À la frontière entre le Texas et le Mexique, près de 15 000 personnes – en grande partie des Haïtiens – sont désormais bloquées dans un camp sous le pont qui mène à la ville de Del Rio. Bloquées, car l’administration américaine a annoncé la reprise des expulsions vers Haïti et que les frontières, côté américain et mexicain, sont désormais fermées à cet endroit. RFI est allé à la rencontre de ces migrants haïtiens.
Avec l’envoyé spécial de RFI à Ciudad Acuña, Thomas Harms
Alex Rosier est désespéré, assis sur le bord de la digue qui mène du coté américain du fleuve Rio Grande. Dans le camp de Del Rio depuis mercredi, il était sorti ce samedi 18 septembre pour chercher à manger. Et il a appris que, face à l’afflux des migrants d’Haïti, les États-Unis allaient reprendre les expulsions vers son pays : « La déportation, j’en veux pas. C’est pas pour moi. Si je suis déporté, je vais mourir. Haïti, c’est fini. On tue le président, les brigands sont au pouvoir. Imaginez ! »
Ce maçon laisse sa femme et sa fille de l’autre côté du Rio Grande, dans le camp de Del Rio. Il hésite à retourner au Brésil, où il vivait depuis 2013. Il ne s’est pas encore décidé. Devant le fleuve, comme lui, Mamouna Ismaël est en colère. Elle a traversé huit pays pour arriver là. Elle s’était arrêtée deux ans au Chili avant de décider, il y a deux mois, de monter vers le Texas : « On a peur de traverser. Si on y va, ils vont nous déporter vers Haïti. Donc, ça sert à rien de traverser. On a peur. »
ls sont nombreux à faire ce choix : rester à Ciudad Acuña, au Mexique. C’est le cas de Judson Auguste, qui s’est aussi fait une raison : « Bon, on est obligé de rester ici. Donc, on va chercher un travail. On pourra retenter si les États-Unis rouvrent leur frontière. On ira. » Très présent sur des groupes WhatsApp, il va prévenir les autres migrants haïtiens que cela ne sert à rien de se presser désormais pour arriver au Nord du Mexique.
Le maire démocrate de la ville, Bruno Lozano, et l’élu républicain August Pfluger, représentant à Washington du 11e District du Texas, ont tenu une conférence de presse commune samedi. August Pfluger s’est adressé directement à Joe Biden et a déploré « que le président et son administration n’aient pas pu prévoir » cette situation.
« Président Biden, si vous écoutez, on a besoin que vous disiez à tous les pays du monde que cette frontière est fermée. (…) Les politiques mises en place en 2019 et 2020 (sous Donald Trump) doivent etre remise en place. (…) Fermez la frontière et faites votre travail. »
Crise migratoire à Del Rio : « Président Biden, fermez la frontière et faites votre travail. »
Thomas Harms
Source: RFI