— Par Florent Grabin, président de l’Association écologique P.U.M.A. —
La sortie de notre article ‘’L’Île aux perroquets savants’’ a suscité de nombreuses réactions, aussi afin de porter l’éclairage basé sur des éléments factuels, nous tenons à préciser que c’est suite aux interpellations de différentes personnes composant notre société que nous rendons public ce qui suit :
Sans vouloir jouer au psychiatre ou psychologue de débit de la régie, nous vous invitons à tenir compte de la réalité locale de nos services où l’on retrouve du personnel ayant fait les grandes écoles et obtenu les mêmes diplômes ; cependant depuis le BUMIDOM il y a eu un basculement, voire un remplacement du local par des nationaux et aujourd’hui nous commençons à constater des frictions qui n’honorent pas les acteurs, en écoutant finement différents propos, on peut constater chez certains les effets du ‘’syndrome de l’adaptation’’.
En effet, l’ethnocentrisme est de plus en plus dominant, mais le principe de la réalité écologique de notre Martinique est là pour imposer la règle de vivre dans un milieu tropical, Il nous faut avoir le courage de dire la vérité à ceux qui n’ont pas compris que l’assimilation ne s’impose pas à la Nature. Il n’est plus à démontrer que notre biodiversité est la chance de la France. Nous devons tirer l’enseignement des échecs du passé dans les anciennes colonies, telles : l’Algérie, la Nouvelle-Calédonie, la Guyane, la Guadeloupe, la Réunion, bref, de tout l’Outre-Mer, où l’on a pensé pouvoir modifier notre environnement pour accueillir les venants du froid.
Nous, PUMA, continuerons à œuvrer pour donner tout son sens à ‘’Pour Une Martinique Autrement’’, afin de tenter de faire comprendre que le désordre et l’instabilité ne sont pas des options pour bâtir de grands projets. À charge pour nos élus de tirer tous les enseignements des messages forts de la population lors des dernières élections ; le pays va à vau-l’eau, avec une montée de la violence qui décime malheureusement ses enfants, pour réponse au caractère péremptoire de nos services
Dans notre bassin de vie, l’écoute, le bonjour, le respect de notre biodiversité, le bon sens sont foulés au pied, il n’est pas trop tard pour se ressaisir, nous faisons confiance à ce projet de Congres initié par le Président de l’Exécutif et son équipe, car l’action de nos élus pourra redresser notre destin, à condition que ceux qui instruisent les dossiers tiennent compte de nos origines, en se souvenant de l’état de notre environnement avant d’être détruits par eux.
Paradoxalement certains de nos enfants arborent avec mépris l’épaisseur de leurs diplômes pour se braquer quand on leur parle de la bonne administration prenant en compte notre environnement, afin de trouver le bon compromis pour obtenir les résultats qui tiennent compte de la situation écologique et économique de la Martinique.
L’Eau est le barycentre de nos projets structurants, d’autant que nous avons une grande chance de ne pas avoir de déficit comme certaines Îles de la Caraïbe, d’où l’intérêt de bien organiser sa gestion.
La création d’un organisme pour la gestion de la ressource est incontournable avec la participation active de représentants de la Société Civile dans la composition du Bureau, il reste à faire comprendre à la jeune génération que culturellement, nous avons eu hier un grand respect pour nos milieux.
Il y avait des bassins dans nos Rivières qui constituaient une grande réserve en Eau, la faune et la flore étaient pourvoyeuses de ressources, ces milieux ont été décimés pour tenter de faire comme au niveau national. Il y a des grands témoins encore vivants pour faciliter l’inventaire, ce qui permettra de faire revivre tout ce biotope. Cette Eau a permis à nos agriculteurs, nos pécheurs, la population, d’en faire un bon usage, les Administrations ont stoppé ce bon fonctionnement écologique en interdisant le curage de ces bassins et des embouchures de nos Rivières. Quant aux berges, le manque d’entretien, la mise à mal des espèces ont favorisé l’agression tellurique de toute la pollution chimique.
Il n’est jamais trop tard pour se ressaisir, nous ne pourrons jamais faire de l’environnement de la Martinique une France flottante dans notre zone que l’on soit de l’hexagone, de ‘’Trifouilly- les-Oies’’ ou d’origine de Basse Gondeau, ou autre coin de chez nous ; il est facile de voir le comportement de certains ‘’revenants de Paris’’ qui après un long séjour de l’autre côté, veulent retrouver le cadre et les manières de vivre de l’hexagone, il faut savoir s’adapter à son milieu de vie tropical.
À vouloir faire fi de ces éléments, ceux qui ont participé, ou laissé faire, n’aurons pas suffisamment de larmes quand la Nature se vengera lors des phénomènes naturels. Nous avons accepté l’européanisation de notre bâti en construisant comme en Bretagne ou autre ‘’bled’’ du continent, la pollution volumétrique engendrée nous donne une vision spatiale qui devrait nous interpeller ; comment comprendre que dans un pays où les alizés sont permanents, on soit contraint de poser des climatiseurs ? À l’instar de la reconstruction du Lycée Schoelcher, nous avons supprimé nos menuiseries à lames, pour les remplacer par des carreaux de verre, avec en prime une grosse climatisation. En discutant avec différents concepteurs, tout le monde est conscient de cette triste réalité et évoque le caractère atavique de certains de nos décideurs qui refusent de voir la réalité et menacent de les rayer de la carte.
Où est passée notre mémoire collective ? Pour faire passer la RN 5, la Rivière Salée a été détournée, le vieux Pont est encore visible, le Canal Calebassier a été détourné au Lamentin et à chaque grosse pluie c’est la panique, quant aux remblais, les plus flagrants sont : Pays Noyé à Ducos, Continent au Lamentin ce qui donne dans cette zone d’incontournables inondations qui font pleurer les victimes.
Pour des raisons électoralistes, dans une totale confusion, nos Maires ont laissé faire en abandonnant leurs prérogatives aux Services de l’État. Les Articles L215.2 et L 215.14 du Code de l’Environnement définissent l’entretien des cours d’Eau non domanial, comme un devoir incombant aux propriétaires riverains qui sont tenus à un curage régulier pour rétablir le cours d’Eau dans sa largeur et sa profondeur naturelle…
En conclusion, à trop vouloir imposer l’assimilation à notre Nature, nous rappelons qu’il n’est pas possible de modifier notre environnement, d’arroser le sable, de refroidir le soleil, ou peut-être installer des lignes de métro, il est urgent de retrouver notre bon sens, Pour Une Martinique Autrement, où l’on gagnera à comprendre qu’il faut accepter notre territoire avec tout ce qui a toujours fonctionné pour le bon équilibre écologique de notre Martinique.