois, Valentin Gendrot a intégré le commissariat du 19e arrondissement de Paris. Une arme à la ceinture, le journaliste sous couverture a rejoint une brigade dont certains membres tutoient, insultent et distribuent régulièrement des coups à des jeunes hommes noirs, d’origine arabe ou migrants qu’ils surnomment “les bâtards”.

Valentin Gendrot ne cache rien. Il relate la précarité des conditions de travail, le suicide d’un collègue du commissariat survenu lors de son immersion, mais aussi les propos racistes émis par des agents de l’État, les bavures, la violence. 

L’auteur raconte, en détail, comment il assiste au tabassage d’un adolescent noir par un collègue policier. Alors que le jeune homme de 16 ans a porté plainte pour violences policières, Valentin Gendrot découvre, de l’intérieur, comment ses collègues étouffent l’affaire.

Cette infiltration unique nous délivre les secrets que seuls les policiers partagent ; Valentin Gendrot nous ouvre l’antichambre où personne n’est jamais entré.

Après deux ans de discrétion forcée, nous sommes fiers de pouvoir vous présenter “Flic”. 

“Flic”, Valentin Gendrot, 300 pages, 18 euros

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« Tabassages » et manque de moyens: un journaliste raconte deux ans d’infiltration dans la police en France

Violences, insultes racistes et homophobes mais aussi manque de moyens, suicide et mal-être des troupes : dans un livre à paraître jeudi (« Flic », éditions. Goutte d’or), un journaliste raconte ses deux années mouvementées d’infiltration dans la police parisienne.

Spécialiste des infiltrations, Valentin Gendrot a voulu explorer une institution « clivante » en utilisant cette méthode controversée, objet d’un débat récurrent chez les journalistes. « Ca fait bouger les lignes », justifie l’auteur de 32 ans.

Ouvrier à la chaîne ou salarié de Lidl : il a déjà raconté ses six précédentes infiltrations dans un livre sous pseudo (« Les enchaînés », Ed. Les Arènes) et un documentaire sur France 2.

Sa plongée clandestine dans la police commence en septembre 2017. Sous son vrai nom, il intègre l’École nationale de police de Saint-Malo, en sort « adjoint de sécurité » –le plus bas grade hiérarchique– puis est affecté un an à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris.

Il décroche ensuite le poste qu’il visait: le commissariat du XIXe arrondissement de Paris, quartier populaire de la capitale. Il y officie entre mars et août 2019 au moment où la mobilisation des « gilets jaunes » nourrit les accusations de violences policières.

Dans un entretien à l’AFP, il raconte son premier jour, « complètement stupéfait » : la mise en service de son arme est chaotique, il voit « un policier frapper un gardé à vue » trop bruyant, tandis qu’une femme est éconduite alors qu’elle vient déposer une main courante après des « menaces de mort » de son mari.

Passage le plus explosif de son livre, Valentin Gendrot assure également avoir assisté à une « bavure » commise par un collègue et que lui-même a couverte avec d’autres policiers.

Ce jour-là, sa patrouille est appelée par un voisin se plaignant de jeunes écoutant de la musique au pied d’un immeuble.

Selon son récit, le contrôle dégénère quand un des policiers « tapote » la joue d’un adolescent qui, en réponse, provoque le fonctionnaire: « Je te prends en un contre un ».

Le policier met une première « baffe » au jeune homme qui réplique verbalement. Le policier « dégoupille » alors : « Une claque, puis deux, puis trois, peut-être quatre ou cinq », affirme le journaliste.

Il « se déchaîne » ensuite à « coups de poings » et d’insultes sur l’adolescent, qui est alors embarqué au commissariat pour vérification d’identité, raconte-t-il sans détailler dans son livre la gravité de ces blessures.

Les deux portent plainte : le policier pour outrage et menaces, l’adolescent pour violences.

Un PV « mensonger » est alors rédigé pour « charger le gamin et absoudre » le policier, affirme M. Gendrot qui incriminera lui aussi l’adolescent lors d’une enquête interne.

« La police est un clan » et « celui qui dénonce, un traître », justifie Valentin Gendrot. En s’accusant d’avoir couvert son collègue, le journaliste explique à l’AFP avoir voulu contribuer à « dénoncer mille autres bavures de ce type », même si « ça a été une décision extrêmement compliquée à prendre ».

— Pas un livre « anti-flic » —
Son livre évoque aussi nombre de ferments de la grogne au long cours des personnels: voitures et locaux hors d’âge, suicide d’un collègue et hostilité de la population (un gardé à vue les invite ouvertement à se suicider), salaire de 1.340€ mensuels nets à Paris.

Il s’inquiète aussi que « n’importe qui (puisse) devenir flic » : son statut de journaliste n’a jamais été découvert et sa formation de trois mois est selon lui lacunaire, « low cost » selon le mot d’un instructeur.

Devançant d’éventuelles critiques, il souligne que son travail n’est « pas anti-flic » mais aborde les « grands tabous de la police ».

« C’est aussi dans leur intérêt qu’on parle des violences policières », « toujours le fait d’une minorité », dit-il ainsi. D’après lui, « la majorité » de ces fonctionnaires « paie la mauvaise réputation et le climat de tension effroyable qu’il y a entre les habitants et la police. »

Valentin Gendrot concède toutefois sa « peur » des réactions que son livre pourrait susciter dans la police mais se dit prêt à contre-attaquer.

« Tout est vrai », certifie-t-il, assurant disposer de « documents » et de « preuves ».

Contactée, la préfecture de police n’était pas en mesure de répondre dans l’immédiat aux accusations portées dans ce livre, qui était soumis à un embargo jusqu’à jeudi matin.

Source : AFP