— Le n°259 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
(2) L’espoir africain ?
Au Bénin, une statue géante honore désormais les Amazones, ces guerrières d’hier héroïquement debout face au colonisateur. Soixante ans après l’indépendance, cette statue fait le buzz et… s’ajoute aux symboles à la gloire du colon, encore présents dans le même pays.
Une fronde grandissante en Afrique, dénonce le franc C.F.A. qui, même rebaptisé, reste un instrument de contrôle et d’exploitation géré par le colonialisme français.
Le Mali chasse les troupes françaises et, les uns après les autres, les pays africains questionnent voire secouent la fameuse « Françafrique », nom de code du néocolonialisme français. L’un de ces moyens, c’est la diversification de leurs partenaires extérieurs.
En écho à ces nouvelles tendances, des fractions grandissantes de la jeunesse africaine dénoncent le néocolonialisme « occidental » et ses valets locaux.
Tous ces éléments sont positifs et contribuent, dans une nouvelle géopolitique, à un monde plus multipolaire.
Mais la géopolitique ne saurait remplacer… la politique tout court ! Et celle-ci nous invite à situer dans le temps plus long les évolutions actuelles. À ce niveau il convient de faire un premier constat.
Les balbutiements actuels de la décolonisation de l’Afrique, montrent que les indépendances des années 60 n’étaient que des caricatures d’indépendance. Le dire à l’époque conduisait à encourir les foudres du nationalisme bourgeois. Il faut bien redire aujourd’hui que ce nationalisme d’hier ne pouvait conduire qu’au résultat qui est sous nos yeux : la nécessité toujours actuelle de la décolonisation.
Soixante ans de pouvoirs néocoloniaux sont passés par là, et ont ouvert les yeux à une plus grande partie des populations africaines, instruites des tragédies du continent depuis le massacre de l’U.P.C. du Cameroun, l’assassinat de Lumumba et les millions de morts au Congo, d’Amilcar Cabral dans les colonies portugaises, la fin douloureuse des espérances levées par Thomas Sankara au Burkina Fasso, la déception devant l’évolution du MPLA angolais, etc. Mêmes les illusions ayant accompagné la fin de l’apartheid sud-africain, s’envolent dans la corruption et la perpétuation de la misère des classes d’en-bas.
Il faut aujourd’hui répéter avec plus de force, que la décolonisation de l’Afrique sera une réalité, lorsque les masses laborieuses auront pris le contrôle total de l’économie pour la gérer dans l’intérêt du plus grand nombre.
C’est ce que le Che proclamait à partir du sous-continent américain : « ou révolution socialiste ou caricature de révolution »!
Et s’il est totalement légitime et salutaire que les gouvernements actuels desserrent l’étreinte du colonialisme européen en traitant dans les domaines qui les intéressent avec les pays de leur choix, les travailleurs et les peuples africains ont tout intérêt à se garder de toute illusion concernant, non pas les bourgeoisies impérialistes « occidentales », déjà bien connues pour leur essence prédatrice, mais les autorités chinoises et russes que certains veulent leur présenter comme de bienveillantes alliées. Certes, celles-ci n’héritent pas d’un passé colonial en Afrique mais plutôt de lourdes traditions de domination de peuples géographiquement proches. Avant les Ukrainiens, les Tchètchènes ont appris à leurs dépens ce que signifie la trique de l’impérialisme russe et les Tibétains peuvent largement parler de la conception chinoise du droit à l’autodétermination des peuples !
Il serait bien naïf de croire que des États capables de comportements impériaux aussi classiques dans ce que les Russes appellent leur « étranger proche », se transformeraient soudain en amis solidaires et désintéressés des peuples africains, plus lointains géographiquement, historiquement, ethniquement !
Le rétablissement du capitalisme sauvage, reconnu en Russie et bien mal déguisé en Chine, enlève tout frein à l’appétit des élites de ces pays pour l’exploitation des matières premières et de la main d’œuvre de l’Afrique, quand ce n’est pas pour l’achat pur et simple d’une partie grandissante de ses terres cultivables.
La décolonisation ne consiste pas à changer de maîtres, mais à prendre le contrôle de ses destinées pour participer librement au « grand rendez–vous du donner et du recevoir » sur un pied d’égalité réelle entre tous les peuples.
Il faut souhaiter que l’éveil des consciences, qui frémit aujourd’hui à une certaine échelle au sein de la jeunesse africaine, s’enrichisse de cette analyse pour éviter qu’une nouvelle fois, de vaillantes et vaillants combattants de l’émancipation du continent premier, ne prennent « dlo mousach pou lèt » !
Aux U.S.A., la population du Kansas préserve son droit à l’avortement
Les électeurs de l’État conservateur du Kansas se sont prononcés, mardi 2 août, pour le maintien du droit à l’avortement.
L’avortement restera autorisé jusqu’à 22 semaines de grossesse ; l’autorisation parentale étant requise pour les mineures.
Ce scrutin est un test politique important car de nombreux États conservateurs ont déjà interdit ou comptent interdire tout droit à l’IVG.
À midi, on comptait le même nombre d’électeurs à cette heure que lors de la présidentielle. L’agente électorale Marsha Barrett déclarait « Cette élection est folle. Les gens sont déterminés à voter. »
À 19 ans, Morgan Spoor votait pour la première fois et a assuré vouloir promouvoir « le droit de choisir ». « Je veux vraiment faire entendre ma voix, surtout en tant que femme. Je ne pense pas que quiconque puisse dire ce qu’une femme peut faire avec son corps ».
Chris Ehly, habitant de Prairie Village, s’est aussi prononcé pour l’I.V.G. afin de « respecter » sa femme et sa fille, « catégoriques sur la question ».
Même si les partisans du « non » ont remporté une claire victoire au Kansas, ils observent avec anxiété les États voisins du Missouri et de l’Oklahoma, qui ont imposé des interdictions quasi totales. Le Missouri n’admet même pas d’exceptions en cas de viol ou d’inceste.
Le vote, qui coïncidait avec les primaires du Kansas, représentait la première occasion pour des électeurs étasuniens d’exprimer leur point de vue sur l’I.V.G. depuis que la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe v. Wade de 1973.
Selon un sondage de 2021, moins de 20 % au Kansas étaient d’accord pour dire que l’avortement devrait être illégal, même en cas de viol ou d’inceste.