15 octobre à 19h30 au Conservatoire Maurice Ravel
Comment l’opéra français s’est-il emparé du thème de l’étranger, de l’exotisme et de l’esclavage au XIX° siècle ? Et comment la femme noire fut-elle considérée dans ce contexte ? Fut-elle esclave… ou reine ? Découverte du nouveau monde, renouvellement des cartes géographiques, rencontre de l’étranger… A l’époque où les réseaux sociaux n’existaient pas, tous ces sujets ont occupé les scènes de l’opéra, et l’esclavage ne fit pas exception ! Les anti-esclavagistes ont naturellement utilisé ce média pour dénoncer cette atrocité.
Présentation de « Exotisme lyrique »
Depuis sa création, l’association Opéra Paris Outre-Mer s’est engagée à lier l’art lyrique aux richesses culturelles des territoires ultra-marins, s’inspirant de traditions telles que le carnaval, les chants créoles, les danses afro-descendantes, et des personnages issus de la diaspora africaine. Dans son nouveau projet, « Exotisme lyrique », l’association vise à mettre en lumière les œuvres classiques françaises du XIXe siècle qui se sont inspirées de l’exotisme, de l’étranger et de l’ailleurs, notamment au-delà des mers.
L’exotisme a toujours eu une place importante dans l’opéra et la musique classique, prenant son essor avec la découverte des Amériques et la colonisation. Fascinés par ces contrées lointaines, les compositeurs français ont souvent représenté ces régions avec une vision magnifiée ou erronée. Durant l’époque romantique, ces thèmes exotiques ont nourri les créations dramatiques, et certaines œuvres comme Lakmé de Delibes ou Les Pêcheurs de Perles de Bizet sont devenues célèbres, tandis que d’autres sont tombées dans l’oubli.
Dans « Exotisme lyrique », Opéra Paris Outre-Mer propose de redécouvrir ces œuvres sous un nouvel angle, en élargissant la notion d’exotisme pour inclure les autres continents, et en offrant une meilleure compréhension de la perception française de l’esclavage, de l’altérité et de la femme noire au XIXe siècle. À travers des personnages féminins forts, hors-la-loi, reines ou esclaves, ce projet invite à une réflexion sur la modernité de ces rôles, et sur leur pertinence dans les débats actuels autour de la diversité et de la représentation.
Le programme inclura des airs d’opéras et des mélodies de compositeurs français tels que :
– Le Code Noir de Clapisson, avec Zamba, rebelle comparable à Carmen
– L’Africaine de Meyerbeer, où une reine noire devient esclave par amour
– La Reine de Saba de Gounod, avec la puissante figure de Balkis
– Mélodie de Chausson, avec des pièces plus légères telles que « Le vert colibri »
Sous la direction artistique de Marie-Claude Bottius, le projet proposera une version pour quatuor à cordes, piano et voix, arrangée par Arthur Lavandier. Ces arrangements apporteront une nouvelle vitalité à ces œuvres, alliant la légèreté et le dynamisme à une continuité esthétique, tout en magnifiant la puissance dramatique et les contrastes de la musique de chambre. « Exotisme lyrique » constitue ainsi un voyage musical et symbolique, célébrant la liberté et la dignité des femmes d’hier et d’aujourd’hui, tout en offrant un éclairage contemporain sur les œuvres lyriques françaises oubliées.
Ce projet unique pourrait inspirer les programmateurs à revisiter et réinterpréter ces œuvres, en leur offrant un nouvel éclairage, adapté aux sensibilités du XXIe siècle, pour magnifier ce patrimoine musical en sommeil et honorer des figures telles que la « Carmen noire » ou l’ »Aida française ».
Tarif : Gratuit sur inscription. Réservation obligatoire par mail conservatoire13@paris.fr
Publics : Tout public.