— Par Jean-Jacques Régibier —
Suspecté par l’OMS d’être cancérigène pour l’homme, l’herbicide de Monsanto le plus vendu dans le monde, continuera pendant 7 ans à inonder le marché. Ainsi en a décidé le Parlement européen dans un vote ce mercredi.
Dans la langage européen, c’est ce qu’on appelle un compromis. En réalité, il s’agit bel et bien d’une défaite de tous ceux qui, à gauche, avaient demandé que le glyphosate, le principe actif du célèbre herbicide Roundup produit par la compagnie américaine Monsanto, soit purement et simplement interdit à la vente en raison des dangers qu’il pourrait présenter pour la santé humaine.
Il est remarquable d’ailleurs de noter que l’autorisation de renouvellement à la vente pour 7 ans de cet herbicide que vient de décider le Parlement européen, intervient alors qu’aucune donnée scientifique ne permet actuellement de prouver son innocuité. La preuve, c’est que les députés demandent maintenant une étude indépendante et la publication de toutes les preuves scientifiques utilisées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour évaluer le glyphosate. Mais, ils ont pris leur décision avant ( par 374 voix pour, 225 voix contre et 102 abstentions.) Il faut dire que les intérêts de la firme américaine étaient en jeu : la précédente autorisation de vente arrive à échéance en juin, il devenait donc urgent pour les intérêts de la compagnie américaine que le décision soit prise dans les plus brefs délais.
Deux études distinctes ont pourtant été réalisées pour tenter d’évaluer la dangerosité de cet herbicide, mais – c’est dommage -, elles n’aboutissent pas aux mêmes conclusions. Le glyphosate a été classé en mars 2015 dans la catégorie « 2A » par le CIRC, le centre international de recherche sur le cancer, qui dépend de l’OMS ( Organisation mondiale de la santé ). Ce classement signifie que l’herbicide est « cancérogène probable pour l’homme «, le dernier échelon avant la qualification de « cancérogène certain . » Mais une autre enquête de l’Autorité européenne de sécurité des aliments ( EFSA ) a conclu, elle, qu’il n’était pas cancérogène. Problème : les résultats complets de l’étude réalisée par l’EFSA, n’ont pas été rendus publics, pour une raison qu’on risque de souvent entendre: ces résultats sont considérés comme des « secrets d’affaires ». Tiens, tiens… La différence de ces résultats avait entraîné une polémique entre l’OMS et l’EFSA. Les opposants à la poursuite de la commercialisation du glyphosate ont par ailleurs fait remarquer que les analyses de l’EFSA n’étaient pas exemptes de tout soupçon. Avant le vote, José Bové ( Les VERTS/ ALE ) rappelait que: « les scientifiques chargés des études de l’EFSA, font partie des entreprises. Les analyses sont perverses. Elles ne viennent pas d’autorités scientifiques académiques . »
C’est pourquoi, qu’en même temps qu’ils votaient la prolongation de la vente, les députés ont souhaité « que la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments divulguent sans délai toutes les données scientifiques qui ont servi à motiver la classification positive du glyphosate et le renouvellement de son approbation, car cette divulgation répond à un intérêt public
supérieur .»…
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Le glyphosate est une substance active largement utilisée dans les herbicides. La molécule a été brevetée au début des années 1970 et introduite sur le marché des consommateurs en 1974 comme herbicide à large spectre. Elle est rapidement devenue le numéro 1 des ventes. Depuis l’expiration du brevet en l’an 2000, le glyphosate a été commercialisé par diverses entreprises et plusieurs centaines de produits de protection des plantes contenant du glyphosate sont actuellement enregistrés en Europe pour une utilisation sur les cultures ( Source : Parlement européen ) |