— Par Clément Pétreault —
La nomination d’une enseignante métropolitaine pour un cours sur l’histoire de l’esclavage suscite un tollé et vire à la querelle identitaire.
L’Université française partage avec le Vatican un goût accompli pour les élections compliquées et les alliances florentines. Lorsqu’un enseignant doit être recruté par une université, un comité de sélection regroupant chercheurs locaux et extérieurs est mis sur pied. Sans surprise, l’alchimie entre les membres du jury entraîne bien souvent l’élection du favori…, sauf lorsque les jurés locaux boycottent l’assemblée qu’ils ont eux-mêmes constituée. C’est ce qui s’est passé à La Réunion en mai 2016, à l’occasion d’un recrutement sur le poste d’enseignant spécialisé en « histoire de l’esclavage, de l’engagisme et de l’économie des colonies dans les îles du sud-ouest de l’océan Indien aux XVIIIe et XIXe siècles ».
Une docteure nantaise, Virginie Chaillou-Atrous, a été élue avec une voix d’avance sur le candidat réunionnais de 59 ans, Albert Jauze. Voilà près d’un an qu’elle aurait dû succéder à un professeur d’histoire et figure militante de l’identité créole, Sudel Fuma, disparu en juillet 2014. Sauf qu’elle n’a toujours pas pu prendre ses fonctions. Sa légitimité est contestée par diverses associations et une décision du tribunal administratif vient de suspendre cette nomination. Cela fera bientôt 850 jours que ce poste est vacant. Récit d’un incroyable imbroglio administratif, où s’invitent des suspicions de « néo-colonialisme » et de sentiment « anti-métropolitain »….
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