— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Comment un jour devient on fasciné par les civilisations méso-américaines précolombiennes Olmèques, Toltèques, Mayas, Aztèques. Cette relation aux Amérindiens strictement
muséographique et personnelle, sans pulsion de recherche anthropologique, ethnographique ou archéologique.
Depuis des études universitaires, de cheminement en découvertes , de rencontres en étonnement en surprises en France d’abord puis en Guadeloupe, en Martinique, rencontres avec des passionnes ayants la connaissances de l’Histoire précolombienne et la richesse des lieux : Les fonds archéologiques du Musée Edgard Clair du Moule et surtout le parc des Roches Gravées de Trois Rivières. Un autre lieux magique est la coulisse, entre les monts Caraïbes et la mer. Là se trouve quantité de pétroglyphes encore méconnus et une grande roche gravée volontairement inclinée qui trempe sa base dans la rivière représente une femme qui accouche.
Le trouble comme la passion s’insinues par touches successives par degrés exagérés. Par la photo la peinture, et le dessin Hugues Henri a fixé les premières mémoires de son Musée imaginaire. La révélation se fait au grand jour, sans fausse pudeur, convaincante et brillante. L’artiste nous ouvre aujourd’hui les portes de sa fiction artistique. « Les Fantômes caraïbes que j’évoque sont des revenants auxquels je donne forme par la peinture et la photographie retouchée par le photomontage numérique »l’exposition propose 30 toiles sur châssis peintes en acrylique et à l’huile, et 30 photomontages numérique imprimés sur toile. Des images d’Amérindiens bien vivants ceux-là pour porter la mémoire et le lien a leurs ancêtres décèdes décimés. « surgissant de la terre et de l’eau hurlant, vociférant, piquant, tranchant, décapitant , les hommes de Cuitlahuac et de Cuauhtemoc, chefs de guerre Mexicains par derrière par devant, à gauche, à droite attaquaient. Comme des abeilles furieuses attachées à mille ruches, des flèches bourdonnantes, sifflantes, traversaient les cous ,les ventres, les bras, les jambes. Une nuée de pirogues chargées de guerriers poussant des cris de guerre attaquaient. » (cf Le massacre des aztèques)C’est aussi une histoire de transmission ou ils revivent a travers les yeux du spectateur. La pulsion scopique restant toujours de rigueur quand le regard de l’artiste se fait miroir d’une réalité passée puis augmentée, ou quand le regard du poète rencontre celui du spectateur, alors a notre tour on fait le grand voyage avec ceux qui hantent les lieux , les habitent. C’est le travail du plasticien de faire revivre les anciens et de ressusciter le passé aux yeux du XXI siècle éblouie.
Un musée imaginaire
« Des portraits d’Amérindiens intégrés dans des lieux précis martiniquais où ils réapparaissent, revivent, nous interpellent avec leurs auras, leurs regards, leur présence » Hugues Henri ne cache pas qu’il puise son inspiration aux sources livresques et muséographiques de cultures d’Amérique centrale et du brésil qui le fascinent. La richesse créative dont témoignent ses œuvres des plus emblématiques, les éclaires d’une lumière particulière comme surgie de l’intérieur, ainsi que l’aura de ses fantômes caraïbes. La magie qui se dégage des images , leur puissance évocatrices incitent au voyage un regard qui erre de lieux en lieux, chargés de symboles et de sens. La démarche de l’auteur s’inscrit dans une volonté apparente de rendre hommage aux amérindiens ethnocidés, de leur redonner leur vraie place à travers des lieux emblématiques et intemporels. Le parallèle est aisé à pratiquer et le glissement presque naturel puisque c’est tout un passé magnifié, porteur d’histoire qui ressuscite sous nos yeux. Tous ces peuples qui ont eu en partage hélas le triste privilège d’être massacrés par les colons de l’époque peuvent reprendre place dans un présent réinventé.
En pratique !
Une exposition personnelle de Hugues Henri
Villa Chanteclerc, Fort-de-France
Du 20/10 au 28/10/2018
Entrée gratuite
Contact : 0696. 86. 13. 49.