— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Entropie
Les mots s’érodent-ils à force d’être dits
comme un vêtement s’use à force d’être mis,
délavant ses couleurs, se froisse et puis s’élime…
En va-t-il de même quand il s’agit de rimes ?
Vont-elles s’appauvrir et perdre leur éclat
si le poète en fait trop souvent un emploi ?
Tout passe, tout lasse, dans la vie rien ne dure :
le temps à toute chose fait cruelle injure
et l’on doit se soumettre à sa fatale usure !
Alchimiste pervers qui change de l’or pur
en amas de poussière ou pourrissante ordure,
tout est à redouter d’un incertain futur
où le bien peut se muer en mal un peu plus tard
et le plus beau rêve virer au cauchemar…
D’une grande passion vite ont des amants marre,
qui, après quelques temps, se déchirent et séparent…
En fait, hélas, rien n’est sacré aux yeux du temps.
Ce dieu aveugle et sourd demeure indifférent
au sort du monde tout comme au malheur des gens…
Sa seule loi : autant en emporte le vent…
Impassible
Le temps passe
et je suis sa cible.
La vie est une impasse
quand on la conjugue au passé
mais sans sourciller,
je reste impassible…
Car rien n’est impossible
si l’on a assez
de courage et de volonté
pour, face à l’adversité,
demeurer impassible…
Et tout reste accessible
quand on sait résister
à la facilité.
En quête de l’indicible,
ne pas se tromper de cible
est la condition du succès
pour celui qui sait
rester impassible…