— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Impensable diront certains ! Et pourtant…
Certes, vu son âge et le tort considérable qu’a pu lui faire sa pratique autocratique de l’exercice du pouvoir, confinant à l’absolutisme monarchique,il ne peut envisager sérieusement de se représenter. Il n’en reste pas moins nolens volens le”faiseur de Roi”incontournable de cette élection.
Il suffit de jeter un coup d’oeil sur l’échiquier politique local, tel qu’il résulte des dernières consultations, pour s’en convaincre : en dépit des réserves d’usage car chaque élection à ses spécificités (une élection municipale ou communautaire n’est pas une élection à une assemblée territoriale où le coéfficient personnel de la tête de liste joue un rôle déterminant-sans parler de l’impact du Covid 19 ), l’analyse des statistiques du ministère de l’Intérieur ne laisse guère planer de doute. Le corps électoral de la Martinique a subi une mutation, son centre de gravité s’est déplacé de la gauche classique vers le Centre qu’il s’agisse du centre-droit, du centre -gauche ou de l’infinie variété des “ inclassables”.
Cette donnée fondamentale est lourde de conséquence pour la coalition EPMN, dominée par un parti autonomiste, sans ligne directive claire et en proie à la contestation interne, dont le leader ne rêve que de prendre sa revanche et piaffe d’impatience.
Même affublée de ses nouveaux vassaux de l’agglomération (LAMENTIN et SCHŒLCHER), le compte n’y est pas et la victoire rien moins qu’assurée.
C’est ce qui résulte de la projection qui peut être faite à partir de l’addition des votes potentiels des partisans confondus du Centre- droit, du Centre-gauche et des Marie-jeannistes, canal historique.
D’autant qu’il faut y ajouter une inconnue majeure : que fera le Président de l’Assemblée lorsqu’il lui faudra choisir entre de grands inconvénients ? certes il a eu particulièrement à se plaindre des mauvais traitements que lui a réservé l’ actuel Président du Conseil Exécutif durant la mandature mais cela en fait-il pour autant un chaud partisan de celui qui l’a obligé à prendre ses distances avec ses faux-amis coutumiers des coups bas, du réservoir de Trénelle?
Tout dépendra, en définitive, de l’attitude qu’adoptera le vieux lutteur charismatique du MIM, placé en l’occurrence en position privilégiée d’arbitre.
Voudra-t-il se contenter de faire un tour d’honneur pour un résultat connu d’avance, ce qui serait faire le jeu de son principal challenger? Ou au contraire en politique avisé qu’il est, tel un imperator romain tournant le pouce vers le sol dans un geste fatidique, fera-t-il connaître à ses troupes restées fidèles la liste à soutenir, conduite par celui ou celle qu’il souhaite voir lui succéder.
A ce stade,nul ne peut dire ce que sera son choix qui dépendra avant tout de facteurs psychologiques qui lui sont propres.
Mais ce qui peut être tenu pour acquis, c’est qu’il ne quittera pas la scène de la politique locale sans avoir au préalable réglé ses comptes.
Dans son musée personnel de la détestation et de la trahison, figurent en bonne place ses deux “ennemis jurés”: d’abord, à tout seigneur tout honneur, le leader de ce parti honni, prétendument progressiste, à qui il voudrait définitivement faire mordre la poussière ; ensuite, en position d’ex aequo, celui qu’il considère comme l’archétype du traître, ce”renégat” qui, injure suprême à ses yeux, s’est laissé phagocyter par la machine PPM jusqu’à se retourner contre son créateur.
On ne peut s’empêcher en la circonstance de se remémorer le célèbre vers de la tragédie classique : «Ce n’est que dans le sang (au figuré) qu’on lave un tel outrage !».
Comme on le voit, le contentieux entre ces personnalités n’est pas de ceux qui se résolvent autour d’une bonne table, en dégustant une bonne bouteille.
La suite des évènements nous dira si le pronostic esquissé dans ces lignes est judicieux.
Pierre Alex MARIE-ANNE