— Par Marie-José Sirach —
Olivier Py a présenté le menu de la prochaine édition. Avec, en guest star, Christiane Taubira.
C’est au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, à Paris, qu’Olivier Py a joué les maîtres de cérémonie pour présenter à la presse la teneur de la 71e édition du Festival d’Avignon: 34 créations, 41 spectacles, du jeune public, du moins jeune public, des expositions, un spectacle itinérant, du théâtre, de la danse, de l’entre-deux baptisé « indiscipliné », des habitués, des pas habitués…
La cour d’Honneur accueillera un spectacle de l’immense metteur en scène japonais Satoshi Miyagi, qui, il y a trois ans, à la carrière Boulbon, nous avait enthousiasmés avec son Mahabharata. Il a choisi de monter Antigone, de Sophocle, féministe avant l’heure, une rebelle, celle qui dit non. Il sera beaucoup question de femmes dans les pièces montées de cette prochaine édition, qu’elles soient héroïnes ou metteures en scène. Il sera aussi beaucoup question d’Afrique, avec des metteurs en scène et chorégraphes qui viendront présenter la vitalité et l’énergie de la scène subsaharienne : Afrique du Sud, Rwanda, République démocratique du Congo, Bénin, Burkina Faso…
Christiane Taubira s’est vu confier le feuilleton inauguré il y a deux ans par Alain Badiou, un rendez-vous quotidien ouvert au public (gratuit). L’ancienne garde des Sceaux, dont on connaît l’érudition et le goût pour la poésie et les poètes, a pour mission de réunir des grands textes politiques d’hier et d’aujourd’hui qui interrogent les fondamentaux de la démocratie. Anne-Laure Liégeois, metteure en scène, aura pour mission leur mise en espace avec les élèves de cette institution.
Soixante-dix ans après la création du Festival d’Avignon, on regrette que le nom de Vilar n’ait pas été prononcé. Non par culte du passé ni de la personnalité. Simplement pour se souvenir que l’acte fondateur qui a prévalu à la création du festival fut un acte politique fort qui plaça l’art et la culture au cœur des enjeux d’un pays en ruines où tout était à inventer. Soixante-dix ans plus tard, que reste-t-il de l’esprit d’Avignon ? La ruine aurait-elle définitivement disparu du paysage ? En séparant le débat d’idées de la fabrique théâtrale, ne coupons-nous pas le théâtre de sa vocation à se saisir du politique, à interroger les raisons du chaos en Syrie, à Sarajevo mais aussi ici, chez nous, souvent pas très loin, de l’autre côté du périphérique ? Souvenons-nous de l’avertissement de Rousseau pour qui « tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins »…
Festival d’Avignon, du 6 au 26 juillet. Ouverture de la billetterie le 12 juin
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