— Par Dominique Daeschler —
Fabrice Hyber a imaginé son exposition « La Vallée » comme les différentes classes d’une école, se partageant le savoir et ses méthodes d’apprentissage.
Cet ex-matheux veut incorporer dans le champ de l’art tous les domaines de la vie, il lui faut démonter, ouvrir l’équation. Pourquoi ce nom symbolique de vallée ? Fabrice Hyber met en application sa vision de l’art in situ : il a fait pousser une forêt dans le bocage vendéen sur cent hectares près de la ferme familiale et cette barrière naturelle est pour lui une façon de faire pousser des pensées, de poser les questions de l’enracinement et des mutations.
Sur d’immenses toiles assimilées à des tableaux d’école il écrit d’abord des formules, propose des solutions fait naître par le dessin, l’image, l’objet collé des correspondances , des liens, des spéculations. Le tableau, entre images et mots, révèle les mouvements de sa pensée.
Les toiles disposées dans des espaces fermés devenus salles de classe (çà et là un bureau d’écolier mais pas de bureau du maître),préau, gymnase appellent observation et transmission …Chacun est écolier Au rendez-vous, les arbres, les migrations, la science, le plastique on passe du concept au végétal, à l’objet, car ce sont les équations-mutations du vivant.
Comment respirer dans ce monde foisonnant, comment être en vie, le presque rien que l’on fera sien dans ce trop ? L’immense homme d’argile couché de tout son long et intubé dans tous ses orifices , régénéré par l’eau, nous rappelle notre fragilité en nous appelant à la circulation de la connaissance.
Dominique Daeschler
Fondation Cartier jusqu’au 30 avril 2023