—- Le n° 388 de « Révolution Socialiste », journal du GRS —
« Que vaut la parole du premier Ministre François Bayrou ? » : fausse naïve question d’Olivier Faure (Secrétaire du PS), se défendant de la récente pseudo « trahison » de Bayrou à l’égard du PS. Quels avaient été les enjeux du deal filandreux entre ces deux personnages ?
Dans la perspective des prochaines élections présidentielles, le PS (sous la pression de son aile droite, Hollande en tête) cherche à s’émanciper de l’hégémonie de LFI (La France Insoumise) au sein du NFP (Nouveau Front Populaire). De son côté, Macron via Bayrou, cherche à approfondir la fragilité évidente de l’unité électorale au sein du NFP.
Bayrou décide de la tenue d’un « conclave », « sans totem ni tabou », entre « partenaires sociaux » sur le dossier des retraites, pour obtenir le non-vote de la censure par le PS. La suite, on la connaît !
Bayrou non censuré, annonce avec aplomb et « sans aucun tabou », qu’il n’est ni raisonnable, ni même possible de revenir sur la retraite avant 64 ans. Cette voie avait été rejetée très majoritairement par des millions de foyers dans la rue, et massivement dans les urnes, lors des dernières législatives. Le PS crie à la « trahison », mais en l’espèce, si traîtrise il y a, qui est le premier « traître » ?
En tout cas, Édouard Philippe, candidat aux prochaines présidentielles, disponible à assurer la continuité des intérêts d’une bourgeoise française de plus en plus radicalisée, n’attendait que cette parole enfin « raisonnable » de Bayrou pour reprendre, avec le cynique Darmanin, l’offensive sur cette question sociale déterminante.
Et voici que le champ médiatique nous présente comme sujet « normal », la perspective de travailler jusqu’à … 70 ans (pour soutenir l’économie de guerre dit le MEDEF) ainsi que la retraite privée par capitalisation, celle qui s’adresse, aux plus « méritant·e·s » de l’économie néolibérale « désenchantée ». On parle de la minorité qui dispose d’un emploi stable, bien payé, lui permettant à la fois de satisfaire besoins quotidiens et épargne, et secondairement capable encore de supporter les « souffrances multiformes au travail », et de plus en plus socialement et psychiquement invalidantes !
Manuel Valls, l’État français, fidèles à ce qu’ils sont devenus !
Manuel Valls est membre d’un gouvernement de droite, solidement tenu en laisse par le RN de Marine Le Pen. Nous sommes en droit de nous demander ce qui a valu à Manuel Valls durant sa visite, cet excès pour le moins indécent d’égards, bien au-delà du protocole, de la part d’une certaine « classe politique » qui exhibe à son frontispice, la figure de Césaire, en l’occurrence, dans le contexte exceptionnel de célébration du centenaire de Frantz Fanon ?
Si « Fanon nous interpelle », notre premier devoir serait de ne pas feindre l’amnésie ! Dans cette perspective, il nous parait politiquement sain, de rappeler que le huitième ministre des DOM en 7 ans de macronisme, se présentant, depuis son exclusion du PS, comme un « républicain de gauche », est celui qui, en tant que premier ministre de Hollande a poursuivi la politique raciste (anti immigration) et répressive du gouvernement précédent (celui de Sarkozy). Politique qui a culminé dans une loi sur la « déchéance de nationalité ».
Ce « Petit Manuel Valls », sobriquet attribué en Catalogne lors de son échec électoral à Barcelone et de ses accointances avec l’extrême droite espagnole, est d’abord le prototype de l’opportunisme en politique. Manuel Valls incarne de plus, la déchéance politique et morale de la praxis social-démocrate dominante en Europe.
Cette politique néolibérale, initiée par Mitterrand, développée par la suite par des dirigeants comme l’impudent Hollande, a pris la forme brutale et autoritaire sous Macron. Elle nous met, (mouvements sociaux politiques et émancipateurs, syndicats) devant l’impératif devoir de préparer la résistance, dans la perspective jusque-là vraisemblable, mais non fatale, d’une arrivée au sommet de l’État français, du parti affichant ouvertement sa HAINE de l’ÉGALITÉ !
Pourtant, c’est bien devant lui, qu’une partie de la représentation politique, le monde des affaires sans surprise, et accessoirement, une élite culturelle, ont déroulé le tapis rouge sur le sol martiniquais. Sol encore éclaboussé du rouge du sang d’hier, et mêlé, depuis des décennies au poison du chlordécone ! Ce monsieur a droit à des visites, somme toute, convenues, et à des balades notamment dans la verdure martiniquaise encore protégée. Mais, quid pour les vastes espaces cultivés et pour la population vivant à proximité, menacée de futurs nouveaux épandages de pesticides devant « sauver » la banane.
À la résidence préfectorale, « profanée hier par Rodrigue Petitot et les siens », ce beau monde a eu droit à un discours sur la fiction de « l’État de droit », dont Retailleau rappelait, en octobre dernier, dans le langage de l’extrême droite, qu’« il n’est ni intangible ni sacré ». Le propos parlait de la lutte contre le narcotrafic, où Valls ne peut rien promettre « sauf des larmes et du sang » pour les trafiquants. Sur le dossier de la vie chère, il arbore une future loi, dont il sait pertinemment qu’elle sera tout, sauf nocive aux intérêts de GBH et consorts.
Est-ce un hasard s’il a attendu le dernier jour de sa visite pour rappeler de ne pas trop attendre de l’État ? En effet, celui-ci depuis des décennies, se débarrasse des habits du social pour enfiler le kaki et les bottes du pénal.