Exposition Basquiat : « Sa créativité a bouleversé notre existence »

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Extrait de « Man from Nables » (Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artesar, New York)

INTERVIEW – L’exposition Basquiat au musée Guggenheim de Bilbao a été inaugurée jeudi en présence des sœurs de l’artiste new-yorkais.

Fauché en pleine gloire, à l’âge de 27 ans en 1988, Jean-Michel Basquiat n’a jamais été aussi vivant et son œuvre est sans cesse décortiquée, analysée. Cinq ans après la rétrospective du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au tour du Guggenheim de Bilbao d’accueillir une centaine de peintures et de dessins du génie américain mort d’une overdose d’héroïne. À chaque fois, c’est une redécouverte, un émerveillement. De nombreuses pièces sortent rarement des collections privées auxquelles elles appartiennent. Et surtout, leur puissance est intacte.

Comme ce très troublant Autoportrait (1983) en ombre chinoise, laissant deviner des dreadlocks, un visage, des épaules. L’épure de l’exécution est exceptionnelle, misant simplement sur un regard perçant qui scrute les âmes. Créée au Canada, l’exposition joue la carte hétéroclite, mélangeant les techniques et les matériaux utilisés par celui qui déclarait être fasciné par l’héroïsme et la rue. De sa passion pour le graffiti à sa collaboration avec son mentor, Andy Warhol, sa représentation du peuple noir opprimé, sa rébellion contre le système, sa vie la nuit avec Madonna dans le New York underground, tout y est. Même les discours de Martin Luther King en fond sonore. Ses deux sœurs, Lisane et Jeanine, 24 et 21 ans à la mort de Basquiat, protègent depuis son héritage. Rencontre.

basquiat_autoportrait-2Comment accueillez-vous cette nouvelle rétrospective?
Jeanine Chaque exposition est unique. L’accrochage, l’architecture du bâtiment et l’énergie dégagée par la ville façonnent une expérience différente. Bien sûr, les œuvres résonnent de manière particulière dans mon cœur : avec ma sœur, nous sommes parfois représentées, ainsi que notre grand-mère. Je reconnais la plupart des motifs mais j’en découvre de nouveaux, encore maintenant.

Lisane Présenter les toiles de Jean-Michel aux jeunes générations, voilà le plus excitant. Le musée Guggenheim permet une déambulation fluide et une immersion complète pour étudier la complexité, la diversité et la force de son travail.

Quelles étaient vos relations avec Jean-Michel?
L. On formait une famille soudée, comme beaucoup d’autres. Il a dévoilé rapidement un talent, un don. Il était spécial, à la marge ; sa créativité, développée de façon exponentielle, a évidemment bouleversé notre existence. C’était un grand frère très protecteur.

Vous a-t-il initiées à l’art?

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Stéphanie Belpêche, envoyée spéciale à Bilbao (Espagne) – Le Journal du Dimanche