— Entretien réalisé par Victor Hache —
Depuis près de vingt ans, le festival Mythos de Rennes défend la question de l’oralité au travers des histoires qu’il met en avant de manière originale. Aujourd’hui l’événement a élargi sa proposition pour englober les arts de la parole au sens large du conte, au récit, du théâtre à la chanson (1). Une programmation délibérément éclectique qui propose une cinquantaine de spectacles à l’occasion de la 19è édition de Mythos. Rencontre avec Mael Le Goff, son directeur artistique.
Mythos depuis sa création met en valeur les arts de l’oralité. En quoi est-ce important de défendre la parole dans nos sociétés contemporaines?
Mael Le Goff : J’ai le sentiment qu’aujourd’hui on communique beaucoup mais qu’on ne se parle plus vraiment. On voit bien qu’un certain nombre de propositions artistiques mettent en avant la forme, les images. On reproduit ce qui attire les gens par des images un peu choc et des choses à consommer facilement. Aujourd’hui il s’agit de reformer le cercle, de redonner place à cette parole millénaire qui a toujours existé, que les sociétés traditionnelles entretenaient de génération en génération. La question des histoires, comment elles circulent, se transmettent, tout cela est au cœur de nos préoccupations. Quand les publics se trouvent face à des raconteurs d’histoires, on observe aussitôt l’intérêt, le voyage qui s’opère, la magie.
Vous revendiquez le droit à l’éclectisme artistique à travers une programmation qui repose sur le récit, le conte, le théâtre ou la chanson. Existe-t-il un dénominateur commun à toutes ces formes d’art?
Mael Le Goff : C’est la question de comment on continue à raconter des histoires. Au fil de la programmation cette année, il y a peut-être un dénominateur à trouver à travers des paroles engagées. Des paroles non pas forcément «militantes », mais qui regardent la société contemporaine. C’est un changement qui s’opère depuis quelques années. On voit des artistes qui avaient tendance à raconter des histoires en lien avec des contes, des mythes, des légendes, qui commencent à faire résonner les questions de la société contemporaine – par exemple le conflit israëlo-palestinien – avec un certain nombre de mythes fondateurs et d’histoires universelles.
Des thèmes qui font écho à l’évolution du monde…
Mael Le Goff : Ils peuvent aller du politique au sociétal. Pendant un moment, on a vu un certain nombre d’artistes s’élever et c’était salvateur, pour dépeindre les maux de la société avec une parole plus politique. Aujourd’hui, il y a tout un mouvement qui va vers une parole sociétale, parfois scientifique. Je pense à Sébastien Barrier et à son dernier spectacle «Savoir enfin qui nous buvons » où il évoque la question des vignerons qui font tout un travail autour du vin naturel. Tout à coup, par ce prisme-là, il nous emmène dans la petite histoire des gens qui racontent la grande histoire de la société contemporaine. On est en prise avec le réel et on voyage à travers un univers poétique, onirique.
Quels sont les spectacles qu’il ne faut pas manquer ?
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