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Au lendemain des attentats du 13 novembre, un psychanalyste reçoit cinq patients. À travers leurs séances, la série sonde les failles d’une société en état de choc. Portée par des interprètes au sommet, “En thérapie” est l’adaptation par Éric Toledano et Olivier Nakache de la série israélienne “BeTipul”.
Trois patients en souffrance et un couple en crise se relaient dans le cabinet d’un psychanalyste joué par Frédéric Pierrot. Diffusée sur Arte, cette première saison est dépouillée, élégante et mélancolique.
— Par Audrey Fournier —
Il aura fallu un certain temps pour que les Français, pourtant portés sur la consommation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, s’emparent de BeTipul, la série israélienne créée en 2005 par Hagai Levi, devenue depuis, comme bon nombre de séries israéliennes, une « franchise », adaptée dans une vingtaine de pays.
Malgré le culte réservé à la version originale, qui mêle habilement géopolitique israélo-arabe et névroses individuelles, la version la plus connue des téléspectateurs français est sans doute l’américaine, In Treatment (2008-2010), adaptée par le cinéaste Rodrigo Garcia et dans laquelle le personnage du psychanalyste est incarné par Gabriel Byrne.
Lire l’enquête : La série « En thérapie » sur le divan
Réinventé par le duo Eric Toledano-Olivier Nakache, plus connu pour sa capacité à injecter une dose dramaturgique dans la comédie que l’inverse, En thérapie reprend les arcs narratifs de BeTipul tout en les transposant à Paris en novembre 2015, immédiatement après les attentats. Ce parti pris, facile en apparence mais radical, peut refroidir lors des premiers épisodes. Mais il donne également aux 35 « séances » de cette première saison une tonalité mélancolique, une gravité légèrement solennelle aux vertus cathartiques.
Ce contexte inscrit en outre En thérapie dans une forme d’actualité : l’état d’urgence – terroriste, psychologique – de l’après 13-Novembre faisant ici écho à l’état d’urgence sanitaire d’un monde en temps de pandémie.
Lire le portrait : Frédéric Pierrot, faux fragile
Philippe Dayan (Frédéric Pierrot), psychanalyste, assied les gens sur un canapé pour leur administrer une médecine vieille comme le monde : la thérapie par la parole. Celle-ci passe également par des silences. Il y a celui d’Ariane (Mélanie Thierry, formidable), jeune et brillante chirurgienne, qui n’en finit pas de pleurer les morts de cette soirée-là. Celui de Camille (Céleste Brunnquell), adolescente dans le plâtre qui ne saurait dire ce qui a précipité son vélo sous les roues d’une voiture. Celui aussi qui s’est installé entre Damien (Pio Marmaï) et Léonora (Clémence Poésy), couple pétrifié par l’annonce d’une nouvelle grossesse. Celui enfin d’Adel (Reda Kateb), flic déployé au Bataclan, dont la volubilité un peu rude masque une anxiété mortifère.
Rythme inhabituel
Suivant l’adage populaire qui veut que les cordonniers soient les plus mal chaussés, Philippe traverse lui-même une crise conjugale. « Avec toi, il y a ce que tu es venu dire, ce que tu es venu ne pas dire, et puis ce que tu es venu ne surtout pas dire », lui fait remarquer Esther (Carole Bouquet), une amie thérapeute avec laquelle il renoue après douze ans d’éloignement. Celle-ci accepte de le superviser le temps qu’il aille mieux, au risque de voir ressurgir les conflits et incompréhensions qui ont conduit à leur brouille…
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