— Par Christian Antourel —
Pour cette exposition, la première en Martinique, l’artiste nous invite à un parcours poétique, fruit de sa rencontre avec l’Habitation Saint-Etienne.
Chaque œuvre est un délice. Et nous voyons la grande nécessite du travail de Federica Matta en cette période fascinée par tout ce qui brille. Son art au contraire, retient sa propre lumière. Tout en intériorité, il s’accommode à merveille des jeux géométriques de l’architecture de l’Habitation.et « substitue à l’opacité des murs d’impalpables irisations, de surnaturelles apparitions multicolores, où des légendes (sont) dépeintes comme dans un vitrail vacillant et momentané » Projetés pêle-mêle : sa Sirène multiple se promène dans l’exposition et sur la bouteille « cette cuvée des imaginaires» Ainsi donc , cette répétition voulue par l’artiste devient un symbole dont le signifié nous oblige à nous interroger sur cette ritualisation de l’objet et de son acceptation comme symbole. Les oiseaux aussi scandent les œuvres de Federica Matta, oiseaux préhistoriques ou futuristes ils semblent indispensables et s’envolent pourtant. « Les mémoires des esclaves se sont déclinées pour moi en mille images, comme des éclats de lumière d’un miroir brisé que je ne cesse d’essayer de recomposer. »
Des éclats de lumière
De qui de quoi sommes nous la mémoire ?« C’est la conférence des oiseaux » que nous retrouvons dans le chai de la distillerie. « Edouard Glissant m’a appris à regarder ce qui n’a pas de formes, à créer des images que je ne peux me représenter, à avancer ainsi éveillée dans le monde des rêves » « Quand j’ai lu « Les Indes » vision prophétique du passé, une porte miroir s’est ouverte en moi… » La Poésie est donc notre territoire commun « où nous pouvons changer en échangeant sans avoir peur de nous dénaturer ou de nous perdre », comme le disait Edouard Glissant. Et les Mondes Nomades de Federica Matta dansent avec l’âme vivante du monde. Ce monde fantastique des images lumineuses. C’est ce qui se dit et se découvre dans la fresque du «Voyage des imaginaires » Les dessins sont d’une calligraphie joyeuse, précieuse et généreuse. Les mots, les pensées sont délicats et tellement vrais. Federica Matta a-t-elle gardé le secret de la plume Sergent major pour ses pleins et ses déliés ? Pour l’artiste, l’art a son fondement dans la nature, elle doit la servir et ainsi l’immortaliser. On perçoit dans ses œuvres, que cette nature est aussi celle de l’Homme, dans sa diversité et dans son intensité émotive.
Notre avis
De ses songes Federica Matta laisse dans les jeux de lumière de l’Habitation Saint Etienne des souvenirs magnifiques : dessins, peintures où le regard s’échappe vers d’abondants horizons, où le temps s’écoule comme une neige fine, où l’éclat du trait brûle comme du diamant. Car du matériau le plus simple l’artiste fait surgir la beauté irradiante qui peuple ses cosmogonies et ses imaginaires.
Pratique :
Une exposition personnelle de Federica Matta
Jusqu’à juillet 2017
Habitation Saint-Etienne
97213 Gros Morne
Ouvert tous les jours de 9h à 17 h
Entrée libre.
Renseignements : 05 96 57 49 30 / 05 96 57 49 32.
Christian Antourel.