— Par Guy Flandrina —
« L’art émeut. De là sa puissance civilisatrice »
V. Hugo
La sphère du spectacle, de la culture… des artistes, ne peut se contenter d’être un pâle jeu d’ombres. Son pendant c’est la lumière ! Les arts sont le miroir de notre identité projetée aux yeux du monde ; le reflet de notre apport particulier à l’universel.
Les libertés d’expression, de création se fortifient dans la rencontre, l’échange, le contact civilisationnel que nous opposons au choc brutal de l’esclavage ayant conduit au naufrage de l’humanisme au XVIIème siècle.
Les oreilles de l’artiste sont à l’écoute du Monde, ses émotions rythment la cadence de nos cœurs et les battements de ses cils peuvent engendrer le souffle d’un nouveau regard planétaire…
Mais, le sage sait que « rien ne distingue le savant muet du sot volubile ».
Parfois citée sur les réseaux sociaux cette phrase dit toute la difficulté de ceux qui savent faire et qu’on ne voit pas ou pas assez.
En effet, à quoi bon être un excellent technicien, un artiste inspiré ? Si on n’a pas l’occasion de le montrer, de le démontrer !
A quoi bon composer, jouer ? Si c’est pour rester dans le petit circuit des bars, restaurants ou autres radios locales ?
A quoi bon peindre et sculpter ? Si c’est juste pour exposer une fois tous les ans (pour les plus chanceux) à l’Atrium ou à l’Habitation Clément et ce, pour un petit public ; toujours le même !
A quoi bon danser, chorégraphier, répéter et souffrir sur les planches ? Si l’œuvre se heurte ensuite aux murs opaques de la diffusion…
Lavi awtis rèd
C’est le ressenti des acteurs de la culture, toutes disciplines confondues. Un sentiment global de frustration matérielle et morale.
Si on met à part, quelques funambules du copinage et du pléré bouden plen, zié sek, on peut dire que l’ensemble de la filière culturelle est en souffrance et en quête d’une vraie politique culturelle forte. Il est juste de dire que, depuis la création du Sermac (Service municipal d’actions culturelles), dans les années soixante-dix par Aimé Césaire, la culture n’est plus la cause nationale qu’elle devrait être.
Les gens de la culture font face à une imprécise nébuleuse de pouvoirs, au centre de laquelle se trouvent l’État avec la DAC (Direction de l’Action Culturelle), la CTM, les communes désargentées, et Bernard HAYOT avec la Fondation Clément.
Nous pensons à MCM qu’il serait dommage de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il y a eu de bonnes synergies potentielles, un travail a été fait, mais il faut absolument coordonner l’ensemble des acteurs autour d’un projet commun.
Conquête du monde
A MCM, nous voulons remplacer la compétition silencieuse de l’État, de la CTM et du principal opérateur privé, par une collaboration stratégique autour d’un plan politique qui consiste à faire de la culture une priorité de notre Martinique.
Il ne s’agit pas là, d’un songe d’intellectuel. Mais, d’une démarche fondamentale car visant à renforcer la prospérité de ce pays, par le développement réel de l’action culturelle coordonnée.
L’économie de la culture est potentiellement aussi importante que celle du tourisme.
Nous voulons ouvrir ce secteur à l’ensemble de la Martinique et d’avantage aux femmes.
Le développement de l’industrie touristique passe aussi par le rayonnement culturel d’une destination. Nos artistes sont des balises qui doivent guider le regard du monde jusqu’à la Martinique ; la politique culturelle de la CTM nouvelle doit en être le phare !
La culture emploie officiellement environ 2.400 personnes (source INSEE) et un nombre imprécis d’acteurs indirects ou occasionnels. Les opérateurs sont principalement masculins et de la zone CACEM.
MCM propose une vraie programmation politique, sur 7 ans, en partenariat avec ceux qui sont sur le terrain culturel au quotidien.
Mais ce que nous proposons surtout, maintenant que l’occasion nous est donnée, c’est que chaque Martiniquais redevienne un soldat de sa culture et qu’ensemble nous partions à la conquête du monde.
Kassav a ouvert la voie ! Nos voix, nos instruments, nos talents sont nos armes pour un assaut pacifique mais déterminé.
Faisons nôtre cette devise de Jacques BREL :
« La qualité d’un homme se calcule à sa démesure ; tentez, essayez, échouez même, ce sera votre réussite » !!!
Mi Chans Matinik !