— Communique de presse de l’A3C —
L’Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe a dernièrement rappelé que la seule chose à faire, face à la pandémie du coronavirus en Martinique, était de rester chez soi et de se confiner, le plus grand nombre possible, c’est-à-dire tout ceux qui ne sont pas nécessaires à la santé et au fonctionnement élémentaire d’une vie sociale et économique ramenée à sa plus simple expression.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, la situation mondiale, et encore plus en Martinique, est gravissime.
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Il est de plus en plus évident que la préoccupation première est le confinement du plus grand nombre pour ralentir la progression de la maladie. Tous les experts savent pertinemment que personne ne sait quand finira la pandémie, mais tous savent qu’elle ne sera finie ni en juin ni en juillet 2020 et que nous connaîtrons sans doute de nombreuses rechutes. Par ailleurs, ralentir la progression de la maladie n’est pas l’éteindre. Personne ne sait comment l’éteindre. Tout ce que l’on sait avec certitude est que la maladie progresse à toute vitesse, et qu’elle touche tout le monde. Autrement dit tout le monde deviendra à un moment ou à un autre un vecteur de propagation de la maladie. Alors quel est le problème ?
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Le problème vient de la mortalité de toutes nos vieilles personnes qui va se transformer en une véritable hécatombe en Martinique, renforcée par les traditions qui sont les nôtres en matière de veillées et d’enterrement, de fidélité à ceux qui nous sont chers et donc de rupture de confinement au sein d’un groupe âgé. Or cette mortalité pourrait être atténuée si les pics de la maladie étaient repoussés.
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Car, il faut le dire, la pénurie scandaleuse de masques, de liquides hydroalcooliques fait que les médecins de ville, les dentistes et bien des infirmières refusent de contracter la maladie pour le seul serment d’Hippocrate parce qu’un médecin vivant est plus utile que mort ou même malade. Cette fermeture des cabinets a pour conséquence de réorienter les malades potentiels, réels ou atteints d’autres maladies, de se diriger vers les services de l’hôpital qui ne peut plus les accueillir, si en plus nous atteignons une surcharge liée au pic de la maladie.
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En effet, on parle aujourd’hui de choix, de tri parmi les malades du coronavirus : on privilégie les jeunes au détriment des vieux, sans même s’interroger si les vieux ne sont pas chefs d’entreprise en charge de salariés, ou soutiens de famille qu’on laissera dans la détresse. Et, nous ne parlons même pas d’épidémie de dengue qui semble se préparer étant donné l’explosion de moustiques que chacun a pu constater. Et nous ne parlons pas non plus de la sécheresse qui rend bien difficile dans certaines communes de pouvoir se laver les mains pour échapper au virus ! Non, la Martinique est mal ! Et nos autorités sanitaires, préfectorales, voire nos élus, nous ont laissés dans une situation de détresse épouvantable. L’eau ? Il y a bien longtemps que le service de l’eau aurait dû être refait de fond en comble…et la captation de l’eau au niveau de nappes phréatiques saines, voire par une usine désalinisation de l’eau de mer si nos nappes sont polluées au chlordécone et aux pesticides !
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Faire croire, au stade où nous sommes que nous serons sortis d’affaire d’ici 45 jours est une plaisanterie. Tenter de faire croire que l’on peut suppléer les enseignants par une école virtuelle est une plaisanterie d’autant plus sinistre que les serveurs de colibris sont saturés et ne fonctionnent que cahin-caha, et que bon nombre de nos élèves dans les établissements publics n’ont pas d’ordinateurs à leur disposition chez eux. Va-t-on alors les envoyer former des groupes facilement contaminables qui reviendront chez eux disséminer le virus ? C’est de l’imbécilité. Nous disons sans ambages, qu’il n’y aura pas de fin d’année scolaire cette année. Il n’y aura ni bac ni examen d’aucune sorte, voire sans doute guère de mutation. Pour les anciens qui s’en souvienne, ce fut le cas en 1968 et cela n’a pas été une catastrophe comme on veut nous le faire croire.
En réalité, ce coronavirus sert le pouvoir en place et le ministre de l’Education – il suffit de se reporter déjà aux propos d’Agnès Buzyn aux journal le Monde. Cet ancien ministre de la santé, qui mentait comme elle respirait avoue avoir peur de cette pandémie et ne pas comprendre l’attitude du président de la République et du Premier ministre qui l’envoie « au charbon », quand il aurait fallu sonner le tocsin !
Dans son allocution, le président de la République a voulu faire croire que le pouvoir contrôlait la situation même s’il a parlé de guerre. Il a voulu faire croire que les services publics étaient au top, services publics que son gouvernement s’efforce de laminer voire de supprimer au profit du privé. Quant à l’école, on a tenté de faire croire que tout était en place pour la faire fonctionner…à distance ! Programme du ministre Blanquer….encore, heureusement loin de la réalité. Car, imaginer qu’un gamin de 6ème voire de terminale peut se passer de professeur – et ne parlons pas du primaire – est tenter de mettre le doigt dans l’œil des parents en se trompant de trou ! En supprimant les professeurs, en tentant d’informatiser l’école, c’est vouloir automatiser l’école et faire des professeurs, non des intellectuels, mais des sortes de robots humanoïdes. Le veulent-ils ? Les parents le veulent-ils ? Car les enfants privilégiés, aux Etats-Unis ou à Paris ou en Suisse, se préparent dans des écoles triées sur le volet (et chères) à diriger de grandes entreprises, en ayant les meilleurs professeurs du pays.
En d’autres termes, l’éducation nationale n’a jamais été capable d’avoir des logiciels internes de qualité. Elle les a abandonnés les uns après les autres et c’est tant mieux, j’expliquerai un jour pourquoi1.
Dans le même ordre d’idées, on nous a dit que les stocks alimentaires étaient suffisants pour 5 mois. Mais comment faire face lorsque nous découvrons les queues et les étagères désespérément vide qui nous ramènent aux restrictions de la Seconde Guerre mondiale lorsque la France était sous l’occupation nazie ? Rien n’a été prévu !
Nous verrons si les mandats seront payés à nos concitoyens en difficultés, alors que la poste est fermée. On a prévu autre chose ?
Nous verrons si les allocations familiales, les arrêts maladie, les remboursements de médicaments… sont payés sans pour autant faire venir les personnels de la Sécurité Sociale ou de la CAF en utilisant le télétravail.
Nous verrons enfin – sans que la liste soit exhaustive – si les fonctionnaires de Martinique seront payés parce que les services peuvent décentraliser leur fonctionnement et utiliser le télétravail du personnel depuis chez lui.
Dans un ralentissement économique inévitable, la crise que nous connaissons sera bien pire que celle de 1939 parce qu’elle durera déjà plus longtemps, qu’elle engendrera une hécatombe de morts, et qu’elle mettra toute l’économie des pays modernes à terre en faisant exploser le système de mondialisation des productions du capitalisme. Seules les banques et les Etats s’en sortiront puisque le pouvoir est une sorte de magicien capable de faire croire qu’un franc transformé en euro ne vaut plus que 50 ou 25 centimes.
Parce que la crise sera longue, parce que les mesures qui devront être prises seront une série d’effacements : effacement d’une année d’étude, d’un examen, d’une dette, d’une faillite, notre société continuera à vivre. Après tout, toute société a une part importante d’irréel, de construction humaine. Il restera par contre à veiller à ce que ce ne soient pas encore une fois les mêmes qui se retrouveront, exploités, et donc les dindons d’une farce issues de la responsabilité entière de dirigeants incompétents au seul service de l’argent des puissants.
Il reste comme épilogue à s’interroger, une fois de plus sur l’absence de l’armée dans les situations de crises sanitaires comme nous avons déjà eu à le constater dans l’affaire des sargasses. Et donc nous sommes fondés à nous interroger sur son rôle véritable : au service d’une population ou au service d’un pouvoir ? Quoi qu’il en soit, nous pourrons sans le moindre doute, après le chlordécone, les pesticides, et les sargasse, accuser le pouvoir en place de génocide.
Nous disons sans ambages, qu’il n’y aura pas de fin d’année scolaire cette année. Il n’y aura ni bac ni examen d’aucune sorte, voire sans doute guère de mutation. Pour les anciens qui s’en souvienne, ce fut le cas en 1968 et cela n’a pas été une catastrophe comme on veut nous le faire croire.
1 fort d’une expérience depuis 1997 d’animateur aux nouvelles technologies dans un lycée d’Angers avec 400 ordinateurs pour 900 élèves. Dans les Pays de Loire, dont le président de Région était François Fillon qui succédait après un intermède à un baron du gaullisme, Olivier Guichard.
Pointe Savane, le 19/03/2020