Si biologiquement la race n’a pas de fondement, elle existe bien socialement. Dans des sociétés construites sur l’idée de supériorité d’une race sur d’autres, comment alors cette idéologie pénètre-t-elle au sein des familles et notamment des familles mixtes ?
L’autrice, psychologue, est partie de l’hypothèse que les familles mixtes pouvaient être le lieu idéal d’une prise de conscience et d’une déconstruction du racisme chez les personnes blanches. Interrogeant des familles mixtes interraciales, elle s’est demandé dans quelle mesure la couleur, la race et le racisme imprégnaient leurs relations affectives même entre générations.
Les témoignages recueillis montrent à quel point il est difficile de faire tomber les hiérarchies raciales au sein même des familles. Car croire que l’amour est plus fort que tout serait oublier que l’amour est lui aussi une construction sociale, et qu’il est influencé par la société.
« Il est tout à fait possible d’être contre le racisme ; de penser que le racisme est un mal contre lequel nous devons tous et toutes lutter ; de se marier avec un·e Noir·e ; et, en même temps, d’être raciste. Même dans des relations affectives solides et amoureuses, les hiérarchies raciales construites dans une société raciste peuvent être maintenues et légitimées.»
LIA VAINER SCHUCMAN est l’une des plus importantes chercheuses brésiliennes sur la question raciale dans le domaine de la psychologie. Ce livre est le fruit de sa recherche de post-doctorat en psychologie sociale.
Préface
« L’amour est une construction sociale » : nos affects, nos goûts et nos désirs sont en effet conditionnés par la totalité sociale. Le discours sur un amour « romantique », « pur », « plus fort que tout » cache une autre réalité : même les liens affectifs les plus nobles se forment et se maintiennent au sein d’un monde hiérarchisé, violent et profondément inégal.
La détermination sociale des relations affectives porte donc des complexités profondes qui vont au-delà de constatations générales. Comment et dans quelle mesure les relations
affectives sont-elles influencées par la société ? Pour répondre à de telles questions sans tomber dans des discours arbitraires et des fantasmagories conceptuelles, il faut analyser les relations affectives dans leur caractère concret, étudier comment les subjectivités
individuelles font partie d’une structure particulière et sont en même temps des déterminants du tout social. C’est ce que se propose de faire Lia Vainer Schucman d’une façon rigoureuse, originale et courageuse. – méthodologie impeccable, écriture élégante et généreuse – que par son contenu – thème essentiel aux débats contemporains.
En outre, en abordant les tensions raciales dans les familles, l’autrice affirme que la subjectivité est un aspect structurel de la société et, en tant que telle, est une donnée politique. En effet, on ne peut pas comprendre le Brésil et ses contradictions sans comprendre le processus politique de constitution des sujets.
Enfin, tout désir de transformation sociale et de lutte contre l’inégalité passe par la compréhension de la façon dont le politique constitue, et est constitué, par l’économie raciale des affects. Après tout, si l’amour est une construction sociale, il est aussi politique.
Silvio Luiz de Almeida
Docteur en philosophie et théorie générale du droit (USP).
Professeur de droit à l’université Mackensie et São Judas Tadeu.
Président de l’institut Luiz Gama.
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