— Par Jean-Marie Nol, économiste et chroniqueur —
Aujourd’hui en France, on regarde l’avenir avec une certaine inquiétude. En effet, 76% des Français se déclarent pessimistes quant à l’avenir de la France
L’état de la France vu par les Français en 2024: alors que six Français sur dix restent optimistes pour leur propre avenir, leur vision de l’avenir du pays est plutôt pessimiste, selon une enquête Ipsos pour le CESE. Les principales préoccupations personnelles des français concernent le pouvoir d’achat, la santé, l’environnement et les inégalités, mais la pression migratoire, les incivilités et la délinquance sont leur principale source d’inquiétude pour le pays. Il semble qu’il faille nuancer le constat pour les Guadeloupéens, car la perception de l’avenir n’est pas la même que celle des hexagonaux pour cause vraisemblablement d’un temps ancestral de décalage avec le ressenti des évènements économiques et sociaux.
Depuis les années 2000, l’augmentation de la précarité, la violence de la société, la déliquescence des mœurs, l’implosion de la cellule familiale , la baisse de la démographie et l’expatriation des Guadeloupéens semblent être les sources premières d’inquiétudes des guadeloupéens .
Et pour cause, notre pays a incontestablement une difficulté avec une fraction de sa jeunesse. La faute à l’éducation nationale avec le décrochage scolaire, la baisse du niveau, et à cet exode des jeunes qui a commencé au milieu du 20e siècle avec le BUMIDOM pour des jeunes sans qualification, et qui s’est poursuivi pendant les années de crise de l’emploi avec nos jeunes qualifiés. La crise économique encourage-t-elle un essor de la violence au sein de la société antillaise, une progression de l’émigration des retraités, une fuite des cerveaux ?
La première des grilles d’analyses devrait relever de la sphère économique et sociétale, et non de discussions pseudo sociétale anecdotiques d’ordre morale et de type émotionnelle.
En tout cas, ils sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance d’une vie meilleure en France hexagonale et à l’étranger. En cinq ans, le nombre de jeunes Guadeloupéens partis à l’étranger a quadruplé au grand damne de certains parents désormais âgés et esseulés. La Guadeloupe a entamé depuis les années 1990 un mouvement de vieillissement aussi massif que rapide et les choses vont aujourd’hui en s’accélérant. Selon les prévisions, 40 % de la population aura plus de 60 ans à l’horizon 2040 et les jeunes de moins de 20 ans ne seront plus que 22 %.
Les conséquences à terme très court en seront lourdes en termes de structure de l’économie, de prise en charge de la dépendance des personnes âgées et de santé, de solidarités et de cohésion sociale de la société antillaise.
L’exil des jeunes guadeloupéens et Martiniquais et son corollaire qui est la baisse de la démographie influe-t-elle sur le dynamisme de l’économie ?
Oui, dirions nous, sans risque de se tromper, car le constat actuel est alarmant. En effet, ce qui est important à signaler c’est ce chiffre de 62%, qui représente le pourcentage des actifs âgées de 15 à 29 ans déclarant être insatisfaits de leur situation,et qui seraient prêts à quitter la Guadeloupe pour un emploi ou une formation qualifiante sans grand espoir de retour.
(Source INSEE)
Comment transmettre aux jeunes et aux retraités d’aujourd’hui, le sens du pays au sens du philosophe Raoul Serva, et l’amour de la « valeur patriotique » dans le contexte déprimé du modelé sociétal de la Guadeloupe ? La question ne hante pas seulement les ainés qui voient impuissants les jeunes partir du pays sans grand espoir de retour. Elle résonne aujourd’hui dans toutes les écoles, les entreprises, les administrations, et mobilise aussi bien les enseignants que les parents, les patrons et les hommes politiques.
Cette nouvelle donne provoque mécaniquement une crise en matière d’attractivité du territoire de la Guadeloupe : 78% des guadeloupéens travaillant en France hexagonale et à l’étranger ne veulent pas revenir travailler au pays et encore moins y vivre la retraite. La cause semble entendue et le phénomène paraît de plus en plus irrépressible.
Est-ce un effet de la crise économique qui secoue le tissu économique local du pays Guadeloupe et qui devrait faire face à des problèmes cruciaux dans les années à venir ? En tout cas, les guadeloupéens qui se sont installés en France ou à l’étranger ont de moins en moins envie de rentrer au pays, selon une récente étude. Et le résultat est détonnant d’après l’étude, ils sont de plus en plus heureux de leur sort en France hexagonale. En tout, 84% se disent très satisfaits contre 61% il y a sept ans et 60% plutôt satisfaits. Une tendance qui se renforce chaque année depuis la crise sociale de 2009 et les émeutes de la crise COVID en 2021. Par ailleurs,82% souhaitent un changement de mentalité et une bien meilleure attractivité culturelle et économique. ( Lire notre précédent article toujours d’une brûlante actualité et intitulé » l’intolérable appauvrissement intellectuel et culturel de la Guadeloupe et dans une moindre mesure de la Martinique » )
Et pour ces 82%, seul un changement de mentalité et de situation de l’emploi pourrait inciter les guadeloupéens à revenir. «Quand on voit la Guadeloupe aujourd’hui, avec la gabegie ambiante des coupures d’eau à répétition et l’impuissance notoire des collectivités locales en matière de développement des politiques publiques, on n’a pas envie de rentrer. Mais déjà posons nous la question de savoir pourquoi partent – ils ?En ce moment la montée du chômage s’accentue avec la crise et les personnes les plus touchées par le phénomène sont les jeunes diplômés. En effet, ceux-ci ont de sérieuses difficultés à trouver un emploi, dans la mesure où les employeurs leur demandent souvent un haut niveau d’études, combiné à plusieurs années d’expérience. Or, ce dernier point est une faille dans le système puisqu’il ne leur donne aucunement leur chance. De ce fait,les jeunes préfèrent prendre le large en France hexagonale et à l’étranger, où ils auront l’opportunité de trouver un travail plus facilement. Et le chiffre ne cesse d’augmenter chaque année. S’expatrier pour obtenir un salaire plus élevé et faire carrière, telle est devenue la principale motivation. Et même s’il est possible de trouver un travail en Guadeloupe, certains souhaitent partir pour avoir la possibilité de gagner plus. De nombreux pays, comme la France, les États-Unis, le Canada ou encore l’Angleterre, proposent en effet des salaires plus élevés aux jeunes diplômés provenant d’écoles plus ou moins prestigieuses, car ils ont conscience de leur potentiel. Le tissu économique en Guadeloupe est dans l’impossibilité d’offrir un salaire à la hauteur de leurs qualifications, et d’ailleurs en contrepartie, ils subiront un problème de logement et un matraquage fiscal.
De manière encore plus problématique, la diminution de la part de la population en âge de travailler provoquera inévitablement une diminution du PIB par habitant de plus de 10% à horizon 2030 et entraînera à terme l’application d’un revenu universel de base pour 80% de la population Guadeloupéenne. Mais sans conteste, « Il n’y a de richesses que d’hommes ». La célèbre phrase de l’économiste Jean Bodin se vérifie encore cinq siècles après avoir été écrite. Ces vingt-cinq dernières années, la démographie a incontestablement été une des forces mais aussi une faiblesse de la Guadeloupe. Il est certain que la baisse de la natalité depuis trente ans aura des conséquences économiques sur le niveau de vie des guadeloupéens à terme puisque la croissance du PIB dépend du progrès technique bien sûr mais aussi de l’évolution de la population active.
Avec une théorie de la positivité des transferts publics, les élus guadeloupéens tentent toujours d’appréhender le long terme par le prisme de l’ indéfectible solidarité nationale. De notre point de vue, cette vision du développement de l’économie, héritée de la départementalisation, est dépassée car il s’agit d’une thèse qui va à l’encontre des fondements de la théorie économique classique. Dans « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », le célèbre économiste Adam Smith estime que c’est la confrontation des intérêts particuliers qui suscite la compétition et la concurrence. Ce qui amène à la création de nouveaux emplois et produits locaux qui correspondent au mieux aux besoins de la société. L’individualisme de chacun sert alors l’intérêt de tous.
Seulement, l’intérêt général ne se décrète pas cause commune aussi facilement. Chacun a sa vision du long terme et ses idées sur la manière de faire évoluer la société guadeloupéenne. Qui décidera des orientations du nouveau modèle économique et social ? Comment les faire appliquer ? Le projet de développement exogène que nous préconisons a le mérite de mettre en lumière la responsabilité des anciens vis-à-vis des jeunes générations. Mais il pose aussi la question de savoir si, dans un jour pas si lointain, l’urgence de la situation (environnementale, climatique, sociale ou économique) ne va pas conduire à prendre des mesures de rétorsion drastiques, pour endiguer l’absence d’attractivité économique de la Guadeloupe. Améliorer l’attractivité économique de cette région ultramarine sera donc un chantier de longue haleine. Pour certains, on a le temps de s’y préparer. De plus, ce n’est pas un sujet d’inquiétude majeur pour certains élus idéologues comme peut l’être le chômage des jeunes. Sur le terrain, les collectivités territoriales, aux finances déjà serrées, n’en sont pas si sûres. Même en se concentrant dans un premier temps sur la seule urgence de la dépendance des personnes âgées – à leur charge -, le Conseil départemental de la Guadeloupe redoute déjà des situations financières « intenables ». En jeu : la capacité d’emprunt et surtout la possibilité de faire face à l’explosion des dépenses sociales avec la crise structurelle à venir. A notre avis, c’est maintenant qu’il faut muscler encore nos dispositifs économiques et sociaux, mobiliser toute notre énergie pour créer des emplois dans le secteur de la production et faire en sorte que nous ayons une société et une économie qui soit plus souple, plus compétitive, plus réactive, plus créative, plus innovante et surtout moins inégalitaire. Il faut aller plus vite pour éviter la catastrophe, car ce qui attend la Guadeloupe avec une croissance négative couplée d’un risque inflationniste, c’est une crise sociale et politique de très grande ampleur à horizon 2027. Surtout si on n’est pas capable d’organiser une plus grande mobilité sociale, de donner accès à tous les jeunes guadeloupéens aux postes de responsabilités publiques et privés, et de réduire les inégalités sociales, devenues obscènes.
Aujourd’hui, les réseaux familiaux se délitent doucement, fragilisés par les difficultés d’emploi des enfants, par un changement radical des mœurs, ou par une émigration qui bouleverse la nature des liens familiaux avec les parents. Résultat : de plus en plus de guadeloupéens retraités ou non partent rejoindre leurs enfants en France hexagonale et pour ceux qui restent les collectivités locales devront toujours davantage se substituer aux familles.
Autre phénomène préoccupant, depuis 2009, les Antillais de la diaspora rentrent de moins en moins souvent en vacances en Guadeloupe. Désormais moins d’un tiers n’envisage de rentrer dans leur pays d’origine qu’une seule fois tous les trois ans … « Un effet de la crise inflationniste avec la cherté des billets d’avions assurément!», estime l’étude. En effet, certains ne sont pas immunisés contre le désordre ambiant qui règne en Guadeloupe dans beaucoup de secteurs d’activités. Fini le temps où les retraités de la France hexagonale revenaient au pays après avoir pris soin de construire une maison pour la retraite.
Un retour souvent difficile socialement ; retrouver sa culture, ses marques, sa famille, ses amis prend du temps et cette difficulté de réadaptation à vivre au pays est accentuée par beaucoup d’ennuis causés par la mentalité passéiste et la vie chère aux Antilles. Au final, si certains jeunes Antillais d’aujourd’hui trouvent qu’ils sont une « génération sacrifiée »et qu’ils n’ont d’autres choix que l’exil, c’est peut-être aussi, en partie, de la faute du politique mais également des chefs d’entreprises qui privilégient désormais pour des raisons obscures de productivité une main d’œuvre exogène.
La situation économique est compliquée, et la fracture sociale étant bien plus grande qu’en France : Les jeunes guadeloupéens vivent aussi dans l’angoisse et la crainte du lendemain d’un monde e mutation accéléré. Crainte parce que nous ne voyons pas très clairement l’issue de la crise actuelle et les conséquences sur notre avenir. Pour autant force est de constater que la Martinique a une vision plus claire et une doctrine du retour au pays plus élaboré que la Guadeloupe.
Sur quoi donc, dans ce cas, s’appuyer si ce n’est l’action des associations comme Alé viré ?
Qu’est-ce qui se cache derrière le concept « Alé viré » et Alé vini ? Ce concept nébuleux qui vient d’apparaître semble avoir été lancé par un rassemblement de jeunes autour de la classe politique sous l’impulsion première de la sénatrice martiniquaise Catherine Conconne, mais sans prise en compte du nouvel environnement économique à horizon 2030. En effet, gageons que l’intelligence artificielle,les transitions énergétique et écologique, l’économie circulaire vont très prochainement littéralement déchirer le tissu économique et social de la Guadeloupe et de la Martinique. Sous le titre d’un article de presse traitant de cette question du retour au pays des jeunes diplômés, on peut lire : » Un retour au péyi ?… Une belle opportunité !… Alé Viré Martinique et Alé Vini Guadeloupe « .Boostée et accompagnée par l’association martiniquaise Alé Viré, Alé Vini a vu le jour en Guadeloupe fin 2019. Cette association, dirigée par Yann Céranton et parrainée par Olivier Serva, député de Guadeloupe, regroupe des bénévoles de tout bord, engagés, motivés et surtout concernés par la problématique du retour au pays. Début 2022, Alé Vini prend son envol avec la mise en place d’une plateforme de services en ligne, www.aleviniguadeloupe.fr, destinée à toutes les personnes désirant rentrer en Guadeloupe pour y travailler : offres d’emploi, secteurs porteurs, création d’entreprises, dispositifs d’aides et d’accompagnement, etc. Les chefs d’entreprise ont également accès aux profils des candidats demandeurs d’emploi.En fait, les associations Alé viré Martinique et Alé vini Guadeloupe se sont données pour mission de lutter contre le dépeuplement des territoires en favorisant le retour au pays des forces vives.Certes l’intention est louable et l’action mérite d’être applaudie, car la création de ces associations, c’est avant tout une démarche citoyenne qui souhaite rassembler toutes les bonnes volontés, compétences, talents, pour formuler des propositions et organiser des actions visant à faire revenir au pays les forces vives. D’ailleurs la collectivité territoriale de Martinique vient de mettre en place tout un dispositif ambitieux pour inciter au retour. Ainsi la CTM a mis en place un contrat d’engagement visant à inciter des étudiants en médecine à revenir exercer sur leur île au terme de leur cursus. Un dispositif qui vient compléter la politique du retour lancée le mois dernier, avec l’annonce, de la création prochaine d’une « Maison du retour et de la famille » par la Collectivité territoriale de Martinique. En effet, les conseillers territoriaux, ont voté en faveur d’une convention entre la CTM et Action Logement visant à permettre aux jeunes actifs martiniquais, lors de leur retour au pays dans le cadre d’une prise de poste, de bénéficier d’un appartement pendant leur période d’essai. Selon cette convention, jusqu’à 50 logements meublés seront mis à disposition chaque année par la société Ozanam. Ce dispositif d’accompagnement, sous différentes formes, s’adresse aux personnes âgées de 18 à 40 ans. Les personnes qui rentrent dans ce dispositif bénéficient d’accompagnement administratif et d’outils financiers pouvant comprendre la prise en charge de leur déménagement ou encore de leurs trois premiers mois de loyer dans une limite de 1 500 euros. À cela s’ajoute une prime d’arrivée de 2 000 euros. Au total, ce sont plus de 147 prises de contact qui ont été gérées avec 27 projets en cours d’instruction et 44 dossiers d’ores et déjà financés pour un montant de plus de 251 000 €. Sur les 44 dossiers validés, les candidats au retour sont majoritairement des femmes (68%), en provenance d’Île-de-France (45%) et d’Occitanie (16%). 90% des candidats sont revenus dans le cadre de la signature d’un contrat de travail et 10% pour une création d’entreprise. C’est là sans conteste une bonne initiative, mais quid du véritable questionnement de ce retour ?
N’assisterait -t-on pas à une opération Alé viré type rideau de fumée et n’est-ce pas déjà un coup d’épée dans l’eau ?
En effet, certains jeunes y verront dans l’immédiat une forme d’opportunités pour grappiller quelques subsides, mais au bout comme le laisse augurer l’adage latin « veni vidi vici » (Je suis venu, j’ai vu, j’ai gagné) et j’ajouterai.. suis reparti !
J’ai bien peur que tout ce programme de retour des jeunes tourne au fiasco et se termine en gabegie financière pour la CTM, car à vouloir trop forcer les choses l’on obtient l’effet inverse. Moults exemples récents d’échec de management et de départ de cadres antillais provenant de la « métropole « n’ayant pas réussi une insertion harmonieuse au pays le prouve s’il en était besoin.
Plus grand monde, en clair, ne veut mettre ses mains dans le cambouis pour conscientiser la population Guadeloupéenne et en finir avec l’impéritie ambiante dans certaines structures publiques implantées localement. J’y vois le symptôme d’un pays malade de l’assistanat et d’un confort artificiel. Il fut un temps, celui des Trente Glorieuses par exemple, où avoir un travail suffisait au bonheur, où l’on ne craignait pas de se retrousser les manches…. La polémique qui enfle actuellement sur la question sensible des » blan fwans » qui envahiraient la Guadeloupe, au risque soit disant d’un génocide par substitution est désespérante, et risque fort de se retourner contre les Guadeloupéens, car la réalité me semble-t-il relève de l’anecdote basée sur l’émotionnel et de la passion idéologique identitaire, et ce même, si à mon avis la problématique de l’immigration clandestine étrangère mérite plus d’attention. Mais pour l’heure en Guadeloupe, le sujet sensible réside dans le déclin démographique qui se traduit par l’abandon de l’habitat et l’absence d’investissement. Ce phénomène contribuera à terme à l’effondrement de la valeur du foncier et de l’immobilier. Les villes et communes perdent en fonctionnalité en rentabilité économique et en attractivité…
« Chak bougo halé zékal a-yo »* ( *À chacun sa peine )
C’est le proverbe créole qui pourrait résumer le mieux la pensée qui agite, en ce moment, les réflexions des élus tétanisés par la crainte d’un retour de bâton consécutive aux conséquences à court terme de l’absence d’attractivité culturelle et économique du territoire qui est la cause de l’exil des jeunes et retraités guadeloupéens .
Tant qu’on ne parlera pas sérieusement de ces sujets, tant qu’on ne fera pas ce qu’il faut pour les traiter sans passion, on se condamnera à n’être que des sujets impuissants face à une crise de plus en plus envahissante, de plus en plus puissante dans la déstructuration du tissu économique et social. En se consolant par le spectacle parfois dérisoire des dimensions anecdotiques du changement de nos institutions politiques, sans même imaginer un instant le risque très élevé d’une impasse financière de nos collectivités locales imputable aux futurs dégâts économiques et sociaux de la baisse prévisible de la dépense publique et des transferts publics et surtout sociaux. D’ailleurs, nul doute que plus de transferts de compétences aux élus, avec en parallèle dans un futur proche d’une croissance négative, des investissements impossibles à réaliser vu l’insuffisance de l’épargne des collectivités, et moins de transferts financiers de l’État dans un proche avenir, cela ne peut que grever notre niveau de vie et amplifier les départs !.. et là c’est la classe moyenne qui est directement visée car menacée de paupérisation.
La volonté de réinventer du sens à nos vies devrait s’intensifier. Les gens doivent s’attendre à davantage de pression fiscale au cours des trois prochaines années qu’au cours des dix années précédentes en raison de la technologie, du changement climatique et de presque toutes les autres mégatendances affectant les déficits de l’État et le dérèglement du commerce mondial. « La vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie » (Sénèque : philosophe grec ), et l’on pourrait rajouter aussi que cette citation de bon sens n’a jamais été aussi vraie qu’aujourd’hui.Il serait aujourd’hui plus que temps de sortir de notre torpeur et de nous émanciper du passé, comme le font d’ailleurs toutes les corporations économiques et composantes sociales de la société des pays les plus avancés sur le plan économique et surtout technologique.
« Bèt’ ki ni ké pa ka jambé difé « .
Traduction : Les animaux qui ont des queues n’enjambent le feu.
Moralité : Il faut agir selon ses capacités.
Jean-Marie Nol, économiste et chroniqueur