Mercredi 6 janvier à 19h
En salle, au cinéma : « Le lien qui nous unit ».
À Madiana, le 26 décembre de cette bien triste année 2020 avait lieu, en présence du réalisateur Pélagie Serge Poyotte et de ses trois acteurs principaux, l’avant-première du film “Le lien qui nous unit”.
Un titre alléchant s’il en est, en une période de “distanciation physique” nécessaire autant qu’imposée… Un film que l’on peut qualifier tout à la fois de road movie et de thriller psychologique : quelque part sur une route de Guyane, Solange en habit bleu de Touloulou (Jessica Martin) et son père Paul, personnage perdu dans une existence chaotique (Ricky Tribord), marchent, s’assoient un instant, font du stop et d’étranges rencontres. Ils tentent de nouer des liens, il faut le dire jusqu’alors fort inexistants, après de longues années d’absence et de silence… Mais le chemin l’un vers l’autre est difficile, qui sera aussi l’occasion de découvrir le pourquoi de ce costume de Carnaval porté hors saison de Carnaval… D’autres “masques”, rouges ou blancs, feront dans l’histoire de mystérieuses apparitions, accentuant cette impression de décalage et d’étrangeté ressentie par le spectateur. Entrera en scène, de façon récurrente et tissant l’intrigue, le troisième larron, le mari (Vincent Vermignon), responsable de cette tragique odyssée, un personnage terrible, et terrifiant, qui ne sera présent qu’en flash-back, d’abord par sa voix seule avant d’apparaître à l’image dans la mémoire blessée de Solange.
Trois thèmes me semblent sous-tendre l’intrigue : la recherche par sa fille d’un père démissionnaire ; les rapports au sein du couple quand l’homme pervers exerce son emprise sur la femme fragilisée ; l’intervention, dans la vie quotidienne et dans l’imaginaire guyanais, du magico-religieux, dont le lieu symbolique serait le cœur lourd de la forêt. Avec, pour toile de fond, un pays et ses problèmes, mais aussi ses particularités, ses richesses, sa culture et ses croyances.
Merci à Madiana et à Tropiques Atrium, associés pour nous offrir cette soirée, bienvenue et porteuse d’optimisme même si forcément masquée, prélude espérons-le à d’autres retrouvailles semblables… à condition que nous sachions éviter un nouveau confinement ! Et pour connaître mieux réalisateur et acteurs, on peut consulter ici la page Francetvinfo. (Janine Bailly)
Pour les prochains jours, le film est à l’affiche : Mardi 29 décembre à 16h30 et à 19h, Jeudi 31 décembre et Vendredi premier janvier 2021 à 19h.
Sur nos petits écrans : Spektak
Naissance d’une plate-forme digitale, Spektak, dédiée à 100% aux spectacles vivants caribéens, musique, danse, comédie, théâtre, stand-ups…
Parti de Guadeloupe, le projet se veut avant tout caribéen : il s’agit de proposer, sur un site internet, du contenu et de la visibilité aux artistes, musiciens, comédiens, réalisateurs, danseurs des Antilles (au sens large), l’objectif étant d’atteindre 150 heures d’ici la fin de l’année.
« Jusqu’ici, quand on cherchait nos artistes sur internet, ils étaient un peu dilués dans la masse. L’idée de Spektak, c’est d’apporter un contenu dédié aux spectacles caribéens et une couleur unique, que l’on retrouvera uniquement sur cette plate-forme », indique Thierry Galvany, producteur et réalisateur audiovisuel, à la tête du projet.
L’idée a germé avant la crise du Covid-19 et a pris forme dès le déconfinement. Grâce à un studio d’enregistrement en Guadeloupe, plusieurs artistes (Admiral-T, avec des groupes de Chanté Nwel, Krys, SOS Kantik…) ont déjà enregistré des spectacles en live.
Une équipe, en Martinique, a également commencé à enregistrer des spectacles dédiés. Au total, une vingtaine de personnes, entre la Martinique et la Guadeloupe – techniciens, caméramans, monteurs, directeurs artistiques, etc… – sont mobilisées sur ce projet.
Tous les contenus sont « responsive » (adaptables à tout écran) et jusqu’à la fin de l’année, accessibles à partir de 2 euros.
Et encore, du théâtre proposé par Tropiques Atrium Scène nationale : « Entends-tu ce que je te dis ? Kouté mwen titak ! »
Du 18 décembre 2020 au 30 juin 2021 : Voix croisées de Martinique et du Québec
Découvrez cette création, co-produite par le Nouveau Théâtre Expérimental et Tropiques Atrium, sur le web à l’adresse koute.net
Présentation : « Ça nous arrive tous de les croiser, de leur servir d’auditoire, d’interlocuteur·trice·s étonné·e·s dans une file d’attente, un abri d’autobus, sur une terrasse… Leurs propos semblent échevelés, fantasques, graveleux ou entêtants comme un disque qui saute ; par ici les épanchements, les revendications égoïstes, les théories du complot… et puis quoi encore!
Et voici qu’ils et elles prennent le crachoir ! Râleurs et râleuses de premier plan, en provenance de la Martinique et du Québec. Une même fureur de «dire» les habite, un même trop plein, les digues ordinaires ne tiennent plus ! Et puis, dans l’éclat un charme opère : une poésie sauvage émane des histoires qui se succèdent ; une parole déjantée distille de savoureux idiomes, lance des insinuations et des contresens qui réjouissent. Les langues, québécoises et créoles, se mesurent et se répondent en une danse sonore qui, loin de se contenter de râler, fait résonner un appel lucide au réveil, à la bienveillance dans un monde déboussolé. »
La pièce, qui devait être jouée sur la scène d’Espace Libre et en Martinique à l’automne 2020, a migré sur le Web en raison de la pandémie actuelle. Elle est disponible en visionnement gratuit depuis le 18 décembre… tout juste à temps pour le congé des Fêtes !
Bien plus que du théâtre filmé, Entends-tu ce que je te dis? Kouté mwen titak ! constitue une œuvre hybride et audacieuse qui croise théâtre et arts numériques. En complément, sur le site koute.net, une série d’entretiens vidéo intitulée Paroles des créateurs et des créatrices proposera une incursion dans la genèse du projet. Le public pourra y rencontrer les artistes de la Martinique et du Québec (metteur en scène, auteur.trice.s, musiciens, artistes visuels…) et en apprendre davantage sur la langue créole et le français québécois, leur usage et leur évolution dans les écritures théâtrales contemporaines.
Cinéma encore : En ligne en janvier, les web-conférences du Festival FEMI de Guadeloupe
À l’heure du digital, Céline Major, la nouvelle Déléguée générale du Festival régional et international du cinéma de Guadeloupe 2021, estime qu’il est temps pour le FEMI de s’imposer plus largement sur les réseaux sociaux : « Cette année j’organise des conférences en ligne pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, ils auront des contenus inédits via les pages consacrées au Festival sur les réseaux sociaux. »
Quatre web-conférences seront organisées, avec la contribution confirmée de producteurs et réalisateurs de Guadeloupe, de Martinique, d’Afrique et de France métropolitaine :
•08 janvier 2021 : Hommage à Osange Silou Kieffer : Le cinéma antillais et guyanais dans la diaspora.
•26 janvier 2021 : Le cinéma d’animation : l’avenir du cinéma caribéen ?
•27 janvier 2021 : Spéciale 25 ans : créer avec la Covid-19
•28 janvier 2021 : Les difficultés du métier d’acteur.
En conclusion… distanciation « sociale » ou « physique » sans nul doute, proximité tout de même, chaleur humaine garantie, liens toujours entre artistes et public, liens préservés et qui refusent de se rompre !