Épidémie de grippe et de bronchiolite en Martinique : une situation préoccupante

Du 16 au 22 décembre, la Martinique a connu une forte poussée de grippe, avec des indicateurs en nette augmentation, selon le dernier bilan de Santé Publique France concernant les infections respiratoires aiguës (IRA) dans les Antilles. La grippe A, majoritaire en médecine de ville, a particulièrement frappé la population. Le nombre de cas cliniquement évocateurs a ainsi grimpé à 565, contre 470 en moyenne sur les quatre semaines précédentes, illustrant un regain significatif d’infections. Cette flambée a également conduit à une hausse des visites à domicile : 79 visites ont été réalisées la semaine dernière, un chiffre bien supérieur à la moyenne habituelle de 37 visites.

Les passages aux urgences ont également doublé, passant de 7 à 15, et cinq hospitalisations ont été recensées, contre deux en moyenne les semaines précédentes. Cette évolution témoigne d’une pression croissante sur le système de santé martiniquais. À ce stade, la grippe A semble dominer les autres infections respiratoires, dont le Covid-19, dont l’activité reste stable à un faible niveau.

La bronchiolite, bien qu’en diminution, reste une préoccupation majeure
Parallèlement à la grippe, l’épidémie de bronchiolite persiste en Martinique, bien que les indicateurs montrent une légère diminution. Le nombre de cas estimé en médecine de ville reste élevé, avec 145 cas recensés la semaine dernière, contre 160 en moyenne lors des quatre semaines précédentes. Les passages aux urgences ont diminué, avec 10 cas observés contre 33 la semaine précédente. Toutefois, la circulation active du virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de la bronchiolite, demeure préoccupante, avec un taux de positivité des tests atteignant 57% dans les laboratoires du Centre hospitalier universitaire de Martinique. Cette situation place l’île en alerte, bien que la pression sur les services d’urgence semble un peu moins intense que précédemment.

Une situation épidémique généralisée aux Antilles et dans l’Hexagone
Les indicateurs épidémiologiques montrent une tendance similaire dans l’ensemble des départements d’outre-mer (DROM), avec des épidémies en cours en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane, tandis que Mayotte connaît une épidémie de bronchiolite. En métropole, la grippe a franchi un seuil épidémique, et les Antilles sont désormais considérées en phase de pré-épidémie pour cette pathologie, avec des taux de transmission élevés.

Les autorités sanitaires recommandent de poursuivre la vigilance face à ces épidémies saisonnières, particulièrement dans les zones où la circulation du virus reste active. Dans ce contexte, l’immunisation passive des nourrissons contre la bronchiolite par un anticorps monoclonal, le nirsevimab (Beyfortus®), devient un enjeu crucial. Ce traitement est destiné aux nourrissons nés à partir de janvier 2024 en Martinique, mais également dans d’autres territoires des DROMs comme la Guyane et Saint-Martin, et sera progressivement étendu dans les mois à venir.

Prévisions pour les mois à venir :
La situation devrait rester dynamique au cours des prochaines semaines, avec un suivi étroit des données sanitaires pour adapter les réponses. Les autorités sanitaires, conscientes de la pression croissante sur les établissements hospitaliers, appellent à une vigilance continue, notamment sur le respect des gestes barrières et la vaccination pour se protéger contre la grippe et le Covid-19.

Dans ce contexte, la vaccination contre la grippe et l’immunisation contre la bronchiolite par le nirsevimab apparaissent comme des mesures préventives essentielles pour protéger les populations vulnérables, particulièrement les nourrissons et les personnes âgées.